Heureux l’être qui parvient à l’essence sexuelle, sans peur ni retenue, cet être-là échappera à la vulgarité et touchera à « l’accord parfait » ciblé par Jehan Van Langhenhoven. Avec ce Traité d’onanirisme à usage de celles qui ont perdu la mémoire, Van Langhenhoven - cet écrivain que l’on classera définitivement sous l’étiquette du surréalisme le plus pur - délivre un récit où, à l’image de la vie, intrigue et message ne font qu’un. Dans le Paris-Milan, la proximité d’« une ample crinière blonde disposée en chignon, un regard distant offert à la fenêtre, des mains aux ongles vernis d’un fort beau carmin négligemment posées sur les accords », déclenche l’émoi poétique du narrateur qui s’attache à restituer l’état d’onanirisme, fusion de l’onanisme et de l’onirisme qui résume si bien, in fine, l’humaine condition. Quoi de plus vraie que cette attention à l’autre, que cette quête d’amour appuyée sur cette affirmation, valable pour les deux sexes, consistant à désigner à la manière d’un Diderot, par exemple : « les parties génitales comme autant de fragments incontournables du grand texte clandestin de la vie. » Rappelant par-là que la chair s’est faite verbe.
Traité d’onanirisme à usage de celles qui ont perdu la mémoire, Jehan Van Langhenhoven, Edition Douros, 48 p, 16 euros.