L’ouvrage s’ouvre sur un avant-propos, où l’on apprend que Florian Gulli est directeur de l’Université permanente, (c’est à ce titre qu’il faut lire absolument les deux premiers paragraphes dans lesquels il essaie de définir l’expression université permanente, (page 5) en ayant recours aux concepts de Marx et de politique… L’évidence est de remettre en perspective la notion de marxisme avec l’éducation populaire(p 6).
Le propre du texte de ce livre est d’être un montage de textes différents : je m’explique. Le texte qui ouvre la causerie, qui s’est tenue dans les locaux de la dite association, est un entretien entre Hubert Juin et Aragon, il se continue par le corps de l’exposé intitulé Aragon stalinien ? Mythe ou réalité. C’est en toute confiance qu’Aragon décide d’adhérer au Parti communiste, par pacifisme. Pour ce, Bernard Vasseur cite Aragon parle avec Dominique Arban [1], Les Poètes, Les Yeux d’Elsa [2] ou Blanche ou l’oubli [3], « Comment, comment pouvons-nous supporter le monde tel qu’il est » [4]. La politique communiste vise à réaliser une commande sociale et à écrire une page nouvelle de l’histoire humaine (p 19). Bernard Vasseur ne manque pas de relever le nombre de révolutions populaires noyées dans le sang (p 24) : on ne s’étonnera pas qu’Aragon ait soutenu la Révolution d’Octobre… Mais arrivent les années 1936-1938, celles des grandes purges de Moscou (Bernard Vasseur l’affirme). « Il s’agit de fabriquer pour l’opinion publique des saboteurs, des ennemis, des vendus à l’étranger, des terroristes, bref des responsables de tous les maux quotidiens qu’endurent les peuples soviétiques » (p 25, note 6). Si vous comprenez bien, on voudrait faire une leçon de morale à Aragon. Bernard Vasseur met en évidence que la taille du pays y est pour quelque chose (p 27) ou son entourage ou l’action des chefs locaux… Ou la prudence d’Aragon à l’égard de Lili Brik (« Parler trop fort à leur retour en France (à Elsa et à Louis) de ceci ou cela qui leur ne plaît pas en URSS, leur est interdit : cela pourrait mettre Lili en difficulté et la conduire à la mort » (p 29), dont le général Primakov, son nouveau compagnon après le suicide de Maïakovski, a été condamné à mort, ou la victoire de Stalingrad ou le plan Marshall craignant que « la détresse des populations occidentales ne fasse le jeu des communistes » (p 36) : bref la bataille idéologique fait rage ! Le premier voyage en URSS date de 1936, le deuxième de 1945 seulement : Il faut lire soigneusement les pages 38 à 56, note 37 comprise, note 46 également comprise.
Le livre se termine par une bibliographie sommaire qui a servi à ce livre et deux appendices (le premier est un entretien publié dans L’Express du 20/09/1071, intitulé Aragon et le stalinisme, et le second un poème extrait des Poètes : Safar II. Ce petit livre, par le nombre de pages, contribue beaucoup à modifier le mythe de l’Aragon stalinien.
Bernard VASSEUR : « Aragon, stalinien ? Mythe et réalité ». HD éditions, 70 pages, 15 euros. En librairie.