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Anthologie « Cinq poètes syriennes », « Poésie syrienne contemporaine » de Saleh DIAB
Lucien Wasselin recommande ces deux ouvrages sur la poésie syrienne

Anthologie « Cinq poètes syriennes »


Difficile de ne pas remarquer cette mince plaquette anthologique car elle est imprimée en noir sur papier rouge. Cinq poètes contemporaines et syriennes sont représentées par un poème : toutes vivent ou ont vécu en Allemagne, sauf une… qui a vécu en France où elle est décédée des suites d’un cancer en août 2017. Rouge comme le sang qui coule en Syrie actuellement avec Daesch qui se distingue par sa cruauté et Bachar el-Assad qui écrase son peuple avec la même cruauté. Curieusement (?), ce sont des poèmes traversés par les chats (est-ce à cause de la chatte du prophète Salomon ?) ou par l’amour ou la cruauté (l’exact envers de l’amour), le dernier de ces textes (celui de Fadwa Souleimane) qui est un poème de combat : est-ce parce qu’elle fut révolutionnaire et pacifiste ? Décidément, j’aime la calligraphie de ces textes… A lire absolument !

Les fruits de l’obscurité (anthologie de cinq poètes syriennes : Lina Atfah, Rasha Habbal, Widad Nabi, Maha Becker, Fadwa Souleimane). 16 pages, 7 euros, sur commande à L’Atelier de l’Agneau. 1 moulin de la Couronne, 33220 St-QUENTIN-de-CAPLONG.

Saleh DIAB : « Poésie syrienne contemporaine ».


Le prière d’insérer présente ainsi le livre : « Cette anthologie bilingue est un panorama de divers courants qui ont agité le mouvement moderniste, non seulement de la poésie syrienne, mais aussi de la poésie arabe dans son ensemble, du début du XXème siècle à nos jours ». Vingt-sept poètes se partagent l’ouvrage. Dès le début de son introduction, Saleh Diab note : « La poésie syrienne a toujours été indissociable de l’histoire de la modernité de la poésie arabe écrite dans l’ensemble des pays du Moyen Orient » (p 7). Les frontières fluctuant à cause de l’Histoire, le pays tel que nous le connaissons n’a pas toujours existé… L’anthologiste considère donc comme poètes syriens « les poètes nés d’un père et d’une mère nés ou ayant vécu sur le territoire de la Syrie de l’Indépendance (1947 à 2012) et d’expression arabe » (idem). La poésie arabe recouvre trois types de poèmes, nous dit Saleh Diab : la poésie verticale (ou poésie classique), la poésie libre et le poème en prose ; mais cette distinction ne correspond pas à celle qui a cours ici et maintenant. Si le modèle de la poésie classique est aujourd’hui minoritaire, la poésie dite libre ne correspond pas à la poésie libre d’expression française : la poésie libre syrienne (avec la coloration qu’on lui connaît) ne s’est pas « totalement libérée de la poésie arabe classique » (p 9). Le poème en prose se réfère lui, « à tout poème dépourvu de rime et de mètre » (id) ; on le voit, les choses ne sont pas simples… Ceci dit, l’anthologiste présente bien l’ensemble de la production poétique dans la Syrie du XXème siècle. Autant que je peux en juger…

L’introduction est éclairante par sa diversité. Il serait vain de chercher à appliquer la grille de lecture de la poésie française actuelle. Mais Saleh Diab note : « On a commencé à apprécier la poésie à l’aune des textes traduits et non pas des textes de poésie classique arabe … » (p 13). Il est difficile de se repérer dans le champ ainsi défini, d’autant plus que les gouvernements occidentaux ont joué un rôle néfaste dans la situation géographique et politique de la Syrie mais aussi que les Syriens ont suivi de près en adhérant aux soubresauts de cette partie du monde…

Restent les poèmes de cette anthologie. Ne maîtrisant pas l’arabe, je me permettrais de donner mes préférences sur les traductions en privilégiant la connaissance que j’ai de la poésie d’expression francophone.
Ceci dit, mes goûts vont vers :
- ‘Urkhân Muyassar pour son attirance vers le surréalisme ;
- Nizâr Qabbâni (sa poésie amoureuse ) ;
- Adonis, bien connu en France, pour sa poésie de la voyance ;
- Muhammad Al-Mâghût (sa peinture de la quotidienneté et son sens de la révolte) ;
- Sanyah Salih (son romantisme échevelé) ;
- Nazîh ‘Abû ‘Afash (son absurdité de l’existence et sa poésie du quotidien qui décrit la misère des hommes mais qui ne désespère pas de sa bien-aimée) ;
- Bandar ‘Abd Al-Hamid (son esthétique du quotidien, pour ses trois vers « la démocratie est une élection / pour choisir le général / sultan à vie » (p 213) et pour son poème « Le verdict de la justice » ) ;
- Riyâd As-Sâlih Husayn (sa simplicité et sa tonalité émotionnelle) ;
- Husayn Bin Hamzah pour sa langue limpide ;
- et enfin, ‘Umar Qaddûr (son poème « Photographe » et les suivants)…

La tentation politique, qui permet une action immédiate, est présente chez ces poètes qui adhèrent brièvement à certains partis politiques dont le Parti Communiste ; ils ont lu, pendant cette période, Maïakovski, Ritsos, Hikmet et quelques autres, ce qui a laissé des traces dans leur écriture…

Saleh DIAB : « Poésie syrienne contemporaine », anthologie. Le Castor Astral éditeur, 368 pages, 20 euros. Avec le soutien du CNL. (En librairie ou sur commande).


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