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Lettre ouverte aux communistes : un texte inédit de Michel Clouscard
Préface d’Aymeric Monville

Préface d’Aymeric Monville à Lettre ouverte aux communistes. Sur la contre-révolution libérale-libertaire, de Michel CLOUSCARD, aux éditions Delga. Il s’agit d’un inédit de Michel Clouscard.

Du Parti des fusillés
au marxisme «  zombie  »

préface

J’en ai tant vu qui s’en allèrent
Ils ne demandaient que du feu
Ils se contentaient de si peu
Ils avaient si peu de colère

J’entends leurs pas j’entends leurs voix
Qui disent des choses banales
Comme on en lit sur le journal
Comme on en dit le soir chez soi

Ce qu’on fait de vous hommes femmes
Ô pierre tendre tôt usée
Et vos apparences brisées
Vous regarder m’arrache l’âme

Aragon

«  Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur  »

CETTE LETTRE, dite ouverte, ne fut en réalité jamais ouverte, jamais lue, jamais envoyée. On ne sait pourquoi, le manuscrit est resté chez Michel Clouscard, à Gaillac, dactylographié, amendé, prêt à l’envoi, portant l’adresse de l’expéditeur au dos. Lacan, que Clouscard n’appréciait guère, avait raison sur ce point : «  Tout message finit par parvenir à son destinataire.  » En effet, la lettre nous arrive aujourd’hui, quarante ans après, comme une bouteille à la mer.
Trop tard ? Au contraire. Ce que voulait dire Clouscard eût été inaudible à l’époque où il l’écrivait. Avant de parler du PCF, il fallait d’abord s’adresser à la société française dans son ensemble, définir les nouveaux cadres de l’idéologie dominante, afin d’établir une stratégie révolutionnaire ou mettre en garde les militants devant les périls.
Les contraintes qu’impose la «  ruse de la raison  » politique auront sans doute dissuadé Clouscard de s’adresser en priorité à ses camarades et l’auront détourné vers des ouvrages universels, transcendant les intérêts partisans : Le Capitalisme de la séduction, Critique du libéralisme libertaire, Néo-fascisme et idéologie du désir, Le Frivole et le Sérieux. La réputation de Clouscard comme auteur s’est depuis affirmée. Mais on oublie trop souvent qu’il avait une visée politique précise, laquelle éclaire l’œuvre. Et qu’il n’oubliait pas non plus que, pour accoucher d’une nouvelle société, il faut un accoucheur.
Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas pu découvrir ce texte sans amertume, tant il témoigne d’une époque charnière, la fin des années soixante-dix, où le communisme mondial était au sommet de sa puissance, mais où les succès lui faisaient parfois perdre la tête. Dans l’ère qui s’ouvre après 1975, les impérialistes ont déguerpi du Vietnam, le traité d’Helsinki accorde à l’URSS un répit de courte durée. Le PCF, encore sûr de lui et renforcé dans son rôle de libérateur du pays, est déjà concurrencé par un PS phagociteur, et croit bon de se payer le luxe d’un dangereux aggiornamento. On le sait aujourd’hui, on le pressentait hier, le ver était dans le fruit. Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le PCF sera devancé à gauche par le PS dès les cantonales de 1976 puis aux législatives de 1978. Au lieu d’agiter bien haut l’étendard marxiste, il adoptera de plus en plus la posture social-démocrate de l’adversaire, jusqu’à la revendiquer parfois comme telle . En quelques années, et bien avant l’assassinat de l’URSS, il allait perdre de sa force et plus tard de sa légitimité.
Sous cet aspect, Clouscard a perdu. Le pire scenario qu’il avait prévu — victoire de la social-démocratie libertaire puis fascisation rampante du pays à la faveur de la crise — s’est produit point par point. Mais du moins aura-t-il fourni des anticorps théoriques à ce cataclysme, et dès l’époque de ce présent texte.
