Certains ont coutume de dire que le football c’est l’opium du peuple. Peut-être ceux là ne furent-ils pas très adroits dans la cour d’école lorsqu’il s’agissait de « taper » dans un ballon et qu’ils en conservent un mauvais souvenir.
Le football c’est, quand même, un merveilleux jeu qui nous a été apporté par les anglais. Son aspect ludique et d’accès assez facile permet d’extérioriser des valeurs créatrices proches de la démarche artistique. Comme une ou un jeune peut s’exercer à la peinture ou à la musique, une ou un jeune peut s’exercer au football. N’utilise-t-on pas pour définir les meilleur –e- s, l’expression d’artistes du ballon rond.
Mais le football, ce n’est évidemment pas que ça. C’est une formidable entreprise commerciale qui permet que des sommes extravagantes circulent dans des circuits le plus souvent opaques. Les joueurs professionnels les plus connus de la planète sont souvent pointés du doigt pour l’argent qu’ils reçoivent. Pourtant ces sommes ne sont que la face cachée de l’iceberg. Elles ne sont mises en avant que pour mieux cacher le reste. Elles servent d’exutoire populiste pour détourner l’attention.
Comme mon propos n’est pas de citer les blanchiments d’argent via les sports et notamment le football, ni d’aborder les « combines financières » de la coupe du monde africaine, ce que Le Monde diplomatique a très bien fait (voir ci-dessous), je réserverai ma réflexion à l’aspect français du football.
Le football, c’est avant tout la convivialité du match, des bénévoles dévoués qui accompagnent et encouragent les enfants. En France, c’est environ 350 000 personnes selon la Fédération française de football (FFF). Ce sont des municipalités qui font beaucoup d’efforts pour trouver les moyens de permettre aux jeunes de jouer au sport le plus populaire de la planète. Mais pour les grands médias, le football, c’est le « professionnel » qui permet d’aspirer les annonceurs qui rapportent beaucoup de sous et, le cas échéant, de détourner l’attention du public des problèmes sociaux auxquels ils sont confrontés. Pour nos édiles, mieux vaut parler du football que des retraites !!!
Enfin, en France, comme chez d’autres nations, le sport le plus populaire, le football, est l’objet des attentions (pas très sportives) des politiques. Une bonne image sportive est toujours bonne à récupérer ; lorsque des « amis » tiennent la direction de telle ou telle fédération, c’est l’assurance de retombées financières qu’empocheront d’autres « amis » qui a leur tour se montreront reconnaissants lors des prochaines élections. Dans les services publics, par exemple, il est connu qu’à chaque changement de gouvernement, on change de fournisseurs. Actuellement, en France, avec l’euro 2016 (championnat d’Europe), ce seront des stades refaits à neuf et beaucoup de contrats pour des entreprises. Comme ces entreprises ne seront pas neutres, ni socialement, ni politiquement, il vaut mieux avoir « les bons décideurs » à la direction de la Fédération française de football.
À leur arrivée en mars 2005 à la tête de la Fédération française de football, Jean-Pierre Escalettes, le président, et Noël Le Graët (ancien maire socialiste de Guingamp), vice-président, trouvent la fédération en grande difficulté financière et en proie à quelques scandales. Depuis, la barre semble redressée, en optimisant les recettes et en contrôlant, très strictement, les dépenses. Ils s’opposent souvent aux « grands » clubs de l’hexagone : Lyon, Marseille et le Paris Saint Germain qui ont déclaré une guerre larvée à la fédération, sous prétexte qu’elle en ferait trop pour les amateurs et pas assez afin de favoriser les plus riches des professionnels pour obtenir des résultats dans les compétions internationales (coupes d’Europe). Le Président Sarkozy, lui, est élu en mai 2007. L’élection du Président de la République intervient après celle de la Fédération française de football. Les dates sont importantes. Vraisemblablement, pour le Président de la République, la reprise en main du football s’impose. La moindre erreur est guettée. Peut-être encouragée ?
Pour bien jouer au football, il faut éprouver du plaisir. Que vous gagniez des millions d’euros ou un coup à boire à la buvette, la recette est toujours la même : du plaisir. Hors, apparemment, le plaisir n’était pas au rendez-vous dans l’équipe de France en Afrique du sud pour des raisons que je n’ai pas les moyens de connaître précisément. Ce que je sais par contre, c’est que le sélectionneur, Raymond Domenech, fils d’espagnol ayant fuit le franquisme, ne se cache pas pour exprimer ses convictions de gauche. La « tête de turc » était toute trouvée. N’avait- il pas un soir de défaite, demandé devant les caméras, sa compagne en mariage. Au-delà de l’humour, cela voulait rappeler seulement que le football n’a pas toute l’importance que certains font semblant de lui donner et qu’il n’empêchera jamais la terre de tourner. Pour ces derniers, c’était un crime de lèse football. La machine infernale et médiatique s’est mise en branle. Tous les « experts » se sont reportés au « bon » vieux temps de l’inquisition, le journal l’Equipe lançant l’hallali. La mort du sélectionneur était annoncée. La coupe du monde devait être la corde pour le pendre. Si les résultats étaient bons, ce serait grâce aux joueurs, s’ils étaient mauvais ce serait à cause du sélectionneur.
Nous sommes dans la dernière ligne « droite », on somme la direction de la fédération de football de démissionner. Certainement, de nouveaux candidats se feront connaître très prochainement. Gageons que ceux-ci seront plus proches de l’Elysée que Le Graët et Domenech.
Publié sur le site du Comité Valmy. 26 juin 2010
Quelques liens intéressants sur le sujet :
Coupe du monde de football : passion, diversion, répression http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-06-11-Coupe-du-monde-FIFA
Coupe du monde : Quand L’Equipe occulte les turpitudes de la FIFA, par David Garcia. http://www.acrimed.org/article3397.html