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Un siècle de Vie Ouvrière
Par Valère Staraselski

Quelques jours à peine après la parution d’Un siècle de Vie ouvrière Willy Ronis, l’auteur de la photo de couverture, nous quittait à l’âge de 99 ans.

Le célèbre photographe aura traversé le siècle dernier et le tout début de celui-ci en épousant la cause des gens modestes, petites gens et travailleurs croisés au gré de ses déambulations, lors de ses reportages sociaux.

C’est après avoir fouillé, avec lui, dans les boîtes d’archives qui tapissaient son appartement du 20ème arrondissement de Paris, que nous sommes tombés avec Denis Cohen et Christian Valléry sur cette photo d’une jeune ouvrière prise dans une usine textile quelque part en Alsace. La photographie date de 1950.

Il aura fallu l’artiste, le choix de l’artiste, son travail, pour capter ce regard, la douceur de ce regard à la fois adolescent et mûr. Il aura fallu Willy Ronis, son humilité de travailleur de l’art, pour restituer cette réalité vivante à la fois singulière, très, et universelle, tout à fait. Cette douceur dans le regard qui retient celle ou celui qui tout à coup le voit et ce, parce qu’il affirme la dignité humaine.

A parcourir les pages de cent ans de Vie ouvrière, c’est bien dans l’appel à la dignité qui sous-tend les prises de position et de parti des syndicalistes, c’est bien dans la volonté de dignité, que l’état d’esprit du monde du travail et partant de là, l’expression directe de son énergie, trouvent leur origine.

A parcourir les pages de cent ans de Vie ouvrière, n’est-on pas mieux en mesure de saisir les contextes dans lesquels ont évolué nos aînés ? Ainsi Marcel Cachin lorsqu’il écrivait, par exemple, dans la VO du 6 novembre 1930 à propos des constructeurs de la jeune Union Soviétique : « Ils ont fourni la preuve à tous les prolétaires du monde (qui ne voulaient pas le croire et ne le croient pas encore) que la classe ouvrière est dès maintenant en état de se passer de maîtres. » D’où l’indéfectible attachement de certains de ces aînés à cette URSS qui bouleversa le 20ème siècle !...

Si la VO est un témoin de son temps, ce journal comme tout journal digne de ce nom, est beaucoup plus que cela. Ecoutons à ce sujet ce que déclarait Jean Jaurès, qui fonda, lui, le quotidien l’Humanité : « Je trouve médiocres les hommes qui ne savent pas reconnaître dans le présent la force accumulée des grandeurs du passé et le gage des grandeurs de l’avenir. Je ne méconnais pas le présent. Mais enfin il n’est qu’un moment dans l’histoire en marche. » C’est, du point de vue de leurs intérêts vitaux, pour comprendre, connaître ce qui compose les éléments présidant au sens de la marche dont parle ici Jaurès, que des syndicalistes de la CGT puis que la CGT se sont dotés d’un journal. Un journal qui, quelle que soit la forme qu’il emprunte, est le lieu par excellence où se renouvelle perpétuellement, au contact des faits, la connaissance de la mouvante réalité économique et sociale, idéologique, comme il est le lieu du partage et du débat entre syndicalistes, mais également entre les syndicalistes et la société telle qu’elle est et non comme on voudrait qu’elle soit ou tout simplement comme on croit qu’elle est.

