Trois mois se sont passés depuis la rencontre entre le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, et le directeur du Théâtre Toursky à Marseille, suite à la grève de la faim entamée par ce dernier, Richard Martin ( voir notre dernier article sur La faute à Diderot, Un théâtre entre en résistance). Donc trois mois plus tard…
Richard Martin : J’attends encore la lettre officielle qui me donnera exactement les chiffres qui étaient prévus, comme le ministre me l’avait dit au cours de la rencontre dans le bureau du maire de Marseille. [1], puisque le Directeur des Théâtres est parti à la retraite. On ne peut pas dire qu’on est à la case départ, parce que le directeur de la DRAC était là quand le ministre a donné les conditions de mos accords. Le ministre m’avait demandé d’envoyer quatre pages tirés du projet global : je les ai envoyées. J’ai reçu une notre me disant que ces quatre pages c’était du bla-bla-bla et que maintenant il faillait passer aux choses sérieuses, il fallait faire un interrogatoire qui demanderait d’engager un spécialiste pour expliquer quelles sont les intentions du théâtre. Or nous avons donné un projet global de plus de 80 pages qui donne qui donne tous les détails et les chiffres de nos actions
Jacques Barbarin : Comment analysez-vous cette apparente fin de non-recevoir ? Est-ce politique ou la marque d’une administration tatillonne ?
J’avoue que je ne comprend pas. Je laisse passer un moment, histoire de prendre un peu de recul. Ensuite je rendrai à nouveau visite au directeur de la DRAC qui est le lien avec le ministère pour savoir quelle est sa réelle intention : s’il veut compliquer la situation ou s’il a comme le ministre le disait, l’intention d’arranger cette affaire au mieux. Les choses ne sont pas très claires, et je n’y vois pas très bien dans les plans de la DRAC.
Lors de votre conférence de presse, en octobre, après votre grève de la faim, vous aviez pointé du doigt le fait que le préfet de région, Michel Sappin, avait prétendu que le Toursky ne faisait pas de créations.
C’est d’une mauvaise foi absolue ! Et lorsque j’avais posé la question au préfet qui était à la rencontre avec le ministre et le maire de Marseille en lui demandant pourquoi il avait dit des choses aussi fausses, il m’a dit « je tiens ces informations de la DRAC ». J’ai pourtant demandé au préfet de rectifier le tir en faisant passer un communiqué expliquant qu’il s’était trompé dans ses allégations .Nous allons renvoyer avec l’avocat qui est chargé maintenant de poursuivre ce qui diffament notre action. Je vais à nouveau demander au préfet, avant poursuite, de s’expliquer par rapport à cette erreur à la presse afin que les gens qui auraient pu lire ce qui disait le préfet soient maintenant « remises à l’heure ». Je pense que c’est élémentaire. Quant à la DRAC, je pense que les poursuites engagées iront jusqu’au bout : ils ont porté un énorme préjudice à ce théâtre en disant des mensonges
Quelles leçons tirez-vous de ce combat ?
On ne peut pas parler de victoire, mais quelque chose s’est passé, qui ramène un peu à la dignité. Cette Direction Régionale, qui nous avait barré d’un trait de plume, a bien été obligée de reconsidéré l’affaire après la bagarre avec nos 110.000 signatures et l’implication à nos cotés des artistes les plus importants de notre pays et de bien d’autres. C’est bien pour cela que l’on cherche à m’embarrasser avec des dossiers supplémentaires, mais quelque chose de la dignité a été gagné. Et ça, symboliquement, quand on sait comment sont méprisés les gens qui ne peuvent pas se défendre, c’est quand même l’essentiel de la victoire. Pour le reste, évidemment, il aurait fallu que nous obtenions le rétablissement total de nous subvention : cela n’a pas été le cas, nous avons transigé sous la médiation du maire de Marseille pour que cette histoire se termine le plus vite possible et le mieux possible. J’espère toujours que, au fil des années, on prendra la mesure du projet global de ce théâtre et que, au niveau des pouvoirs publics, on rectifie le tir. Que ce théâtre puisse se développer comme il devrait pouvoir le faire et que surtout cela reste un lieu ouvert à tous, à toutes catégories sociales, à toutes cultures, à toutes obédiences.
Saison 2009-2010 : une quarantaine de spectacles dont trois créations, une coproduction avec la dernière mise en scène d’Antoine Bourseiller, la venue de la Comédie Française, du Footsbarne Théâtre, la dernière chorégraphie de Marie-Claude Pietragalla, le XVème festival russe, le XXème festival Mai-Ditérranée… Ce n’est pas là le profil que la DRAC a voulu bien donner [2] en ayant écrit que « l’Etat n’a pas vocation à subventionner un théâtre municipal »