La saison de théâtre 2008/2009 commence très fort et le signataire, ne parlant que de ses coups de cœur, s’en réjouit. Le quatrième vu et entendu au mois de septembre m’avait fait reprendre le chemin du Théâtre de la Huchette. Ce fut un bonheur d’y rencontrer une « TANTE OLGA » aussi exemplaire d’un nombrilisme pédant que d’une caste figée et la démonstration que certains comportements familiaux ne font que souligner des prétentions infondées. Derrière elles, se découvrent effectivement de misérables fragilités.
Michel HEIM – lequel ne fait jamais dans le mièvre ni le convenu – a reconstitué là, sous l’apparence d‘une vieille famille de la Russie tsariste, tous les ingrédients dynamiteurs des convenances bourgeoises telles que le XIXe siècle les avait formatées. Tchekhov n’est pas loin et les révolutionnaires de 1917 non plus.
Tout en tirant les ficelles avec autant d’à propos que de malice, l’architecte de cette perspicace dramaturgie est demeuré attentif aux simagrées de cette famille et de son prétendant, décapant les bouffissures des uns et les faux-semblants des autres à l’acide de son humour. Les nombreux fans de son théâtre ont découvert depuis longtemps la jubilatoire fantaisie de cet auteur et sa manière de mettre une indéniable culture au service de son texte ; en effet, c’est un réel ravissement pour l’esprit, y compris quand l’allusion littéraire codée se fait clin d’œil du contemporain.
Pour les spectateurs sensibles au caustique mêlé de tendresse, voilà donc une TANTE OLGA à laquelle il faut rendre visite sans tarder.
Cette pièce est servie de manière exemplaire par des comédiens complices de très beaux textes connus. On ne sera pas étonné d’y voir Claude DARVY, Frédérique VILLEDENT et Dominique SCHEER, trois dames de la scène qui demeurent de fidèles serviteurs de Ionesco et deux garçons, André GILLET et Aurélien DAUDET, qui leur donnent une réplique non seulement séduisante mais aussi crédible.
La mise en scène de Jacques LEGRÉ, ancien directeur de ce théâtre, est efficace. Egalement, le décor est une suggestion réussie d’un confort bourgeois, satisfait de ses choix idéologiques. Le Tsar y est représenté, face au public. Mais Lénine est dans la coulisse.
Dans la petite salle de la rue de la Huchette, les spectateurs sont vite séduits et ils ont en permanence le sourire aux lèvres.