Un journal qui permet à chaque syndiqué en s’informant et en se formant de rayonner autour de lui en étant porteur d’une vision structurée ou tout au moins d’arguments à verser au débat. Et puis enfin, s’agissant de la VO comme le rappelle François Duteil son ancien directeur : « Un siècle d’existence pour un journal ne constitue pas un fait anodin, d’autant plus qu’il s’agit d’une publication syndicale. » Oui, pour une confédération syndicale, disposer d’un journal est évidemment un atout considérable, un atout à l’heure du multimédia que l’on ne mesure pas forcément, trop empressé que l’on est parfois d’opposer au journal toutes les formes d’expression possibles qu’il peut emprunter. Comment, par exemple, saisir les tenants et aboutissants actuels des relations entre le capital et le travail ? J’ai bien dit actuels. Car de la lutte incessante entre capital et travail, il apparaît qu’au-delà de l’objectif d’empiéter au maximum sur la part du salariat direct ou indirect, c’est l’existence, c’est la raison d’être, l’essence même du travail qui est aujourd’hui remis non pas en question mais remis en cause, mis à mort comme le montre avec simplicité et efficacité le récent documentaire télévisé de Jean-Robert Viallet.

Le traitement de l’information concernant le non-sens mortifère dans lequel trop de travailleurs sont de plus en plus enfermés n’est-il pas primordial ? La réappropriation, l’appropriation du sens ne peut faire l’économie de l’information, de la connaissance, de la réflexion, de l’échange, autant de fonctions qu’un journal remplit pour partie. Comment réfléchir à ce qui devient, à ce qui sera sans la culture que dispense un journal ?

Ainsi l’affirme son directeur, Alain Guinot : « Un journal n’existe pas seulement pour accompagner le mouvement, il doit participer à la construction de l’avenir. »

Vous l’avez compris, avec Denis Cohen mais également Marie Line Vitu, Stéphane Gravier, Christian Valléry, c’est assurément pour aujourd’hui et pour demain que nous avons consenti ce travail assez considérable qui a abouti à ce livre qui comme l’a écrit un éditorialiste « démontre que la VO a anticipé des évolutions du syndicalisme, en ouvrant les fenêtres sur la société ». Et que « Journal officiel de la CGT, elle a su aussi s’évader pour jouer un rôle de capteur ».
Paroles paroles clameront peut être certains. Des preuves ? Je n’ai à ma disposition là, tout de suite, devant vous qu’un florilège qui ne constitue pas que des preuves de ce qui est avancé mais qui, je vous laisse juge, en comprend beaucoup.

« On nous avait promis l’égalité dans le sacrifice et nous assistons au sacrifice de l’égalité ». La VO du 12 mai 1938.

« L’appareil bureaucratique des syndicats s’oppose aux intérêts des travailleurs. Il faut casser ces structures, quitter les bureaux et aller voir les gens ». Alexandre Iakovlev, membre du bureau politique du PCUS dans la VO du 9 avril 1990.

« Il ne suffit pas d’avoir une bibliothèque mais il faut l’utiliser. Il faut le rappeler à l’attention des syndiqués et les entraîner à s’en servir ». Gautier dans la VO du 1er avril 1932.

« Nous ressentons durement cette épreuve, nous avons vécu depuis dix huit mois avec le solide espoir de voir la Pologne socialiste réussir le processus de renouveau qu’elle avait engagé ». La CGT dans la VO du 18 décembre 1981, suite à la proclamation de l’état de siège décrété en Pologne.

« Le Marché commun implique-t-il un véritable abandon de la souveraineté nationale ? Certainement oui ». VO du 29 mai 1957.

« Servir la France oui, défendre le colonialisme, non ! » VO du 29 janvier 1958.

« Un patron qui licencie une femme en couches est présumé fautif ». La VO du 19 juillet 1959.

« A propos de l’unité d’action : alors, il ne suffit pas de dire à nos camarades, aux lecteurs de la VO : « les dirigeants de la CFTC font les briseurs de grève, mais l’unité en bas se renforce. » Il faut leur donner les moyens de renforcer cette unité. » Benoît Frachon dans la VO du 22 février 1950.

Commentant le 1er ministre d’alors, un certain Maurice Couve de Murville qui avait déclaré : « 1968 ne laissera pas un bon souvenir ». Henri Krasucki dans le premier numéro de l’année 1969 rétorquait : « Ca dépend pour qui et du point de vue auquel on se place. »

« Ce sont les parents qui doivent révéler à leurs enfants le fonctionnement des sexes ». M. Bessède dont la VO recommande « L’initiation sexuelle » dans son numéro d’octobre 1911.

