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La culture française en déclin ?
Par Fanny Stolpner

La culture française va-t-elle se fondre dans une culture populaire mondiale dominée par les États-Unis ? Si l’on en croit Médias & culture 2030, un rapport publié fin mars par le ministère de la Culture, le rayonnement culturel de la France accuse un « relatif déclin » sur la scène internationale.

L’idée n’est pas nouvelle : en 2005, l’historien américain Perry Anderson a publié La pensée tiède [1], un pamphlet sur la médiocrité de la pensée contemporaine française. Et en 2007, le magazine Time titrait en couver­ture : « La mort de la culture française ».

Pourtant, « l’exception culturelle » qui caractérise l’action du ministère de la Culture depuis sa création en 1959, permet, via d’importantes subventions à la création, une production d’œuvres et événements variés.

L’ennui est que si ces livres, films, musiques, expositions, festivals trouvent un public dans l’Hexagone, ils peinent à s’exporter. La production culturelle mondiale est encore largement dominée par les blockbusters, pop-stars etbest-sellers états-uniens, même si de nouveaux acteurs comme la Chine ou l’Inde s’affirment.

NUMÉRISATION

Dans ce contexte, le rapport propose quatre scénarii possibles pour la culture française en 2030. « L’exception continuée » : l’État, avec un budget amoindri, intervient toujours en régu­­lateur, mais supporte mal la concurrence mondiale et celle des collectivités territoriales. L’hypothèse d’un vaste « marché culturel » voit la politique culturelle dominée par des acteurs économiques.

Deux tendances semblent plus crédibles : « l’impératif créatif », où la France tient bonne place au sein d’un projet européen plus vaste. C’est le sens d’un plan de la Commission européenne pour 2020, qui réforme les institutions culturelles et lance des stratégies d’industrialisation. Le dernier scénario envisage une « culture d’identités » : l’État gère quelques fleurons de la culture nationale, tandis que les collectivités territoriales et des communautés sociales, très actives, résistent à un environnement « médiatico-publicitaire ».

Car le rapprochement, à l’œuvre au niveau mondial, entre une culture « classique » ( littérature, beaux-arts, théâtre, patrimoine… ) et une culture médiatique ne profite pas à la France. Son image culturelle a un peu « vieilli » remarque le rapport. Réduite au Louvre et quelques grands musées, à la cuisine ou au vin, elle pourrait même souffrir, à terme, d’une certaine « folklorisation ».

Le pays compte moins de 1 % de la population mondiale, en baisse continue depuis 1950, et la francophonie, pilier histori­que de la politique diplomatique culturelle, est de plus en plus perçue comme un effet secondaire du colonialisme. Sur Internet, la langue française représente 1 % des contenus.

C’est encore depuis les États-Unis que se développe un enjeu majeur de la diffusion d’une culture mondiale : la « mutation numérique ». Ou comment Internet, les ordinateurs portables, smartphones et les tablettes numériques style I-pad modifient l’accès à la culture et les pratiques culturelles. Cette culture médiatique commune est de plus en plus dématérialisée, car « consommée » via des écrans. Les opérateurs Amazon, Apple, Microsoft ou Yahoo ! se partagent le marché et pour l’heure, la France n’en tire pas grand bénéfice.

Consultable sur le site du ministère, le rapport invite les acteurs à réfléchir à une nouvelle politique culturelle. Jusqu’à mi-juillet, institutions, associations, artistes sont invités à donner leur avis. Façon de prévenir plutôt que guérir ?

Article paru dans Témoignage Chrétien et disponisble sur le site Internet de ce journal. Mai 2011

Notes :

[1La pensée tiède : Un regard critique sur la culture française, Perry Anderson, Seuil, 2005.


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