Notre monde contemporain et occidentalisé à outrance, est un monde en pleine effervescence. L’ébullition, lot quotidien de chacun, est un plat sacré, une hygiène de vie. Le temps nous est compté ! Il s’agit donc de vivre intensément. L’excitation, l’agitation, l’exaltation sont permanentes. Nombre de philosophes, dont Peter Sloterdijk [1], ont dénoncé ce phénomène de masse, digne du pire totalitarisme. Terrible fatalité ? Tragique destinée humaine ? Et bien voilà ! Dans le brouhaha excité, et le concert infernal conté par des fous, il existe un autre registre de réflexion, une autre approche du monde, celle précisément du philosophe Nicolas Grimaldi qui, par une belle réflexion sur l’existence, nous offre une méditation autour de la vie, du temps, de la mort, de l’ennui, de l’attente, et précisément de la banalité.
N’avez-vous donc jamais ressenti le douloureux sentiment d’être passé à côté de votre bonheur ? N’avez-vous jamais subi l’indicible souffrance d’avoir vécu pour rien, vous disant secrètement que votre vie était un échec, et que vous ne trouviez plus la vitalité nécessaire pour sortir de la paralysie ? N’avez-vous surtout pas cette étrange impression d’attendre quelque chose, sans savoir exactement ce que vous attendez, et surtout d’être en permanence dans cet état d’attente ? Voilà alors que vous êtes mûrs pour lire Nicolas Grimaldi, contre votre époque, contre les modes, et contre vous-même ! Le dictat du temps nous commande de nous divertir, de nous oublier dans la consommation, et de nous détourner de notre condition de mortels. Le roi sans divertissement ferait face à sa condition la plus misérable : faire cette expérience de l’attente. Une attente dénoncée, non sans ironie, par un Samuel Beckett ironique dans En attendant Godot : la mort ! Cette attente qui trouve tout son sens dans l’expérience du temps. Qui se caractérise par l’existence. Et qui présuppose l’imagination. « Quelles expériences plus banales peut-il y avoir que celles que nous avons spontanément du temps et de la vie ? » écrit très sérieusement Nicolas Grimaldi dans la Préface de l’un de ses ouvrages [2]. La vie ! Cette vie que l’on ressent en nous à partir de notre exposition à la mort, et qui se découvre grâce à notre expérience du temps et de l’attente.
Car, telle est l’origine de notre souffrance. Nous éprouvons souvent la douleur d’avoir à affronter un sens de la vie décalé, incompréhensible, déboussolé. Happés que nous sommes par un constant divertissement, lorsque nous n’avons pas cédé, pour préciser le sens de notre vie, au spectacle constant de la société, occupés à réussir, à sacrifier notre existence à l’image que l’on complotaient d’en donner aux autres. La vie, par là, nous échappe, et son sens aussi. « Politicien en vue, acteur célèbre, avocat mondain, patron de presse, tous étaient otages de leur succès. Au point de n’avoir jamais pris dans leur vie une seule initiative qui ne leur eût été dictée par le souci de leur réussite, ils ne s’appartenaient pas [3]. » Acharnés à relever des défis, ignorants de ce que nous aimons ou auraient aimé, cette lutte à mort des consciences, cette perte d’énergie et de soi sur le théâtre de la reconnaissance sociale, représente la fuite même de cette double expérience de la vie : c’est-à-dire, une double expérience du néant de notre propre vie. Celui d’avoir imaginé être vu ; celui d’avoir gâché sa vie à poursuivre un fantasme. De cette déficience ontologique, cela nous engage parfois à dire de notre vie « que ce n’est plus une vie [4] ». Mais entre deux ordres différents, celui de la représentation et celui de la vie, nous cherchons à être vus, mesurant l’existence de chacun « à son importance et son importance à la hauteur de la situation qu’il occupe. Esse est percipi. Plus on croit donc obséder le regard ou la considération d’autrui, plus s’en persuade-t-on d’exister [5] ».