« L’éducation sexuelle à l’école. Devant l’exploitation commerciale du sexe, l’école pouvait-elle garder le silence plus longtemps ? » La VO du 17 avril 1974.

« Chaque jour qui passe précise les deux termes du dilemme. Fascisme ou communisme, c’est le pôle de mort et le pôle de vie entre lesquels oscille aujourd’hui l’humanité. » R. Louzon dans la VO du 3 novembre 1922.

« Pendant que le Gouvernement fait la chasse aux immigrés (soupçonnés de sympathie pour la CGTU et le Parti Communiste), le grand patronat utilise à plein la main d’œuvre étrangère dans sa lutte contre les salaires. » Racamond dans la VO du 5 décembre 1930.

« Le chômage est engendré par le système capitaliste. La liquidation du chômage est une victoire du socialisme. » Georges Politzer dans la VO du 1er janvier 1932.

« La guerre est à nos portes. Il ne s’agit pas de le déplorer il faut agir. » Gaston Monmousseau dans la VO du 13 septembre 1935.

« A ceux qui s’abstiennent de discuter le bilan du socialisme en URSS, nous ne demandons pas de choisir entre le fascisme et le socialisme. Mais nous leur demandons l’action commune pour écarter la guerre que le fascisme engendre. » La VO du 3 novembre 1922.

La VO du 15 mai 1936, « La Banque de France doit appartenir à la Nation. » Le 22, « La CGT cherche l’argent là où il est, selon une formule devenue célèbre », par Racamond.

« Nos droits » : « L’impôt général sur le revenu. Quels sont les contribuables assujettis ? Que doivent-ils déclarer ? » La VO du 7 février 1938.

« La grève des bateliers se termine sur un important succès. La corporation des bateliers qui vient de mener la lutte que l’on sait contre les pouvoirs publics a ceci de particulier qu’elle a échappé à la concentration capitaliste ». La VO du 28 septembre 1933.

« Aucun tabac n’est inoffensif. Ce geste innocent (fumer) peut vous tuer. » La VO du 7 octobre 1959.

« Les trains passent enfin sur le pont d’Orléans. » La VO du 3 novembre 1944.

« Nous offrons nos bras à la nation. Produire c’est combattre. » La VO du 28 décembre 1944

« L’homme heureux », pose la question : « Y a-t-il aujourd’hui un ouvrier heureux par son métier ? » La VO de mars 1914.

« Une femme secrétaire de la CGT. Notre amie Marie Couette, collaboratrice de La VO vient d’être élue membre du bureau confédéral de la CGT. C’est la première fois qu’une femme occupe ce poste. » La VO du 20 avril 1946.

Pour la première fois, une femme Marion Liaudrat signe l’éditorial de la VO le 4 novembre 1959.

« Les voici qui s’assoient fraternellement autour des tables assignées à chaque corporation. Y a-t-il des unitaires, des autonomes, des confédérés ? Non, il n’y a plus que les représentants des syndicats ainsi unifiés. » Paul Bouthonnier dans la VO du 7 mars 1936 lors de la réunification de la CGT.

« Suppression du pourboire, particulièrement pour les corporations où celui-ci constitue la seule rémunération de la journée de travail. C’est une victoire. » André Mérino dans la VO du 10 juin 1937.

Une caricature de 1938 montre un petit bonhomme disant à de pauvres vieux : « La retraite bien-sûr, mais où voulez-vous que je trouve l’argent ? » Alors que derrière lui un gros capitaliste se prélasse sur son tas d’or. La tête du bonhomme vous rappellera quelqu’un... Paul Reynaud ministre des finances à l’époque et futur Président du Conseil...

« Hitler trouvera en URSS la fin de sa sanglante carrière. » La VO du 26 juillet 1941.