Car c’est là l’essentiel : Clouscard aura su exprimer pour les communistes — implicitement dans ses ouvrages ultérieurs et explicitement dans cette lettre ouverte — ce que les penseurs dialecticiens, habitués à travailler sans cesse sur les catégories du réel et du possible, et in primis les maîtres de Clouscard, Lucien Goldmann et Georg Lukács, appelaient le «  maximum de conscience possible   », ce dont un Parti, une classe, peut être capable sans en avoir forcément encore pris encore conscience.
Car un révolutionnaire doit agir sur ce que la classe n’est pas encore, sur ce qu’elle porte en germe et pas seulement sur la façon dont elle se présente et se représente. Par exemple, Lénine avait prévu que l’attachement des paysans russes au tsar était moins décisif que la question, centrale, de la propriété de la terre, dont les bolcheviques se sont servis comme d’un levier avec le succès que l’on sait.
C’est sans doute aussi pourquoi Clouscard fait figure aujourd’hui de penseur communiste idéal-typique, lui qui ne fut pas seulement un compagnon de route — nous avons souvenir qu’il détestait le terme — mais un sympathisant passionné dont on peut voir ici de quel souci le Parti de la classe ouvrière fait pour lui l’objet. Ajoutons, enfin, qu’avant d’être publié par «  le Parti  » à qui il allait devoir sa notoriété première, Clouscard n’avait pas alors le statut de «  star  » qu’il a à présent post mortem (il est décédé en 2009), et qu’il n’avait donc pas le loisir d’intervenir politiquement comme bon lui semblait. En effet la chouette de Minerve prendra son envol après la tombée de la nuit libérale. Après Le Frivole et le Sérieux, qui fit un épouvantable bide, sans doute mal défendu par un Jean-Edern Hallier (dans sa période gauchiste) pourtant enthousiaste. Il faudra donc attendre 1981 pour que Clouscard soit enfin publié aux Editions sociales (les éditions du PCF), et passe ainsi très prosaïquement de l’ombre à la lumière (Le Capitalisme de la séduction atteignit alors les 18 000 exemplaires). Mais cela au prix, sans doute, d’une critique moins directe de «  ce qui ne pouvait plus durer au PC  », pour reprendre la formule d’Althusser.
La publication tardive de Clouscard par ses propres camarades sera due à diverses causes, qui ne tiennent pas qu’aux mérites de ses livres et où rentrent des considérations de personnes (le conflit Sève-Althusser sans doute) et certaines tactiques politiques obscures. Le fait est que cette mise en garde contre les méfaits de la contre-révolution libérale libertaire venait sans doute dix ans trop tard.
Le triomphe théorique est souvent la contrepartie d’un premier échec politique, ou du moins d’une déception, en l’occurrence l’incapacité à orienter le PCF dans un « bloc historique », sous direction centrale ouvrière (principe de base du marxisme-léninisme), et non, comme c’est le cas actuellement, sous direction des classes moyennes, de leur utopisme niais et de leurs compromissions. Devant cet évident échec, on pense à Platon, Machiavel et tant d’autres qui ont su transformer leur désastre politique initial en victoire théorique. Mais Clouscard eût préféré, pour qualifier le fait qu’il s’impose aujourd’hui comme un classique, des métaphores plus simples et conformes à ses goûts d’athlète olympique : la victoire à l’arraché, la victoire au finish.
C’est pourquoi nous ne sommes donc pas peu fier, au sein de la maison d’édition que Clouscard avait co-fondée et qui porte le nom de sa rue, de restituer ici, à la faveur de ce regain d’intérêt significatif, la pensée d’un penseur totus politicus dans toute sa plénitude et cohérence.