Et si « nul n’existe […] qu’autant qu’il occupe la conscience des autres [6] », nous ne parvenons que rarement à voir qu’il n’y pas plus inconsistante, éphémère, superficielle ou fallacieuse vie que celle qui consiste à exister dans l’imagination d’autrui. Et voilà que le terme est lâché ! L’imagination ! L’imagination : l’axe même de toute vie. L’imagination, cette « reine des facultés [7] » qui ne l’est que parce qu’elle semble « nous livrer un royaume où il n’y a rien qui ne soit à notre convenance et à notre merci ». Quand le présent nous oppose sa résistance, par l’imagination, l’avenir nous semble plus proche de ce que nous souhaiterions. Le sentiment de spontanéité, d’activité ou encore de liberté que nous ne pouvons trouver dans la nature de la vie qui est la banalité même, nous la recherchons alors dans l’imaginaire, dans l’expérience du désir, dans le jeu de miroir avec chacun. Contrairement à la réalité, « il n’y a rien de plus dans ce que j’imagine que ce que j’y mets [8] ». L’imagination comme trouble de la perception. L’imagination surtout comme illusion qui bouleverse autant qu’elle sauve nos vies de sa plus plate banalité, de sa plus tragique finalité déceptive.
Alors pour faire le contrepoids, citant Husserl, Nicolas Grimaldi invite la (ou sa) philosophie à faire « vœu de pauvreté [9] ». Car, allons !! Cette philosophie si présomptueuse, qui s’était autrefois voulue Reine des sciences, selon la formule même d’Aristote, il faut désormais la « dépouiller de son savoir sur les choses », et la pousser « à se réduire à la compréhension originaire qu’a toute conscience de son rapport avec le monde ». Ce ne sont pas les systèmes d’opérations et de représentations construits par les sciences qui nous révèleront notre rapport au monde, ce rapport avec le monde, principalement tourné vers notre expérience du désir, - désir qui, insatiable, ne se résume finalement qu’à une surenchère infinie, poursuivant une satisfaction qui sera toujours vaine, puisque dans notre quête nous confondons presque toujours l’objet du désir avec son moyen – mais une connaissance spontanée et profonde de la banalité de notre réalité.
La banalité même de l’existence se trouve certainement à la fois dans sa finitude et sa dimension déceptive. Quand on compare à l’absolu auquel l’imagination peut toujours aspirer, toute ambition, tout désir est irrémédiablement déçu au moment même où il se réalise. « Ceux qui, par imagination épique, avaient choisi d’être militaire, n’avaient imaginé ni la vie de quartier, ni le tableau d’avancement, ni ses intrigues, ses influences, ses traquenards [10] ». L’objet du désir nous échappe systématiquement. D’abord parce que désirer c’est toujours tendre vers quelque chose que nous n’avons pas. Or, si nous l’obtenons, il y a déception ; si nous ne l’obtenons pas, frustration. Mais voilà ! L’homme, cet irrémédiable être de désir, ne saurait faire sans ce dernier. Tyrannique désir ! Désir confus qui, par l’imagination, « met l’effet dans la cause, l’avenir dans le passé, puis le passé dans l’avenir [11] ». C’est parce que l’homme veut fuir la douleur et la souffrance de l’attente, l’attente qui « est la conscience même [12] », qu’il fait en définitive l’expérience du désir, ou plutôt du désir de désirer, désir fatal car, comme je viens à peine de l’écrire, soit satisfait et déçu, soit insatisfait et frustré. Cette évocation de la finalité même du désir est cruelle et définitive : car d’abord, l’avenir, au moment même qu’il se réalise dans le présent, perd de son prestige, et par ailleurs, le caractère essentiel de la conscience est d’être « séparée de son objet [13] ». Alors que faire devant la nature paradoxale du désir ? Et bien rien ! « Sans désir, en effet, le temps s’étiole, toute chose devient insipide, et la vie se flétrit [14] ». Derrière la course du désir, se profile l’ennui. « L’ennui et la solitude absolue ». C’est donc l’aliénation au désir, ou la solitude de l’ennui. Pas d’autre alternative ! Terrible destinée que la destinée humaine ! Car en fait, « le propre du désir