« Les ouvriers veulent du vin. C’est un comble. Il n’y a plus de vin en France. Tout au moins, ce sont les officiels qui disent cela. Or, la récolte était largement suffisante pour faire la soudure sans restriction. Alors qu’est devenu le vin ? Transformé en carburant sans doute pour alimenter les moteurs allemands, comme notre charbon, comme on s’apprête à le faire pour nos betteraves ou la prochaine récolte de vin… » La VO du 26 juillet 1941.

« Ne travaillez pas pour les assassins de Timbaut. Pas un tank, pas un avion, pas une auto qui marche pour ces bandits. En Russie, les nazis ont froid, ont faim. Ne laissez pas piller la France pour les soutenir. » La VO du 23 décembre 1941.

« La phase décisive de la lutte contre les bandits fascistes approche. La classe ouvrière désormais se déshonorerait si au lieu de participer à l’écrasement des monstres, elle continuait à leur fabriquer des armes. Par tous les moyens, il faut arrêter la production pour les boches. » La VO du 28 mars 1942.

« Chaque jour de nouveaux patriotes tombent sous les balles hitlériennes… La vengeance est un devoir sacré. » La VO du 12 mai 1942.

« Aux menaces boches, les ouvriers de la carrosserie de Bagnolet ont répondu en s’armant de marteaux et d’outils divers. Les brutes nazies se sont dégonflées. A toute menace de rafle, ripostez comme les carrossiers de Bagnolet. » La VO du 20 octobre 1942.

« L’Aiglon de la Tamise : De Gaulle a parlé ! Il a parlé pour mettre son veto à la Constitution qui, n’étant pas foncièrement mauvaise – pour l’instant du moins- ne saurait être à sa mesure […]. Ce gladiateur des feux de rampe – qui s’imagine porter dans sa culotte le prototype d’un génie national – s’est montré l’autre jour tel qu’il n’a cessé d’être : un réactionnaire français haut de taille, mais court de modestie ». Monmousseau dans la VO du 28 septembre 1946.

« Un jour viendra où nous apprendrons officiellement pourquoi certains groupes réactionnaires ont jeté le dé de l’aventure vietnamienne au détriment des intérêts nationaux, sous l’œil intéressé de certaines puissances étrangères. Ce qui est clair c’est que l’on est en train de creuser un abîme de sang entre le Vietnam et la France. » La VO du 2 janvier 1947.

« En Tunisie, ça n’est pas avec du sang que se fera l’union française. » La VO du 21 août 1947.

« Voyez-vous une guerre mondiale inévitable ? Réponse : non. Tout au moins à l’heure actuelle, on ne peut pas la juger inévitable… Pour ce qui est de l’URSS, elle continue, elle continuera à poursuivre inébranlablement sa politique tendant à prévenir la guerre et à préserver la paix. » Joseph Staline dans la VO du 21 février 1951.

« Digne de la Gestapo. La honte nous monte au front. Comment ! Des policiers français, au nom de la France, se livrent à des actes dignes des tortionnaires de la Gestapo. Et cela, sur des personnes dont le crime est d’être des partisans de la paix et de la négociation en Algérie. » Rodolphe Dubont dans la VO du 9 octobre 1956.

« Depuis la conquête du feu et son asservissement à ses divers besoins, l’homme a considéré l’atmosphère comme un vaste égout aérien collecteur des déchets : poussières, fumées, gaz, des combustions industrielles. » La VO du 8 janvier 1961.

« La collaboration de classe est un mythe. » Benoît Frachon dans la VO du 2 juin 1961.

« Papon, le préfet de police, a pris à l’égard des Algériens des mesures qui ressemblent fort à celles prises en temps de guerre : couvre-feu de 20h30 à 5h30. Déjà ces mesures qui obligent une catégorie de travailleurs à vivre comme des rats, à ne plus sortir que pour aller au travail sont intolérables, mais ce n’est pas encore suffisant. Chaque nuit, on arrête, on emprisonne, on tue, aussi, des travailleurs algériens. » René Duchet dans la VO du 18 octobre 1961.