«  Une époque où on a tout perdu  »

De quand date précisément ce texte ? La chose est aisée à démontrer et présente par ailleurs des aspects ironiques. On peut, en effet, voir Clouscard batailler presque désespérément pour demander si l’abandon de la dictature du prolétariat (décidée au XXIIe congrès, du 4 au 8 février 1976) est bien compatible avec le marxisme-léninisme, lequel sera jeté par-dessus bord… au congrès suivant (1979), prélude à une longue litanie de reculs théoriques et politiques. Ajoutons qu’au moment où écrit Clouscard nous sommes forcément avant l’abandon du programme commun (1978) puisqu’il parle de ce dernier comme d’une réalité tangible. C’est enfin en 1976 que sera prônée la ligne «  eurocommuniste  », même si c’est finalement aujourd’hui que cette stratégie s’impose pleinement, sous des noms différents, avec le Parti de la gauche européenne qui achève de lier aux institutions anti-démocratiques de l’Union européenne le parti qui s’était pourtant courageusement opposé à Maastricht .
On connaît la suite, les couleuvres à avaler deviendront des boas : la fin du centralisme démocratique, la fin de la référence au marxisme tout court, dans les années quatre-vingt-dix. Tout était perdu fors l’honneur et l’internationalisme prolétarien : il y aura donc le bombardement de la Yougoslavie. Puis l’on boira le calice jusqu’à la lie : «  Bouge l’Europe  » (sic et resic), la capitulation devant l’histoire néo-maccarthyste, les privatisations du gouvernement Jospin, etc.
Mais ne tombons pas dans l’anachronisme. En 1976, le recul théorique et doctrinal que constituait l’abandon de la dictature du prolétariat ne présageait rien de bon mais tout n’était pas joué à ce moment-là. Le concept de chien n’aboyant pas, l’abandon d’un terme ne signifiait pas automatiquement le complet dépérissement du Parti. D’aucuns pouvaient arguer, par ailleurs, que le principe de la «  dictature du prolétariat  », qui est certes au cœur du marxisme, pouvait être polémiquement assimilé à la violence d’une «  minorité agissante  » et qu’il fallait couper l’herbe sous le pied à la droite, laquelle avait beau jeu de dire que le PCF était le seul parti qui demandait l’instauration d’une dictature . Il eût été sans doute plus simple de rétorquer que la bourgeoisie exerce elle-même une dictature permanente, par l’intermédiaire du travail salarié exploité, et qu’il valait mieux creuser les termes marxistes que d’y appliquer des réformes cosmétiques.
Quoi qu’il en soit, le drame de l’époque est que la défense des principes marxistes fut portée surtout par une minorité sectaire. Althusser pouvait notamment se payer le luxe de critiquer le Parti de l’extérieur, dans Le Monde, et défendre la dictature du prolétariat du haut de sa chaire à l’ENS. Clouscard n’eut pas cette chance. Sans doute parce que fidèle sympathisant, et parce qu’issu du prolétariat quoi qu’il en dît (il se présente dans cette lettre par honnêteté comme un petit-bourgeois, du fait de son accès tardif au professorat), il n’eût pas accepté de déroger aux règles implicites du centralisme démocratique.
On est d’ailleurs frappé par sa modestie, surtout si l’on compare à ce que sera le brûlot althussérien contre Georges Marchais, lequel ne méritait certainement pas tant d’indignité. Ce qui ne peut plus durer dans le Parti communiste commence en effet par des invectives ad hominem et la dénonciation vire au règlement de compte.
A contrario les précautions infinies que prend Clouscard vis-à-vis du Parti peuvent surprendre, et même désorienter. Mais jamais Clouscard n’aurait parlé comme Althusser rudoyant le dirigeant ouvrier Marchais comme un mauvais élève. Jamais il n’eût, comme Althusser, parlé de l’organisation comme d’une «  machine à dominer  » (titre d’une partie du livre), dans le style d’époque très «  feu sur le quartier général  » et qui est aux antipodes du Lénine pour qui «  la classe ouvrière n’a qu’une force, son organisation  » .
Quant au fond du débat, Michel Clouscard voit alors, à l’occasion de ce virage théorique, non pas une querelle scolastique, une querelle de mots, mais préfère pointer ce qui était pour lui fondamental : une véritable crise morale, l’emprise sur le mouvement ouvrier du «  libéralisme libertaire  », dont il a forgé très tôt le concept. C’est d’ailleurs pourquoi nous joignons à ce texte une annexe, qui faisait partie du manuscrit, mais écrite ultérieurement, sans doute après Le Capitalisme de la séduction : «  Le PCF et la contre-révolution libérale  ».
Ce n’est pas ici le lieu de revenir sur l’impact du néo-libéralisme français sur la société française. Il suffit de se reporter à de nombreux ouvrages de Clouscard. Ce qui nous intéresse ici, c’est sa déclinaison sur la conscience du grand parti ouvrier et sur sa perception du marxisme. Si l’on peut difficilement agir sur la situation générale (dont Clouscard rappelle à l’époque qu’elle était déterminée par la «  coexistence pacifique  », avec ses avantages et inconvénients, ses opportunités et ses scléroses), pour le penseur marxiste, le problème n’est pas tant celui de la situation internationale que celui de la perméabilité des camarades aux thèses petites-bourgeoises.
Lue aujourd’hui, cette contribution de Clouscard est décisive, non en ce qu’elle donnerait une clef d’explication exhaustive du déclin du grand parti ouvrier (sub judice lis est), mais en ce qu’elle met l’accent sur ce que beaucoup d’approches trop exclusivement sociologiques ne pouvaient voir : la décadence idéologique, non pas seulement l’abandon du marxisme ou du marxisme-léninisme, mais aussi la perte de sa compréhension profonde et exhaustive.
Pour utiliser dans un sens moins exclusif un terme actuel, emprunté au domaine de la démographie contemporaine et à propos des populations anciennement catholiques , on peut en effet parler dès cette époque dans le PCF d’une forme très atténuée de marxisme : un marxisme «  zombie  ».
On pourrait définir ce dernier comme une manière de recevoir marxisme comme une référence culturelle et non comme exigence quotidienne, et ce dans un climat délétère qui emportait à l’époque tout sur son passage et transcendait les choix individuels. Et qui explique que les mêmes hommes qui ont pu s’avérer des héros pendant la guerre aient pu si facilement «  baisser les bras devant le plus vulgaire des opportunismes  », comme divers témoins lucides, tels Jeannette Thorez-Vermeersch, ont pu le relever.
En réalité, les années soixante-dix resteront le symbole d’une époque où l’on n’a jamais autant parlé de marxisme, mais où l’on a commencé à se débarrasser cauteleusement de lui. Ou, pour être plus précis, une époque où l’usage universitaire du marxisme faisait oublier quelles exigences morales impératives il portait en lui.


