Honorer les hommes tombés n’interdit pas de faire effort pour penser l’histoire. Voilà pourquoi La faute à Diderot a mis en ligne pour le 6 juin une étude de l’historienne Annie Lacroix-Riz, Le débarquement du 6 juin 1944 du mythe d’aujourd’hui à la réalité historique, le témoignage de Roland Leroy, ancien directeur de l’Humanité, qui participa à la Résistance en Normandie, et un article de Bernard Frederick paru dans l’Humanité-Dimanche, Les enjeux politiques du débarquement.
En prélude à la lecture de ces textes, rappelons les propos de Roosevelt, cités par Frédéric Salat-Baroux, dans De Gaulle-Pétain : "Aujourd’hui Darlan me donne Alger et je crie : Vive Darlan ! Si Quisling me donne Oslo, je crie Vive Quisling ! Que demain Laval me donne Paris et je crie Vive Laval !". Frédéric Salat-Baroux poursuit plus loin : "Roosevelt considère qu’il faut soumettre la France libérée à une administration militaire alliée : l’AMGOT. La monnaie doit être émise par les Alliés. Il n’est pas question de restaurer le pays dans sa souveraineté avant des élections générales. Il est encore moins question de reconnaître un rôle quelconque à de Gaulle et au comité d’Alger. La doctrine américaine reste au fond celle du "Darlan Deal" : traiter au cas par cas avec les autorités administratives en place". S’il en fut autrement l’alliance d’alors entre De Gaulle et le PCF y fut certainement pour quelque chose...
Ainsi que le rappelle Bernard Frederick dans son article, au moment même où se déroulait la bataille de Normandie, l’essentiel des forces de la Wehrmacht subissait les assauts victorieux de l’opération Bagration déclenchée par l’Armée Rouge : « mais si les pertes allemandes pourraient bien atteindre un demi-million d’hommes tués, blessés, capturés au terme de six semaines d’affrontements, notons tout de même que, du 23 juin au 29 août 1944, les rangs soviétiques « s’éclairciront » tout de même de 178.507 morts, disparus ou capturés et de 587.308 blessés ou malades », écrit Nicolas Bernard dans La guerre germano-soviétique à propos de cette offensive.
Le soldat Ivan a sans doute sauvé le soldat Ryan.
Eric Le Lann