Une fois refermée La Guerre littéraire, on comprend pourquoi son auteur, Didier Jacob, chroniqueur littéraire au Nouvel observateur, a choisi comme sous-titre : critique au bord de la crise de nerfs. Il y a vraiment de quoi ! Mais point d’esprit chagrin, car avec La Guerre littéraire, sélection de chroniques, Didier Jacob fait un bien fou à la littérature. La vraie ! Action suffisamment rare venant d’un critique littéraire pour être signalée. D’autant que Jacob opère avec alacrité, légèreté, et efficacité. Comment ? En faisant tout simplement son boulot de critique. Et on relit avec lui et on s’exclame : oh non, c’est pas vrai ! Mais si, c’est bien vrai, « cet étrange pays de Saint-Germain des prés », qui s’arroge et s’octroie, par médias interposés, le beau titre de lettres françaises.
Dans le désordre, Angot, Florian Zeller, BHL, Yasmina Reza, Villepin et Beigbeder (mention spéciale), Ô Lamassoure, Dominique Bona et Françoise Chandernagor, l’Académie française, Attali, Sagan, Léotard François, Onfray, Benamou et Finkielkraut, Muray et JF Kahn, etc…, bref, n’en jetez plus, la cour est pleine ! Oui, pleine de ce « littérairement correct prospère » de « nos intellos, ces maîtres causeurs qui inondent de leur style à jabot et de leurs idées creuses les colonnes de journaux et les plateaux de télévision – caste intouchable dont la nullité transpire pourtant, à chaque intervention, à chaque publication ».
Ah, j’oubliais Guillaume Durand sous le regard de Samy Frey « mélange de mépris absolu et de douce mansuétude pour l’animateur incompétent », Guillaume Durand « veste de smoking, mais sans chaussettes qui la joue cool Raoul ».
Et puis, notre Président aussi : « Sarkozy avoue cependant un penchant pour Céline. Céline, c’est l’auteur qui vient sur la langue quand on lit un livre tous les vingt-huit ans. « Il possède ses œuvres complètes dans la Pléiade. Souvent, elles l’accompagnent dans ses déplacements lointains » (Match). Seul problème, les œuvres complètes de Céline dans la Pléiade, ça n’existe pas. »
La Guerre littéraire contre les faux-semblants littéraires ou intellectuels et autres « foutages de gueule », un livre à mettre entre toutes les mains. D’urgence.
Didier Jacob – La Guerre littéraire – Critique au bord de la crise de nerfs. – Ed. Héloïse d’Ormesson – 220 p – 18 euros.