est d’être séparé de ce qu’il tend ». Nous faisons alors connaissance, dans l’attente que nous impose le désir, à sa nature contradictoire : souffrir d’attendre, ou souffrir de n’avoir plus rien à attendre. C’est donc avec quelque accent schopenhauerien que Nicolas Grimaldi analyse l’existence prise dans les entraves du désir. « Le désir est en nous l’attente que la vie à d’elle-même, et son impatience de sentir toujours plus intensément sa propre vitalité [15] ». Cette expérience du désir, partagée par tous les hommes, au même titre que l’expérience de la vie, place l’attente au centre même de notre existence, comme si celle-ci, n’avait pas d’autre finalité que l’attente même. N’est-ce pas Dostoïevski, cité d’ailleurs par Nicolas Grimaldi, qui écrit dans Les possédés, que « tout le monde attend » ? Oui ! Voilà la nature même du piège ! Derrière l’attente ne se profile rien d’autre que l’attente. Et au fond, attendre Godot est moins grave que rencontrer Godot ! Imaginez juste ! « Mourir, c’est s’attendre à mourir. Mais s’attendre à mourir, c’est ne plus rien attendre. La mort à la première personne est donc non pas un fait mais l’expérience de ce qui est révolu, de ce que l’échec est irrémédiable, et de ce que notre moi n’est qu’un souvenir déjà presque entièrement effacé [16] ».
Mais au fond, qu’est-ce que l’attente ? Et bien c’est l’objet même par lequel nous faisons l’expérience du sens originaire du temps : car, « l’attente n’est autre que la conscience que la vie a d’elle-même en se sentant toute tendue vers l’avenir, comme si elle s’étirait et se distendait en durant [17] ». Donc, résumons. Le temps, c’est la durée. La durée c’est l’attente. Aussi, pas d’attente, pas de durée ! Pas de durée, pas de temps ! De cette équation, chaque vie, prise entre l’attente et les jeux avec l’imaginaire, est vie avec la mort. « Avoir conscience, c’est attendre [18] ». Or, cette conscience réfléchie qui se saisit comme être en attente, et tout autant une conscience qui se saisit comme être pour la mort. « L’idée de notre mort ne cesse […] d’accompagner notre vie. Nous vivons avec elle ». Le sens de la vie est étroitement lié à la révélation de la mort proche. Quand soudain, nous ressentons le gouffre de la mort s’ouvrir à nous, tout ce qui, jusque là, attachait toute notre attention, toute notre énergie, parfois toute notre vanité, et que nous nous épuisions à rechercher, « paraît plus même mériter un regard [19] ».
Mais là est bien peut-être tout le souci. Sommes-nous seulement capables de tenir la douleur de l’attente de notre propre mort ? L’attente c’est l’aspiration au devenir. Antérieure à toute expérience, elle est transcendantale. Originaire à l’expérience de la vie, l’attente est le souffle et le sens de la vie. Certainement la seule et unique raison pour laquelle le bonheur est un malheur ! Oui ! Nicolas Grimaldi l’écrit d’ailleurs en substance : « Il y a donc un véritable malheur d’être trop heureux [20] ». Point là de provocation gratuite ! Car en effet, pas d’attente signifie pas de devenir. Sans tension vers l’à-venir, notre vie est soudain transformée en un « insupportable ennui » dont on est prêt à n’importe quoi, « pourvu que ce soit autre chose », afin de « lui échapper ». Car voilà ! « Ce sont bien les diverses modalités de l’attente qui gouvernent notre relation avec le monde, c’est aussi l’attente qui nous maintient toujours séparés et toujours à distance, au point de nous faire paradoxalement éprouver que nous y sommes et que nous n’en sommes pas [21] ». Reprenant l’argument pascalien de l’inquiétude qui étreint le monde, Nicolas Grimaldi assoit sa magnifique analyse de l’existence et de son lot commun, en montrant que si la vie n’est que spontanéité, spontanéité au présent, nous sommes véritablement obsédés par l’avenir, au point qu’une fois notre vie réconciliée avec le présent de la vie, au moment de la maladie ou de la mort, nous nous demandons comment nous avons pu être si futiles pour gaspiller notre vie « à attendre au lieu de nous émerveiller de ce qu’elle offrait [22] ».
