La réduction de la moitié du financement de la petite poignée de postes alloués par l’État au Gfen (Groupe français d’éducation nouvelle), au Crap (les Cahiers pédagogiques) et à l’Icem (mouvement Freinet), annoncée de façon cavalière en plein été, est scandaleuse car elle met l’action de ces associations en péril.
Le gouvernement ne fera croire à personne que la réintégration des cinq ou six personnels concernés comblera les manques d’enseignants devant les élèves, alors que des dizaines de milliers de postes ont été supprimés depuis plusieurs années.
Comme avec le démantèlement de la formation des professeurs, ce sont les conditions de la formation des enseignants et du débat pédagogique qui sont visées.
C’est cohérent avec le renoncement à l’objectif de former à égalité toute une classe d’âge durant la scolarité unique (socle minimal de connaissances disjoint du programme complet) et le renoncement à une éducation de qualité pour tous les jeunes après la scolarité unique (suppression du lycée professionnel...).
C’est encore cohérent avec le mépris pour le travail réel que font les enseignants qui, pour essayer de conjuguer l’enseignement à tous et le maintien d’exigences culturelles et cognitives, ont besoin d’outils pédagogiques.
Il y a débat pédagogique, sur les finalités et les modalités ? Tant mieux, c’est ainsi que la réflexion avance, et pas dans l’autoritarisme des réformes qui tombent d’en haut. Tant mieux aussi car il y a besoin d’échanger entre les conceptions pédagogiques plurielles portées par ces mouvements et le cap politique qui doit guider les réformes de l’institution.
Pour nous, la finalité politique, c’est d’armer tous les enfants du pouvoir de penser que peuvent procurer les savoirs, à la fois en les acquérant et en les questionnant ; c’est de prendre pour modèle du système scolaire l’enfant qui n’a que l’école pour s’approprier la culture, les savoirs savants et techniques ; c’est de parier sur le fait d’apprendre ensemble plutôt que chacun dans son coin, contre les autres. C’est l’esprit que nous fixons à une nouvelle réforme de démocratisation scolaire. Nous voulons converger avec tous ceux qui partagent ces objectifs, parce que la réflexion pédagogique, y compris contradictoire, est nécessaire pour les atteindre.
L’action des mouvements pédagogiques, et plus généralement de tous les acteurs et des producteurs de réflexion pédagogique, est de ce point de vue indispensable.
Tribune publiée dans l’humanité du 19 août 2010. Marine Roussillon est membre du réseau école du PCF.