En grève depuis près d’une semaine, les salariés de l’usine de Saint-Marcellin ont une nouvelle fois débrayé hier. L’un des objectifs : retrouver un directeur qui parle français
« Recherche directeur désespérément. Francophone de préférence ». L’annonce est lancée. Hier, comme chaque jour depuis mercredi dernier, les salariés de l’usine Thermal Ceramics de Saint-Marcellin-en-Forez ont une nouvelle fois levé le pied durant trois heures. Un mouvement classique pour revendiquer une revalorisation salariale.
Ce qui l’est moins, c’est que les employés recherchent également un nouveau directeur qui puisse enfin les comprendre : « Notre ancien directeur est parti en janvier et son remplaçant est un directeur par intérim étranger. Il est anglais et ne parle pas du tout français. Du coup on ne peut pas communiquer avec lui », expliquent Pierrick Dumont, délégué syndical de la CGT et Thierry Juvin, délégué du personnel. Une situation insolite qui a poussé presque la totalité des 184 salariés de l’usine, spécialisée dans la production d’isolants et notamment de fibres céramiques, à se mettre en grève, trois heures chaque jour.
Un mouvement qui n’est en revanche pas suivi dans les trois autres sites français de ce groupe anglais. « Ça fait 23 ans que nous n’avons pas débrayé. Peut-être parce qu’avant, on pouvait communiquer normalement… », commente Thierry Juvin.
Hier, à 13 h 30, ils étaient encore une soixantaine à débrayer une heure, pour la deuxième fois de la journée. L’occasion pour certains d’afficher leur ras-le-bol : « J’estime que ce n’est pas à nous de faire l’effort, on est en France ici, on ne va pas se mettre à parler anglais », peste Pierrick Dumont. Une inquiétude parfaitement comprise par Diane Gaillot, directrice générale de Thermal Ceramics France : « Le problème, c’est que l’ancien directeur a eu une opportunité exceptionnelle de partir à l’étranger et nous n’avons pas eu le temps de recruter un nouveau directeur dans la foulée. Mais la situation n’est que temporaire et nous sommes actuellement en phase de recrutement. Et le prochain directeur parlera assurément français », précise-t-elle.
La barrière de la langue n’est pas la seule source de désaccord. Les salariés réclament également une revalorisation salariale, de nouvelles embauches, et le retour de la prime de la médaille du travail.
« Les négociations salariales sont en cours depuis octobre. Ce sont des négociations sur les quatre sites français du groupe », précise Diane Gaillot.
En attendant, une réunion de négociations entre les différentes parties est prévue jeudi à Paris.
Xavier Alloy. Article paru dans le quotidien régional Le progrès du 19 avril 2011
Voir sur ce sujet l’article de Michel Serres