« Les secrétaires CGT, FO, CFTC de Decazeville ont le sourire : Johnny Halliday leur remet une belle enveloppe. » La VO du 20 mars 1963.

« La Vie ouvrière, c’est le journal de la CGT, n’est-ce pas ? S’interroge Bourvil. Vous savez, j’en suis, moi. Ca me fait penser qu’il faut que je paie mes cotisations. » La VO du 17 juin 1964.

« Pour nous, rien ne peut être entrepris hors du concours des grands mouvements populaires… Qu’Avignon soit à l’heure du festival le lieu privilégié du loisir et de la réflexion… » Jean Vilar dans la VO d’août 1966.

« Le dénominateur commun de ces différents gouvernements, c’est qu’ils cherchent à résoudre ce problème dans l’intérêt des maîtres de la finance et par conséquence sur le dos des travailleurs. » Henri Krasucki dans la VO du 14 février 1968.

« J’ai la conviction profonde qu’il existe des possibilités, sans précédent dans l’histoire sociale de notre pays, de rapprochement, de coopération et d’unité d’action entre travailleurs manuels et intellectuels et singulièrement entre jeunes ouvriers et étudiants ; il s’agit d’une évolution découlant directement du processus de concentration de l’économie sous la domination des monopoles capitalistes. Cette évolution revêt donc une incontestable signification de classe. » Georges Séguy dans la VO du 4 septembre 1968.

« Sans l’appui du mouvement syndical, la gauche ne peut espérer accéder au pouvoir ; de son côté, le mouvement syndical ne peut seul faire triompher les transformations économiques et sociales pour lesquelles il lutte. » Georges Séguy dans la VO du 18 août 1971.

« Non l’ennemi n’est pas l’immigré ! » La VO du 30 mai 1977.

« 24 heures pour mettre en échec la convention médicale, pour imposer une protection de haut niveau. La santé n’a pas de prix. » La VO du 5 juin 1980.

« L’expérience démontre que la manière dont sont conçus les syndicats dans les pays socialistes doit évoluer. Même en pays socialiste, le rôle des syndicats doit être de défendre les travailleurs, et non uniquement d’agir dans l’ombre du Parti et de l’Etat pour appliquer des décisions d’en haut, ou comme l’a dit le Premier ministre polonais, se limiter à un rôle de gestionnaire. » Georges Séguy dans la VO du 27 août 1980.

« La porte du changement est ouverte. Rien n’est joué. Tout dépendra de l’intervention lucide, active, constante et responsable des travailleurs. » CE de la CGT dans la VO du 10 juin 1981.

« La CGT a très tôt pris conscience du changement d’échelle des atteintes au climat et à l’environnement, de la raréfaction des ressources… Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une génération peut les mesurer à l’aune de sa propre vie. Pour la première fois également, nous sommes à même de percevoir la dimension globale des actions humaines et de leur interdépendance. Ces perceptions conduisent à réinterroger l’ensemble de nos modes de vie : nos procès de production, nos manières de consommer, de bâtir, d’organiser l’habitat et la ville, de circuler, d’échanger… » La NVO du 12 novembre 2004.

« C’est toute une culture qui bascule. Nous passons d’une culture d’offre à une culture de demande, d’une culture de l’uniformité à une culture de la segmentation, du marketing. » François Roussely, PDG d’EDF, dans la NVO du 27 juin 2004 annonce que l’Assemblée nationale a adopté, le 29, la réforme du statut d’EDF-GDF.

« La période est maintenant à l’incantation au dialogue social. Reste à savoir s’il y a une réelle volonté politique d’assurer la promotion de la démocratie sur les questions sociales. Aucune organisation syndicale ne peut sous-estimer le fait qu’en faisant perdurer des règles obsolètes, elle contribuerait à provoquer une grave crise de confiance dans la représentation syndicale qui viendrait redoubler celle déjà avérée dans la représentation politique. » Bernard Thibault dans la VO de juin 2002.

