Alice nous est familière essentiellement dans sa version popularisée par les Studios Disney et ses multiples produits dérivés, copiés, parfois détournés, explorant tous les genres littéraires et cinématographiques. Pourtant, le personnage d’Alice créé par Lewis Carroll (1832-1898), de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson est d’une autre trempe que le personnage conçu par Disney, plus riche, plus complexe, plus sombre parfois.
Patrice Allart nous invite à passer de l’autre côté de ce miroir pour découvrir cette Alice originelle et tout ce qu’elle a suscité ou engendré en ses multiples versions.
La situation de handicap née de son bégaiement pesa sans aucun doute sur le destin de Lewis Carroll et sur sa vocation d’auteur. Il ne bégayait plus avec les enfants et leur racontait volontiers des histoires. Alice est née de ce lien privilégié avec l’enfance.
Plusieurs versions orales puis écrites conduisent à la version publiée en 1865 par Mc Millan. Une première version rédigée avant été offerte par Charles Lutwidge Dodgson à Alice Liddell en 1864. La première traduction française destinée aux enfants sort en 1869 mais ce sont les surréalistes des années 1930 qui pousseront pour des traductions élaborées et complètes.
Le personnage d’Alice reviendra bien souvent dans la vie de Lewis Carroll et finalement imprégnera notre culture et nos imaginaires.
« En cent cinquante années d’existence, écrit Patrice Allart, le personnage imaginé par Charles Dodgson n’a jamais perdu de sa popularité (les bibliographies et filmographies en annexes le prouvent, et, depuis les années cinquante, Alice est un personnage récurrent des animations des parcs Disney), mais les deux films de Tim Burton l’ont rendu encore plus à la mode. Beaucoup d’anthologies consacrées à Alice et Wonderland sont parues dans la foulée, et, du point de vue qualitatif (qui peut souvent se mesurer à l’importance de l’éditeur ou la notoriété de l’anthologiste), cela va de celle réunissant les signatures les plus respectées pour un éditeur bien connu jusqu’à celles diffusées confidentiellement sur Internet. »
Alice fait et fera longtemps partie de nos vies. Patrice Allart nous dit de quelles manières, en quels styles et surtout avec quels effets, au fil des chapitres : Lewis et Alice - Freud visite Alice - Alice et réalisme, plus noir que vous ne pensez - Alice au pays des horreurs - Alice Ailleurs et Demain, science(-fiction) plutôt que fantasy - Alice habite ici et elle a vieilli - Dorothy ose - Les Enfants de Nulle Part et Ailleurs - Alice et Dorothy, héroïnes d’un multivers de super-héros - Quand Fables et Merveilles s’invitent parmi nous.
L’immense érudition de Patrice Allart se met au service des multiples facettes d’Alice, de ses clones, notamment Dorothy, ou d’autres enfants qui éveillent comme Peter Pan, et des univers multiples dont ils sont les héroïnes et les héros, souvent décalés, non-conformistes, aussi inattendus qu’attachants.
Les nombreuses bibliographies thématiques et filmographies, particulièrement exhaustives, rassemblées en fin d’ouvrage, viennent renforcer un travail remarquable de près de six-cents pages. Suivre Alice ou ses semblables de l’autre côté du miroir, dans des mondes imaginaires ou quelque pays des rêves nous permet de mieux nous connaître et de nous libérer du carcan des préjugés communs qui nous empêchent de prendre notre envol.
« Et à notre tour, dit Patrice Allart, nous allons prendre la même route au cours de ce livre, celle que nous prenions lorsque nous étions enfants, avant d’oublier comment l’emprunter en devenant adultes : difficile de semer des cailloux ou des miettes de pain sur ces routes-là ! »
Alice, Dorothy et autres voyages au-delà du miroir
Patrice Allart
Editions de L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France – www.oeildusphinx.com