Le «  freudo-marxisme  », idéologie des nouvelles couches moyennes arrivistes

Cet assaut contre le marxisme, Clouscard en voit une source majeure dans l’idéologie alors à la mode : ledit, et avec des guillemets, «  freudo-marxisme  ».
Lacan, Althusser, autant de symboles d’une chatoyante idéologie qui irrigue l’intelligentsia et même le PCF. Ce freudo-marxisme ou plutôt ce lacano-althussérisme était en réalité le triste symbole d’un désarmement, d’un confort moral, l’abandon des problématiques éthiques liées à l’engagement, le passage du marxisme comme vision du monde à celui d’outil d’analyse parmi d’autres. Le freudo-marxisme — et surtout l’usage, mondain, langagier qui va avec — va correspondre à l’idéologie de gauche des nouvelles couches moyennes intellectuelles, qui ne se caractérisaient plus par la possession de petits moyens de production (poujadisme) mais par l’accès au salariat de masse et la nécessité de se distinguer du peuple par ce que Clouscard appelait «  la consommation transgressive, libidinale, ludique, marginale  ». Le «  freudo-marxisme  », loin de rendre à Freud et Marx l’hommage qui leur est dû, allait devenir un outil de promotion sociale.
Le marxisme rentre ainsi à l’université et sort du monde ouvrier. Mais à l’université, on note aussi une déshégélianisation très forte, qui dénote l’incapacité à assumer le tragique de l’histoire et le repli sur la sphère privée de ce que le maître de Berlin appelait «  l’ombre ineffective  », à savoir l’individu bourgeois. Car, on l’a oublié depuis, la déshégélianisation fut dans la France de cette époque encore plus profonde que la démarxisation, et aura consisté au final à éliminer sans doute, à gauche, les catégories anthropologiques non moins cruciales de l’engagement humaniste, du progrès et de l’espoir.
Clouscard refuse la formalisation althussérienne du marxisme (réduction fonctionnaliste et structuraliste), pour ne pas laisser la psyché faire l’objet des manipulations de l’ordre de classe repris par la psychanalyse . Il refuse la séparation positiviste de la praxis et de la psyché, soit le partage des rôles Lacan / Althusser, qui garantissait en réalité l’interdiction du marxisme en territoire freudien. Et au final le barrage de l’économique dans le sexuel, le sexuel fantasmé comme hors communauté, propriété du seul sujet . Althusser n’avait-il pas dit que Freud avait découvert le «  continent inconscient  », comme si Marx n’avait pas déterminé les inconscients de classe, ceux précisément que la psychanalyse ne saurait voir ? Censée faire se rejoindre deux théories explicatives du monde, comme la «  glande pinéale  » de Descartes était réputée lier l’âme au corps, cette mode du freudo-marxisme témoignait en réalité de l’emprise structuraliste sur la société française depuis la fin de la guerre d’Algérie.
En effet, le structuralisme (non génétique) — car le marxisme peut être qualifié à bon droit de «  structuralisme génétique  » (Lucien Goldmann), dialectique, où les structures sont soumises au devenir — correspond à un déclin de la chose politique de la France, à une apathie croissante et à l’essor de la technocratie. Le structuralisme ne devient un phénomène de société que bien après les premiers écrits de Lévi-Strauss , en tout cas après le conflit en Algérie, fin du conflit qui signera aussi la fin des interrogations morales et de la conscience éthique de grand style. Au moins à l’époque de Sartre préférait-on, les mains sales au kantisme «  qui a les mains pures parce qu’il n’a pas de mains  », pour reprendre la formule du Péguy. Au nécessaire engagement sartrien, vécu — et c’est le grand défaut de Sartre — sur le seul mode individuel, va succéder le hiératisme de la structure de «  l’anti-humanisme théorique  », c’est-à-dire l’emprise de la technocratie sur les sciences humaines, marxisme compris.
Car enfin, il est tout de même étonnant qu’un parti encore révolutionnaire ait pensé acclimater en son sein le corpus althussérien dont l’essentiel est de nier le sujet historique et d’éliminer le devenir… Ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette époque .
Aujourd’hui, alors que les thèses d’Althusser sur la «  coupure épistémologique  » et le délestage prétendument nécessaire de l’appareil hégélien dans le marxisme sont aujourd’hui complètement battues en brèche, ne serait-ce que par la diffusion croissante des Grundrisse, on constate au contraire un regain d’intérêt pour Clouscard.
Etrange qu’Althusser reste avant tout, pour les communistes dits «  orthodoxes  », dont beaucoup de mes amis, le défenseur sans peur et sans reproche de la «  dictature du prolétariat  ». Il est cocasse d’attribuer ce rôle à un philosophe dont la carrière aura consisté en un complet effeuillage du marxisme, qui se termine par l’abandon de la dialectique, de l’humanisme (le vrai, pas celui de «  l’humain d’abord  »), de l’histoire (sous couvert de lutte contre l’historicisme), l’aplatissement devant l’intimidation mondaine de l’adversaire, sous couvert d’«  antistalinisme  », et au final le meurtre de son épouse, communiste et résistante. Car si nous ne souhaitons pas faire de ce drame une lecture «  symptomale  », nous refusons néanmoins de faire, comme beaucoup de disciples, comme si ce meurtre n’avait aucune signification.
Ajoutons enfin le retour althussérien à Spinoza qui permettait d’insister sur la libération individuelle par rapport aux tabous religieux (et a autorisé au passage toute une génération de soixante-huitards à se sentir plus «  libérés  » par rapport à la statue du commandeur que représentait la génération de la Résistance). Libération individuelle donc, et non la libération collective qui passe, elle, sans doute par Hegel et, en ce qui concerne la religion, par une nécessaire herméneutique, de type feuerbachien, et que ne propose pas Spinoza.
A l’époque actuelle, on peut toujours observer les ravages de ce marxisme margarine, canada dry, mais passant bien la rampe, car délesté de tout, et avant tout du socialisme. Ce fut par exemple la «  visée communiste  » de Lucien Sève, qui proposait de sauter à pieds joints dans le communisme sans passer par le socialisme. Plus récemment, Alain Badiou et son communisme sur coussin d’air, «  hypothétique  », a offert aujourd’hui l’expression la mieux incarnée de cette intervention de la bourgeoisie universitaire dans le marxisme, sa répétition en farce.

