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Dictionnaire du Monde Perdu, de Lauric Guillaud
Le conseil de lecture de Rémi Boyer

Très attendu, voici enfin le Dictionnaire du Monde Perdu de Lauric Guillaud dans une très belle édition en couleur, couverture rigide.

Nos rêves et aussi nos cauchemars puisent, souvent à notre insu, dans les mondes imaginaires, peuplés de créatures parfois étranges, nés il y a des siècles (déjà Platon avec l’Atlantide), mais qui s’épanouirent surtout dans la culture anglo-saxonne à partir du XIXe siècle jusqu’aux années 1930, grâce aux romans, aux fanzines et bien sûr au cinéma. Lauric Guillaud explore ce thème depuis ses années d’études universitaires, son travail, passionnant, est rigoureux, précis et particulièrement étayé. Il couvre la période allant de 1864, date de parution de Voyage au Centre de la Terre de Jules Verne, aux années 30, marquées par le célèbre film King-Kong, Les Montagnes Hallucinées de Lovecraft ou encore la naissance chez R. E. Howard, du héros Conan, toujours bien vivant.

« Même si quelques romanciers, écrit Lauric Guillaud, se sont efforcés, dans les années 40 et 50, de freiner le déclin des mondes perdus, il n’en demeure pas moins que les années 1930 sonnent le glas d’un genre littéraire qui voyait les héros de la civilisation moderne fouler aux pieds les vestiges anachroniques d’un peuple survivant selon les lois mystérieuses de quelque ordre primitif, vénérant des dieux ou des dragons d’un autre âge. Alors que les années 30 sonnent également le glas d’une humanité qui ne croit pas au risque de guerre, elles suscitent dans le même temps un revirement de notre thème qui voit les forces souterraines et obscures déferler vers la surface et menacer notre rationalité. Etrangement, dans leur solitude, Howard, Smith et Lovecraft façonnent des créatures des ténèbres ou des divinités païennes issues de plus anciennes mythologies, au moment même où l’Allemagne verse dans le totalitarisme. »

Nos imaginaires en disent parfois beaucoup plus sur ce que nous sommes, nos peurs et nos aspirations, que les discours rationnels. Plus près de ce début de millénaire angoissant, Dune ou Mad Max, paraissent traiter de futurs de plus en plus vraisemblables. Le prochain monde perdu pourrait bien être le nôtre. Nous avons beaucoup à apprendre de ces genres qui révèlent ou explorent nos zones d’ombre. L’altérité est ainsi l’un des fils conducteurs du genre, peur de l’autre et désir de l’autre.

Lauric Guillaud distingue quatre catégories dans les romans du monde perdu : le thème de la « Terre creuse », des mondes souterrains – le thème de la « race perdue » – le thème du « continent perdu » – « la survivance de type préhistorique » désignée comme « monde perdu » en référence au livre d’Arthur Conan Doyle, publié en 1912, qui porte ce titre. Notons que la recherche sur ce domaine littéraire, qui pénétra le cinéma, est récente, elle date des années 1990.

« Je ne chercherai pas ici, indique Lauric Guillaud, à répertorier les mondes perdus de manière exhaustive, mais à privilégier le thème de la survivance préhistorique auquel le chef d’œuvre de Conan Doyle a donné ses lettres de noblesse. Ce petit dictionnaire s’adresse aussi bien aux adultes qui ont découvert Conan Doyle dans leurs années d’apprentissage qu’aux plus jeunes – ceux qui se sont familiarisés à l’aventure par le biais du cinéma, de la BD et des jeux vidéo. Il tente simplement de démontrer la pérennité d’un véritable mythe qui continue de fasciner lecteurs et spectateurs et participer au grand réenchantement du monde. »

Loin d’être un catalogue, ce dictionnaire est un véritable essai. La forme du dictionnaire permet de structurer en une pensée le grand nombre des sujets abordés. Il est organisé en deux grandes parties, la première consacrée aux noms communs (arbres – cryptozoologie – écrits fondateurs – forêt – génocide – initiation…), la seconde aux noms propres (Burroughs E.R. – Haggard H.R. – London J. – Jurassik Park – Tarzan…). La nostalgie sera au rendez-vous pour nombre de lecteurs mais elle sera vite dissipée par les découvertes tant ce Dictionnaire du Monde Perdu est aussi un dictionnaire de l’inattendu.

Que la Littérature vous garde !

Dictionnaire du Monde Perdu
Lauric Guillaud
Editions du Cosmogone, 6 rue Salomon Reinach, 69007 Lyon
www.cosmogone.com


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