Aujourd'hui, nous sommes le :
Page d'accueil » Arts et littérature » Littérature » "Les Passagers de la cathédrale", lectures multiples
Version imprimable de cet article Version imprimable
"Les Passagers de la cathédrale", lectures multiples
Janine Delorme conseille le dernier roman de Valère Staraselski

Un roman, annonce l’auteur, Valère Staraselski.
Dans ce roman, cinq personnages, dont les itinéraires de vie ne prédisposaient pas à ce qu’ils se rencontrent, se croisent, échangent, nouent des liens autour du sixième personnage que constitue la magnifique cathédrale de Meaux, son histoire et son cadre géographique. Ils sont les passagers, et dans la réalité et dans le symbole, de cette cathédrale. Bien que très différents les uns des autres, ils partagent tous des valeurs humanistes C’est Louis Massardier, vieux professeur communiste pétri d’histoire qui sera le catalyseur de ces rencontres.

Mais c’est un essai, peut-on rétorquer !
Un essai extrêmement savant, précis, argumenté, sur les liens entre le christianisme et le communisme, « les deux grands récits sacrificiels qui dominaient l’Europe dans la seconde moitié du XXème siècle » (Luc Ferry). « La vérité communiste est tout aussi respectable que la vérité évangélique puisque au fond c’est la même vérité »(George Sand). Le personnage de Massardier, avec sa truculence langagière, s’en fait le chantre.

C’est aussi une ode à l’engagement militant, engagement qui constitue le lien, le liant entre tous les personnages du roman, entre tous ces passagers de la cathédrale de Meaux. Chacun avec des engagements différents, chacun respectant les choix militants des autres, voire même les y accompagnant.

C’est également un témoignage de tolérance et de reconnaissance de l’autre. Il est réconfortant dans le contexte actuel d’entendre les échanges entre ces cinq personnages, deux catholiques, deux athées et un musulman. Il faut se souvenir du petit essai Voyage à Assise écrit en 2005 par l’auteur, invité à la journée de prière interreligieuse d’Assise en janvier 2002. Cet essai qui vient justement d’être réédité cette année est d’une étonnante actualité.

Mais c’est cependant quand même un roman !

Un roman psychologique à travers l’histoire de François.
Un roman qui prend toute sa dimension quand on le relie à Un homme inutile (le Cherche Midi, 2011) malheureusement épuisé. Nous avons quitté le chômeur François à la fin d’ Un homme inutile, un homme accablé de culpabilité. Culpabilité devant la mort tragique de son ami Brice Beaulieu en ses lieu et place à cause du don d’un blouson. Nous le retrouvons à Meaux, ayant changé de vie, fui Paris, trouvé un emploi et tentant de se reconstruire au contact de la nature et des animaux.
Mais ce ne sera qu’en s’engageant pour la sépulture des morts anonymes que le processus de deuil pourra s’accomplir totalement. Ce, avec l’aide de Katiuscia, l’amante, la femme, la mère qui lui permet de retrouver le goût de l’avenir, d’un avenir apaisé. Et on comprend qu’il est alors essentiel que Les passagers de la cathédrale, le roman, se termine par l’évocation des yeux de Katiuscia, leur couleur, leur lumière. En ce sens ce roman constitue quasiment un second tome de ce magnifique roman Un homme inutile.
Espérons que le Cherche Midi réédite vite cet ouvrage malheureusement épuisé.

Alors, entre roman et essai entremêlés délibérément dans le déroulé des chapitres, à vous donc de choisir l’entrée de lecture des Passagers de la cathédrale.

Les Passagers de la cathédrale, Valère Staraselski, cherche midi éditeur, p 245, 19,80 euros.


Rechercher

Fil RSS

Pour suivre la vie de ce site, syndiquez ce flux RSS 2.0 (lisible dans n'importe quel lecteur de news au format XML/RSS).

S'inscrire à ce fil S'inscrire à ce fil