Cette expérience banale de la temporalité et de la durée, de notre attachement à la mort, de l’attente comme seul sens de la vie, réduisant par là le bonheur à une attente du bonheur, cette redoutable analyse de la vie qui nous éloigne définitivement à la fois de l’amour de l’autre, réduits que nous sommes à être aimés de quelqu’un qui ne nous connaît pas, à désirer le désir de l’autre dans un processus sans fin de captation des regards, de séduction, et de luttes acharnées des consciences pour obtenir la reconnaissance, nous la faisons au quotidien au moment précis où nous avons acceptés les leçons mêmes de la vie. La vie collective. D’où ce terrible piège tendu à l’individualisme forcené : que nous disposions du temps d’autrui, de son attention, de sa complaisance, de son savoir-faire, « nul ne peut jamais être assuré de s’être en même temps procuré [son] estime ou [sa] considération [23] ». Le désir social, comme tout désir, dont la caractéristique même c’est de posséder « tous les caractères du mauvais infini [24] », c’est de renforcer notre solitude à tendre systématiquement à mettre fin à celle-ci. Ne nous comprenant pas nous-mêmes, impossible d’être compris des autres. Comment obtenir alors la moindre reconnaissance de notre moi, caché du monde, sujets solitaires à jamais méconnus ? Et même dans l’amour… tout nous sépare !
Le désir est insatiable, l’ennui est la solitude absolue. Non ! Il ne s’agit pas de dresser un portrait amer de la banalité, d’en faire un traité insipide, mais bel et bien un éloge. Eloge de la banalité ? Oui ! Définitivement ! Dessiner une belle réflexion, une claire et simple leçon de vie, afin de la « vivifier ». Vivifier la vie dans ce qu’elle représente de plus magique, de plus magnifique ! Alors que l’individualisme social pense contre lui-même, la vie, elle, je l’ai écrit plus haut, est collective. « Alors que le propre de la vie est que nulle partie de l’organisme ne puisse vivre sans toutes les autres, l’individualisme ne manifeste-t-il pas en chacune l’obsession de s’affirmer aux dépens de toutes les autres ? Car l’individualisme est aussi sociable qu’insociable. Ne pouvant rien sans les autres, il ne fait cependant rien que contre eux. En ne cherchant qu’à les attirer, il ne vise qu’à s’en séparer [25] ». La vie est un processus d’accomplissement et de devenir. L’humanité s’accroît par l’élan vital de la vie elle-même. Nul besoin de l’individu ni du travail de l’individu pour que la vie s’accomplisse. Elle s’accomplit inconsciemment et se caractérise autant par son adaptation que par sa reproduction. L’individualisme alors, par son égoïsme et son égocentrisme, va à l’encontre de ce processus vital en s’affirmant au dépend de la vie.
