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La fin du secret, Histoire des archives du Parti communiste français, de Frédérick Genevée.
Par Laurent Etre

Historien et responsable des archives du Parti communiste français, Frédérick Genevée propose une approche originale de l’histoire du PCF à travers le processus qui a mené au dépôt de ces documents dans une institution publique.

Voilà un ouvrage qui retiendra l’attention du militant communiste comme de l’historien. Responsable des archives du Parti communiste français, Frédérick Genevée reconstruit le processus éminemment complexe, non linéaire, qui a permis en 1993 leur ouverture totale, puis leur dépôt en 2005 dans une institution publique, les archives départementales de Seine-Saint-Denis. L’histoire des archives n’était pas écrite d’avance. Frédérick Genevée revient sur certains « traumatismes », comme celui qu’a suscité la direction du Parti lorsqu’elle entreprend, durant l’été 1980, de déménager vers son siège, place du Colonel-Fabien, un ensemble de comptes rendus de réunions du comité central qui étaient jusqu’alors à disposition des historiens au siège de l’Institut de recherches marxistes, boulevard Blanqui. Le contexte de l’époque est celui d’un « raidissement » du Parti, à mettre en lien avec son déclin électoral et la rupture du programme commun de la gauche, en 1977. De fait, le rapport du PCF à ses archives a longtemps été surdéterminé par la logique politique. Si celle-ci a pu parfois freiner le travail des historiens communistes, c’est aussi elle qui explique l’importance de l’archive dans la culture communiste. En 1924, le Ve congrès de l’Internationale inscrit dans ses statuts que « les comités centraux de toutes les sections affiliées ou sympathisantes doivent envoyer régulièrement au comité exécutif les procès-verbaux de leurs réunions ». C’est ainsi que se met en place une intense correspondance avec Moscou. On ne résumera pas en quelques lignes l’histoire des rapports entre le PCF et le PC d’Union soviétique, jusqu’à l’implosion de celle-ci en 1991. Soulignons simplement que certaines archives de l’époque Marchais, par exemple, permettent de battre en brèche le mythe, propagé par les anticommunistes, d’un PCF inféodé et docile. Frédérick Genevée évoque ainsi une lettre au PCUS datée de 1977 mais rendue publique seulement en 1991, dans laquelle le PCF dénonce l’ingérence des Soviétiques dans ses affaires. En retraçant les évolutions du rapport des communistes à leurs archives, la Fin du secret propose en fait une approche originale de l’histoire du PCF en tant que telle. Cette démarche permet de démythifier les archives communistes, en apportant les explications nécessaires pour comprendre leur ampleur. La « culture du rapport », qui s’exprime dans le jeune Parti communiste et jusque dans les années 1980, est resituée dans le contexte à la fois d’une idéologie marxiste-léniniste qui appréhende le parti comme substitut révolutionnaire à l’État de classe, et d’une « volonté rationaliste de la politique occidentale ». Au final, le présent ouvrage nourrit la réflexion sur l’identité communiste aujourd’hui.

La fin du secret, Histoire des archives du Parti communiste français, de Frédérick Genevée. Éditions de l’Atelier, 2012, 23 euros.

Article paru dans L’Humanité du 20 février 2012.


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