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Sri Lanka : la solution finale
Par Jean-Claude Lefort

Dans un communiqué commun publié hier à Londres, David Miliband et Bernard Kouchner, ministres des affaires étrangères britannique et français, viennent de déclarer que : « Les rebelles séparatistes tamouls du Sri Lanka utilisent des civils comme boucliers humains. Il est clair que les LTTE ont empêché par la force des civils de quitter la zone de conflit et nous déplorons leur détermination à utiliser des civils comme boucliers humains ». David Miliband et Bernard Kouchner ont par ailleurs appelé les rebelles à déposer les armes et le gouvernement sri-lankais à décréter un nouveau cessez-le-feu pour que les civils « puissent partir » et que l’aide humanitaire puisse parvenir. « Nous demandons au président Rajapakse d’annoncer une nouvelle pause dans les combats « assez longue pour donner l’occasion aux civils de quitter la zone de conflit », ont-ils conclu.

Cette déclaration est claire : il convient de régler la question tamoule par le départ de cette population du Sri Lanka. Cosignée par un ministre de l’ancienne puissance colonisatrice, qui a laissée des « bombes à retardement » avant son départ de l’Île, cela ne manque pas de souligner un certain esprit de revanche. Cette déclaration bi-ministérielle est en son fond totalement inadmissible.

On ne mettra pas ici sur un plateau de balance les exactions commises dans ce pays pour avoir une réponse à cette question majeure : pourquoi donc aucun effort de paix et aucune volonté politique ne s’est manifestée pour régler de manière civilisée la question d’une identité tamoule historiquement constituée et mise à mal, c’est peu dire, par des politiques uniquement guerrières ? Et croit-on que c’est en « gommant » par la force des armes la présence tamoule dans ce pays que le Sri Lanka sera quitte une fois pour toute avec cette question ?

En 2007, l’Union européenne avait dépêché un « envoyé spécial » au Sri Lanka, en la personne de Bernard Kouchner, justement. Il faisait partie intégrante du « Groupe indépendant international d’éminentes personnes » (Iigep). Il déclarait sur place, le 13 avril 2007, que : « La guerre est repartie au Sri Lanka mais tout le monde s’en fiche au sein de la communauté internationale et les ONG étrangères ne peuvent pas travailler parce qu’elles se font intimider. » Tout le monde s’en fiche… Bel aveu. Et maintenant quoi ? C’est le « nettoyage ethnique » qui est envisagé froidement comme solution ainsi qu’en témoigne les réalités sur place et la déclaration commune des deux ministres. C’est une abomination mais aussi une lourde faute politique.

La population tamoule présente en France, qui a fui son pays aimé pour des raisons principalement politiques, est profondément meurtrie aujourd’hui. Elle ne peut comprendre pareille politique ostensiblement unilatérale tandis que nombreux sont ceux parmi elle qui n’ont plus aucune nouvelle de leur famille restée sur place.

Nous en appelons à une toute autre approche que celle actuellement cruellement suivie d’élimination ethnique. C’est une paix durable qu’il faut au Sri Lanka, une paix bénéfique pour chacun, et non une guerre d’extermination soutenue en sous-main par l’Occident. Les Nations-Unies doivent être à l’initiative d’une Conférence de paix dans ce pays. Elles doivent la mettre en place et la superviser. Il n’y a pas d’autre chemin qui soit conforme aux valeurs de la Charte.

Le 16 avril 2009

Jean-Claude Lefort est député honoraire


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