Le temps des Résonances, nouveau recueil de poèmes de Jacques Basse, publié aux Editions Rafael de Surtis révèle une fois de plus la beauté puissante de son écriture.
Paul Sanda, qui préface l’ouvrage, dit l’essentiel :
« En découvrant le dernier ouvrage de Jacques Basse, je pense immédiatement au très beau livre de Roger Caillois, intitulé Approches de la poésie, qui parle largement de la droiture nécessaire du poète. C’est en effet par un certain classicisme de forme et de fond que Jacques Basse me renvoie à cette réflexion sur l’écriture, à ce questionnement renouvelé sur le principe même de la création poétique, sur la nécessité intérieure de vérité. La sincérité que Jacques Basse montre de plus en plus évidemment, de poème en poème, sous la sensibilité du lecteur, à l’effleurement subtil des sentiments, se révèle entre pudeur et affirmation, entre retenue et exploration, et me porte à proposer une analyse des émotions qui pourrait s’inscrire dans le droit fil des poètes de l’intégrité, que sont Henry Bataille, Victor Hugo, ou Paul Valéry comme exemple le plus frappant. Il ne s’agit pas pour moi d’initier une démonstration, mais plutôt d’essayer de mettre en valeur la recherche de quelque chose de rare, que l’on peut trouver chez Jacques Basse : une volonté de livrer la projection intime de la beauté dans l’élégance, dans une finesse émouvante, dans un sens accessible et partagé à tous, attaché à la régularité de l’œil et aux battements rythmés du cœur… »
Malade
jadis rayonnait son visage
le mal l’a pris avec audace
la joie n’y avait plus de place
et le rire y faisait ombrage
son visage tourné vers le ciel
y coulent des larmes de fiel
il vit dans le sel de ses pleurs
prostré renfermé sur sa peur
il rivalise avec la pénombre
déjà de lui-même il sombre
Utopie
à la hampe hisser très haut
suffisamment de mots
pour que s’assemble
l’espoir de vivre ensemble
encore
une utopie qui rampe
jamais ne résistera la hampe
au poids de tous les dires
nécessaires pour séduire
ces mots ne sont pas sur la même portée
suivant que l’on est d’ici ou bien d’à côté
Oubli
de ce passé ombrageux
aux regards soupçonneux
oublier ces faux regards
oublier ces vrais départs
encore de ces jours restent
des clichés et des gestes
des ruses qui s’associent
aux mensonges et dénis
reste de cet instant meurtri
ce cœur triste et en survie
dont la vindicte est le drame
où la solitude rode sans âme
les amants furent surpris
une nuit en flagrant délit