«  Que sont mes amis devenus ?  »

Revenons au PCF. On a beaucoup écrit sur son déclin, qui posait un problème d’ordre historique car en réalité bien antérieur à la chute du mur de protection antifasciste en 1989, ce que d’aucuns ont tendance à oublier.
Dès 1978, donc deux ans plus tard, deux ans trop tard, beaucoup de livres de mises en garde paraîtront. La direction laisse alors du champ aux différentes oppositions et resserre l’appareil. Stratégie bien connue sous le nom maoïste et poétique de «  que cent fleurs s’épanouissent !  » ou, plus prosaïquement comme «  cause toujours   », d’autant que l’appareil est fermement maintenu …
Laissons parler Jeannette Thorez-Vermeersch :

Avec Georges Marchais, on vit naître une pratique hypocrite et irresponsable qui consista à laisser les débats s’étaler hors des instances du Parti, se déverser sur la place publique, cependant que les militants se réunissaient en “courants”, “affinités” et autres fractions… Le but de cette pratique n’était pas, en vérité, une meilleure démocratie, mais de diviser pour mieux régner, de laisser les militants bavarder à perte de vue afin qu’ils en oublient qu’entre-temps la direction du Parti prenait ses “décisions” dans le suivisme du clan le plus influent. Le résultat fut ce qu’il devait être : l’impression pour beaucoup d’être floués, le renforcement des oppositions et des fractions, la perte de l’unité et de la cohésion et, finalement, une faiblesse croissante face aux adversaires . 

Après cette première salve de critiques venues de tous horizons (Daix, Elleinstein, Goldring, Althusser, Vargas et Molina, Thorez-Vermeersch), beaucoup de livres parus récemment ont renouvelé l’exercice, armés du recul histoire et d’outils sociologiques limités mais éprouvés. Néanmoins, il nous semble, que contrairement au texte de Clouscard, tous ces ouvrages, malgré leurs mérites, manquent la question de la pénétration idéologique dans le marxisme, le désossage du marxisme-léninisme.
Deux livres emblématiques méritent un commentaire : l’un de Marco Di Maggio, malgré son titre et les informations qu’il fournit, parle assez peu des «  intellectuels  » et réduit les débats de ceux-ci aux manœuvres d’appareil. Et de présenter le déclin du PCF comme cause de son repli « patriotique » et non de sa tentation eurocommuniste, ce que les résultats catastrophiques actuels contredisent complètement. Quant au livre de Julian Mischi , et qui a fait grand bruit, il surestime sans doute les facteurs sociologiques (l’effacement de la classe ouvrière) au détriment du facteur idéologique.
Souligner la défection des éléments ouvriers c’est sans doute confondre quelque peu les causes et les conséquences. C’est l’absence de léninisme qui fait fuir les ouvriers, et non l’absence d’ouvriers qui fait décroître le léninisme. C’est aussi oublier le fait que la solidité de la conscience ouvrière fait les bonnes social-démocraties (voir la RFA), et non le syndicalisme revendicatif à la française.
Quoi qu’il en soit, il est symptomatique que malgré leurs mérites, la plupart des commentateurs aient fait souvent l’impasse sur la crise morale qui touche le PCF et sur le débat de 1976 à propos de l’immoralisme .