Mais de cela, nous sommes tous dupes, tant notre vie « est-elle tout entière dominée, gouvernée, hantée par l’imaginaire [26] ». Nous ne sommes jamais en phase avec le réel. Donnant arbitrairement un sens ou une valeur issue de notre plus pure imagination à quelque objet que ce soit, et puis faisant ensuite semblant que cette valeur est l’essence même de l’objet, nous nous illusionnons nous-même sur la véritable valeur des choses que nous chérissons, dupes d’un jeu auquel nous nous prêtons bien malgré nous. N’est-ce pas Spinoza qui se demandait si nous aimions une personne parce qu’elle était aimable, ou si cette personne était aimable parce que nous l’aimions ? Le caractère le plus fondamental et le plus paradoxal donc du jeu c’est que nous nous y prêtons car c’est le propre même du jeu lui-même. Jouer ou croire jouer, le rêve et le jeu se distinguent de par un espace d’irréalité différent, mais sont tous deux constitutifs de notre réalité. Il n’y en a pas d’autre. L’imagination est alors la source même de toutes les erreurs, de toutes les interprétations que nous faisons de la réalité, qui ne se donne jamais à connaître, dans son essence même, toute entière dénaturée par une imagination qui nous fait « éprouver les situations que nous jouons plus pathétiquement et plus intensément qu’aucune autre dans la réalité [27] ». Certes, nous sommes tout à faits libres de ne pas rentrer dans le jeu. Mais une fois entrés, pris au piège du jeu, nous ne sommes plus libres d’en sortir. Pris au jeu, nous sommes alors pris par le jeu, et prisonniers, il est extrêmement difficile de se sortir du jeu qui n’existe que par le plaisir que nous prenons à le jouer. Pourquoi ? Réponse de Nicolas Grimaldi : « Car le jeu est pour [nous] une thérapie métaphysique de l’existence, une manière de défier symboliquement la mort en remettant sa vie en jeu [28]. » Il nous faut donc reconnaître cette irréversible imbrication entre la mort et la vie. Et leur lien commun qui se constitue du désir. Désir dans toutes ses formes contradictoires et illimitées. Désir dans sa finalité même dont la résidence est cette promesse jamais tenue. Désir en ce qu’il représente cet événement ultime auquel l’homme s’attache afin de consacrer ou justifier sa vie. Or, vivre, c’est précisément, attendre, désirer, se confronter au hasard et aux aléas de l’avenir et du temps, c’est vivre « la plus pure intensité des évènements et des situations qui n’existent que dans notre imaginaire [29] ». Vivre, c’est s’ouvrir à l’événement inattendu, vivre l’instant présent, dans sa plus belle magnificence. « Vivre, c’est vivifier. Parce que la vie est comme une énergie, un flux, ou un rayonnement, on sent d’autant plus ce qu’on a reçu qu’on se sent le communiquer davantage [30] ».
Cet article est paru dans les Carnets de la philosophie, n°3, Avril-mai-juin 2008
[1] Avec ses ouvrages La mobilisation infinie, ou Essai d’intoxication volontaire, en autres.
[2] Traité de la banalité, Paris, PUF, 2005, p. 8.
[3] Ibidem, p. 251
[4] Ibidem, p. 252.
[5] Ibidem, p. 255.
[6] Ibidem, p. 256.
[7] Nicolas Grimaldi, Bref traité du désenchantement, Paris, PUF, 1998, Le livre de poche, 2004, p. 7.
[8] Ibidem, p. 41
[9] Traité de la banalité, op. cit., p. 7.
[10] Bref traité du désenchantement, op. cit., p. 60.
[11] Ibidem, p. 62.
[12] Traité de la banalité, op. cit., p. 95.
[13] Bref traité du désenchantement, op. cit., p. 67.
[14] Traité de la banalité, op. cit., 123.
[15] Ibidem, p. 124.
[16] Ibidem, p. 231.
[17] Ibidem, p. 31
[18] Ibidem, p. 229
[19] Ibidem, p. 248.
[20] Ibidem, p. 136
[21] Ibidem, p. 129
[22] Ibidem, p. 133
[23] Ibidem, p. 119.
[24] Ibidem, p. 118.
[25] bidem, p. 85
[26] Ibidem, p. 145
[27] Ibidem, p. 185
[28] Ibidem, p. 225
[29] Bref traité du désenchantement, op. cit., p. 92.
[30] Traité de la banalité, op. cit., p. 291.