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"Lovecraft ou l’explosion post-mortem d’un obscur écrivain de Providence" et "Les Silences de Venise"
Les conseils de lecture de Rémi Boyer

Lovecraft ou l’explosion post-mortem d’un obscur écrivain de Providence

Alors que Lovecaft, parti des pulps, vient d’entrer à La Pléiade, Philippe Marlin, grand connaisseur de l’écrivain de Providence, publie ce dossier consacré à l’explosion des publications lovecraftiennes.

Ce dossier fut constitué pour une intervention au CERLI de l’Université de Nancy en novembre 2018. Les actes qui devaient être publiés aux Presses de l’Université de Lorraine n’ont pas vu le jour d’où cette publication à part.

L’ouvrage de Philippe Marlin met en évidence le phénomène d’explosion des publications de Lovecraft ou des études lovecraftiennes et tente de le comprendre.

« Nous examinerons successivement, dit-il en introduction, les données du phénomène actuel ; nous étudierons ensuite le rôle joué par les précurseurs du phénomène, les études lovecraftiennes, le fandom et le jeu de rôle des années 80/90 ; nous chercherons enfin à donner un sens à cette explosion contemporaine. »

Philippe Marlin part de 2010 pour démontrer, à travers une sélection, l’ampleur du phénomène Lovecraft dans la production française, tout en comparant avec le marché anglo-saxon.

Les études lovecraftiennes apparaissent aux Etats-Unis dans les années 80 et sortent Lovecraft de l’ombre. En France, dès 1969, Un Cahier de l’Herne, le fameux n°12, lui était consacré. Le jeu, L’appel de Cthullu, créé en 1981, en plein déploiement des jeux de rôle, va permettre à de nombreuses personnes de découvrir l’œuvre de Lovecraft.

Mais pourquoi ce succès ?

« La première raison de « l’explosion », suggère Philippe Marlin, réside dans le tour de force réalisé par Lovecraft : créer un Mythe à la fois organisé et suffisamment flou pour permettre à d’autres créateurs de s’y insérer. »

« Le mythe, ajoute-t-il, est plus un schéma qu’une structure complète. »

Mais, dans ce schéma, nous trouvons un panthéon, une bibliothèque de l’impossible, une géographie imaginaire… autant de possibilités d’appropriations et de créations qui font écho aux bouleversements du monde à travers le temps.

Lovecraft et son monde ont pénétré aussi bien l’Université que nos imaginaires. Son monde et ses créatures ont pris vie en nous. Souvent effrayantes, elles sont surtout là pour nous interroger. La réception de Lovecraft est vaste et profonde parce que l’œuvre sonde nos psychés tout comme les mythes antiques, avec une proximité qui peut aller jusqu’à l’insupportable.

Nous n’en avons pas fini avec Lovecraft, ce n’est que le début du retour des Grands Anciens.

"Lovecraft ou l’explosion post-mortem d’un obscur écrivain de Providence", Philippe Marlin
Editions de L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France – www.oeildusphinx.com

Les Silences de Venise

Après une dizaine de romans publiés, Evelyne Dress, peintre, actrice, réalisatrice et donc également auteure, nous revient avec un nouveau roman qui a pour cadre, et mystère, Venise qu’explore longuement Eva, son personnage principal, pour un commanditaire, Georgio Scorfano, qui tente de retrouver ses origines et peut-être un arbre généalogique. Il est né à Venise en 1968 et fut alors confié à un orphelinat.

Eva est spécialiste de généalogie, passionnée et tenace. Elle se définit comme « Lion ascendant Vierge-psycho-rigide ». Elle ajoute : « de temps en temps je suis vierge folle, mais pas assez souvent ».

Venise est un labyrinthe. Il est aisé de s’y perdre, plus difficile de se retrouver, physiquement tout comme psychiquement.

L’enquête commence, des errances, des trouvailles, des détours, ponctués de moments de sensualité avec un jeune homme, Angelo. Venise devient un miroir du monde intérieur d’Eva.

« Je dois me remettre en marche. Mon seul salut est d’avancer pour arrêter de tourner en rond. Le labyrinthe m’évoque le livre sacré de Georgio Scorfano. Je le sors de ma poche. Il n’y a pas de hasard. La Bible est assimilée à un labyrinthe : elle nécessite un effort de décryptage et d’interprétation. Je dois tirer les leçons de cette expérience, visiter mon labyrinthe intérieur, affronter ma part d’ombre. Je prie pour que la lumière vienne me surprendre d’un coup. J’entends une musique douce. Je me laisse guider. L’arbre de vie est au centre du jardin d’Eden, comme cette tourelle que j’aperçois au loin, au centre d’une clairière ouverte. »

L’inattendu, même attendu, est toujours surprenant, jamais celui envisagé. Eva plonge dans l’obscurité des lignées et fait davantage que reconstituer l’arbre généalogique de Georgio Scorfano.

Le lecteur déambule avec Eva dans les rues de Venise, les archives diverses, les lieux d’art, le Ghetto, les îles… La vieille cité, lieu de vie, lieu de mort, tantôt poétique, tantôt implacable, veille et demeure. Les êtres humains, vieux vénitiens comme touristes ne font que passer. L’amour aussi. Mais, la magie n’est jamais loin, celle des lettres, des mots et des silences, celle des noms et des lignées, celle des conquêtes et des pertes.

Les Silences de Venise, Evelyne Dress
Editions Glyphe, 85 avenue Ledru-Rollin, 75012 Paris – www.editions-glyphe.com


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