«  La vraie morale se moque de la morale  »

Le débat sur l’immoralisme, dans le cadre du XXIIe congrès, a un caractère symptomatique. Il signe l’incompréhension entre les larges masses qui comprennent cet enjeu immédiatement et des intellectuels qui n’y voient que répression archaïque. En effet, la «  question morale  » avait été perçue par les commentateurs de l’époque comme une diversion pour faire entériner les changements doctrinaux importants du congrès, hypothèse qui n’a rien d’irrecevable mais manque l’enjeu théorique.
On le voit dans le présent texte, Clouscard partira précisément de là. D’où sortira l’une des œuvres les plus originales de la fin du XXe siècle, en promouvant une anthropologie historique, une phénoménologie des catégories de pensée et une caractérologie à la La Bruyère, étayée par la matrice marxiste. On le voit d’ailleurs à cette époque évoquer la rédaction d’une Ethique prolétarienne (il s’agit sans doute du brouillon de son livre Le Frivole et le Sérieux).
Certes, Marx s’est toujours élevé contre le moralisme, contre l’utopisme niais. On peut donc se demander pourquoi recourir à un argumentaire mal défini scientifiquement, «  l’immoralisme  ». Remettons les choses à l’endroit : pourquoi exclure la question morale des problèmes traités par le marxisme ? Croire possible la séparation des jugements de faits et des jugements de valeur, et a fortiori croire en l’existence même de jugements de faits stricto sensu ce n’est pas du marxisme, c’est du positivisme. En refusant de séparer praxis et psyché , cheval de bataille de Clouscard, ce dernier ne fait que rétablir le marxisme dans toute sa plénitude dialectique : souci de la totalité, des interactions en son sein, méthode à la fois critique et explicative. Le travail que va entreprendre Clouscard ressortit à celui des moralistes français dans leur aspect éminemment rationnel et subversif, à la comédie de Molière qui «  châtie les mœurs en riant  » (castigat ridendo mores) et bien sûr à tout l’appareil moderne des sciences humaines qui seraient peu de chose sans l’apport de Marx.
Clouscard poursuivait le meilleur de notre tradition nationale, le génie des lettres. Non un refus de la morale, non l’amoralisme gidien non plus la «  moraline  » des curés, mais au contraire l’affirmation suivante : «  La grande tradition des moralistes français s’est éteinte ; elle peut se restaurer — selon sa propre tradition — à condition de s’interroger sur… les libertés, les besoins et… la morale.  »
En effet c’est aussi — et surtout — parce que Le Capitalisme de la séduction est un grand livre qu’il a pu marquer les esprits.
Peut-être faut-il préciser qu’il ne s’agit pas d’une morale de l’impératif catégorique mais d’une réflexion globale, comme l’éthique de Spinoza. On le voit tout au long de cette «  lettre ouverte  », le marxisme-léninisme est complété par l’interrogation philosophique, constamment éprouvé au tamis philosophique et réactivé par le souci rousseauien de la psyché. Si on ne conçoit pas son engagement comme impliquant toute sa personnalité, on ne peut prétendre être un révolutionnaire. Car enfin, comment le marxisme avait-il pu littéralement déplacer les montagnes au XXe siècle si ce n’est la capacité de ses militants à se sentir entraînés par une force morale invincible ? Cette force qui faisait dire avec Lénine qu’il était bon de rêver, mais qu’il fallait aller «  jusqu’au bout de son rêve  ».
Bien entendu, les tentatives réitérées de criminalisation du communisme ont eu tôt fait de transformer dans les esprits le passé communiste en lieu privilégié de la tyrannie et non en celui du sacrifice, ce qui est exactement l’inverse, car dans le pari pascalien que constitue l’engagement révolutionnaire «  l’obéissance à la loi qu’on s’ait prescrite est liberté  ». Ce que le libéralisme ne sait pas concevoir car il ne connaît de liberté que l’esclavage de «  l’impulsion du seul appétit  ». C’est ainsi que dès l’époque dont nous parlons, les dirigeants n’ayant pas vécu la période douloureuse de la guerre dans toute sa dimension tragique furent alors frappés par un prurit d’excellence morale, sans pour autant que leur vertu au combat eût été éprouvée. Comme les chiffonniers de Baudelaire, singeant l’épopée napoléonienne, ils s’attribuèrent du monde issu d’Octobre les mérites sans en assumer les exigences, en «  s’enivrant des splendeurs de leur propre vertu  ». La trivialité de l’interrogation morale ne pouvait amener qu’une déchéance théorique et une incapacité d’organisation, qui signe le passage d’une morale hégélienne (la Sittlichkeit) à une morale kantienne à usage personnel (la Moralität), fondée sur le devoir-être.
On comprend donc que Clouscard va rechercher une morale de la production, ancrée dans la réalité des rapports sociaux, à rebours, par exemple, d’une association qui, aujourd’hui, se revendique cocassement de lui tout en prétendant le faire au nom d’une prétendue «  droite des valeurs  » (les valeurs boursières ?), au prix d’un malentendu sciemment distillé.
S’il fallait répondre sur le fond à ce qui est d’abord une provocation (ne l’oublions pas), nous dirons ceci : aller chercher la morale en dehors des faits, et des mœurs, une morale qui ne soit pas articulée sur la production, dans le passé mythique qui n’est ni de droite ni de gauche mais tout simplement féodal, c’est le propre du moralisme chrétien le plus trivial. Il faut refuser d’opposer des valeurs idéales à une société, mais se demander quelles sont les forces internes dynamiques de transformation de cette société.


Rouges-bleus contre blancs-bruns

Revenons tout de même une bonne fois pour toutes sur ces provocations qui n’ont que trop duré. Je n’ai pas l’habitude de commenter les faits et gestes de ladite association «  Egalité et Réconciliation  », laquelle croit parfois bon d’embrigader Clouscard, contre son gré, et dans un éclectisme insipide. Relever une provocation c’est l’amplifier. Du reste, il n’est pas nécessaire de rendre compte d’un phénomène politique qui n’a rien de nouveau. C’est un objet volant — bien bas — et identifié depuis longtemps : alliant la fibre pseudo-sociale, corporativiste, des nationalistes au «  socialisme des imbéciles  » qu’est devenu, au XIXe siècle, l’antisémitisme prenant la suite de l’antijudaïsme chrétien. La jonction s’est faite au moins depuis le boulangisme.
Au fond, il s’agit toujours du dévoiement ad nauseam de deux idées nées et ancrées dans la gauche révolutionnaire, la nation et le socialisme, «  privatisées  » par telle ou telle communauté contre une autre : au choix ou en même temps les fameux «  quatre Etats confédérés  » chers à Charles Maurras : protestants, juifs, «  métèques  » et francs-maçons. La division en communautés permettant ainsi de perpétuer la division en classes et le statu quo social. Le fédéralisme anti-jacobin faisant office d’ultima ratio à ce dépeçage de la République. Ce que la droite extrême a toujours appelé «  la gueuse  » sert ainsi, avec les Lumières, de repoussoir systématique ; enfin la nation est toujours utilisée contre une autre, ce qui constitue précisément un déni de nation, à rebours de l’inter-nationalisme prolétarien. Tout ce dispositif de ceux qui préfèrent le nationalisme à la France (comme Clouscard le dit ici, en reprenant un mot célèbre, à propos de Maurice Barrès) assure en fin de compte la continuité contre-révolutionnaire de ces courants et fait la jonction entre la droite ultra venue du fin fond de l’Ancien Régime et les appétits insatiables de la bourgeoisie du «  stade suprême du capitalisme  ». A l’époque récente, une collusion entre un certain catholicisme intégriste et les milieux négationnistes réactive l’évidence d’une communauté de pensées entre les blancs et les bruns.
Alliance face à laquelle, le chromatisme politique bien compris impose l’union des rouges et des bleus, de Rousseau et de Marx, de Lénine et de Robespierre. Rappelons que le sinistre idéologue du nazisme, Rosenberg, était venu à l’Assemblée nationale, en pleine Occupation, pour décréter la «  fin de la Révolution française  ». Et que c’est à Georges Politzer qu’est revenu le mérite immortel d’y avoir opposé les textes théoriques les plus puissants de la Résistance rouge.
Dans ce glorieux sillage, si Clouscard pense à un terme transcendant le PC et le marxisme-léninisme, l’englobant, c’est à l’humanisme feuerbachien (hégélien de gauche), le jacobinisme républicain, la philosophie des Lumières. Ceux qui ont donc pensé, à la faveur de la confusion ambiante, se servir de Clouscard pour l’enrôler dans un vaste «  populisme  » transcendant les «  clivages politiques traditionnels  » (vieille lune que la Nouvelle Droite tente d’appliquer aux communistes depuis vingt-cinq ans, sans grand succès ) en seront pour leurs frais.
Si besoin était, on verra à quel point ce Clouscard totus politicus contredit tout ce qu’on a voulu faire pour le «  doriotiser  » contre son gré. Mais pourtant, il suffisait de lire le reste de l’œuvre et il n’avait pas fallu attendre son célèbre «  Le Pen est aux antipodes de ma pensée  », publié par L’Humanité quelque temps avant sa mort, pour se rendre compte que Clouscard n’est pas seulement le pourfendeur du libéralisme libertaire mais aussi celui du néofascisme, ultime conséquence du premier. Sous la formule lapidaire «  sous les pavés Le Pen  », en 1988, vingt ans après Mai 68, Clouscard avait magistralement bouclé la boucle. C’est pour cela que sa pensée est toujours vivante. Il a refusé, dès Mai 1968, la sinistre alternative spéculaire entre les « bobos » et les « fachos » dans laquelle les médias dominants veulent nous enfermer à longueur de temps : c’est-à-dire l’opposition factice entre une gauche représentée par la seule bourgeoisie et un peuple uniquement symbolisé par ses éléments les plus poujadisés.
Retrouver le sens de l’éthique prolétarienne comme l’a fait Clouscard, c’était remettre le marxisme dans un universel concret. Comme le PCF avait su prolonger la Révolution française, proposé de mener la République jusqu’au bout, par l’exigence du socialisme, qui seule peut mettre un terme aux périls que le libéralisme fait peser sur l’unité nationale et le pacte républicain.
Le drame actuel de la gauche — à l’exception de forces d’avant-garde — est d’être aujourd’hui privée de l’élément-clef qui avait longtemps permis une synthèse harmonieuse entre la réalité républicaine et l’exigence de socialisme, à savoir un parti communiste digne de ce nom. Nous sommes, au contraire, condamnés à des penseurs dépourvus de toute vision historique comme Alain Badiou, lequel est allé récemment jusqu’au ridicule d’opposer le drapeau rouge et le drapeau tricolore, pourtant apparus presque au même moment et dans le même pays. On ne pouvait faire plus plaisir à la bourgeoisie libérale.
Clouscard n’a pas seulement vu la fascisation rampante qui allait succéder à la social-démocratie libertaire. Il a vu également un antidote dans l’alliance de la République et du socialisme. Qui n’est pas simplement une question d’héritage mais un enjeu de pensée. Le passage, dans le présent texte, sur l’alliance entre Rousseau et Lénine, tous deux immenses penseurs de la psyché et de la praxis, sans laquelle on ne peut prétendre changer le monde, «  changer la vie  », est à ce titre lumineux :

C’est en prenant au sérieux la psyché féodale, en rappelant les exigences qui avaient constitué le mode de production féodal que Rousseau peut montrer son inexorable déchéance et proposer un autre fondement — politique alors — du relationnel. Lui seul permet d’éviter les restaurations. Lui seul a su dire comment on peut s’arracher à la situation constitutive de l’idéologie petite-bourgeoise (actuellement le néo-kantisme et le freudo-marxisme). De par quelle critique. Par quelle ascèse, par quelles exigences. Situation en laquelle pourrissent les Reich et les Marcuse, ravalés au rang d’idéologues pour adolescents boutonneux et pour journalistes de la nouvelle presse à sensation, lorsqu’on confronte leur problématique de sexologues avertis au sublime Jean-Jacques. Au seul — avant et après Lénine — qui ait osé critiquer la libido constituée par les classes dominantes. Alors que les freudo-marxsites ne font que se soumettre au pouvoir sexuel de la nouvelle bourgeoisie. Pour avoir leur part .

Envoi

Voilà ce que je peux dire à propos du discours politique, enfin restitué dans toute sa plénitude, d’un homme que j’ai trop peu connu, à la fin de sa vie, et dont je n’ai jamais prétendu recueillir les confidences tant il mettait tout dans son œuvre, lui qui n’a jamais passé une journée sans écrire. Je laisse aux droitiers dans l’âme le goût des filiations, des héritages, des testaments. Mais ce que j’ai immédiatement compris chez lui, je crois — et la jeunesse se trompe rarement en la matière — c’est la dignité farouche et l’intelligence sourcilleuse qui suscitaient autour de lui fidélité et engagement.

Que le lecteur m’autorise donc à voir dans cette préface un double adieu et un double hommage à cet homme qui eût pu être mon grand-père, qui avait un demi-siècle de plus que moi, qui était en fait «  si loin si proche  ». Adieu à un homme mais également à l’époque où je suis né (1977), dans cette France que j’ai tétée au sein et que je regrette à me déchirer la peau, ce pays de cocagne où le bonheur avait été une idée neuve. Ce pays «  intelligent  », où le peuple vivait dans la dignité. Grâce au programme du CNR, les «  jours heureux  », la Sécurité sociale d’Ambroise Croizat, les nationalisations de Marcel Paul, le statut de la fonction publique de Maurice Thorez, cette France que les communistes avaient forgée de leurs mains car des dizaines de milliers d’entre eux avaient su, au moment décisif, emprunter le chemin de l’honneur, grâce à ce Parti qui avait su rendre à la classe ouvrière et paysanne, décimée inutilement à Verdun, «  les couleurs de la France  ».
C’était cela, «  notre jeunesse  ». Mais l’heure n’est pas aux regrets. Face à l’abaissement spirituel et moral que représente aujourd’hui la fascisation tous azimuts, ce n’est désormais plus seulement le communisme qui est à sauver. C’est le mouvement entier des travailleurs, c’est aussi une certaine idée de la République. Et sans doute aussi, plus qu’une «  certaine idée  », une idée certaine, «  claire et distincte  », de notre douce France, de notre vieux pays.

Publié aux éditions Delga


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