« Sept fédérations rassemblent à elles seules 70% des abonnés. » La VO début 2002.

« Alors que la victoire du capitalisme sur le socialisme promettait une ‘fin de l’Histoire’ heureuse et prospère, la crise financière n’en finit pas de dévaster un à un les rivages de l’économie planétaire. » La VO du 20 octobre 1998.

« Syndicalisme rassemblé nous proposons de passer d’un syndicalisme rassembleur – celui qui a montré qu’il était possible de passer de la division oppositionnelle à l’unité d’action – à un syndicalisme rassemblé – celui qui doit pousser les syndicats à porter ensemble les aspirations que les salariés expriment. » Louis Viannet dans la VO du 20 avril 1995.

« Le progrès social devient un sujet de plaisanterie et le travail un cauchemar. Un siècle après Zola, pour la première fois, le progrès économique redevient facteur de régression sociale. » La VO du 4 février 1995.

« Sept millions de Français vivent dans la précarité. Comment un pays riche comme la France peut-il en arriver là ? » La VO du 12 octobre 1994.

« La crise qui frappe le monde syndical est exploitée dans l’objectif d’arracher l’adhésion des organisations à la stratégie de l’entreprise. Tout autre est la démarche de la CGT qui prétend partir des besoins des salariés. » La VO du 22 mai 1992.

« Le mal-être grandissant des salariés sur les lieux de travail. » La VO de mars 1992.

« Souffrances du travail. Jusqu’au suicide. Au cours des six derniers mois, on déplore trois suicides parmi les salariés du techno-centre de Renault Guyancourt, trois autres à la centrale nucléaire EDF de Chinon, un autre encore à l’usine Citroën de Charleville-Mézières. Pourquoi une telle hécatombe ? » La VO du 23 mars 2007.

« Le modèle économique et financier de croissance qui s’est imposé à partir des Etats-Unis ces deux dernières décennies est à bout de course… Alors que le monde du travail souffre d’une déflation (pertes de pouvoir d’achat, réduction des emplois, précarisation de travail…), nous assistons à une inflation financière massive. Pire, plus cette dernière menace, plus on demande de sacrifices aux salariés… » Jean Christophe Le Duigou dans la VO du 26 septembre 2008.

« On m’a trouvé des traits communs avec les syndicalistes. On l’a écrit dans des comptes-rendus de mes chansons. Après tout, c’est vrai : j’ai avec eux, en commun le désir de montrer qu’il est possible de vivre, debout, la recherche du bonheur. » Jacques Brel dans la VO du 8 février 1961.

Terminer cette libre présentation d’Un siècle de Vie ouvrière précisément par ces mots du grand Jacques Brel revêt une signification essentielle à mes yeux. Les intellectuels, les artistes, leur travail, ne peuvent être ignorés par celles et ceux qui ont choisi le chemin de la lutte pour l’émancipation. C’est vous dire toute la fierté qui est la mienne aujourd’hui devant vous, le sens que prennent tout à coup ces heures, ces jours, ces soirées, ces semaines, ces mois passés à travailler à cet ouvrage. Cette confiance complète, pleine et entière du dirigeant syndicaliste Denis Cohen dont les convictions inébranlables dans la CGT ont été le plus sûr soutien. Et ces preuves dont je parlais tout à l’heure touchant à l’utilité d’un journal, ces preuves pour aujourd’hui et pour demain, mis à part chez vous, dans votre propre capacité à intégrer dans votre activité la vie d’un journal, il ne me semble pas pouvoir les trouver ailleurs. Et comme il s’agit de vous, et au-delà des syndiqués, permettez-moi de conclure par les mots d’un immense écrivain français, qui fut longtemps directeur d’un quotidien puis d’un hebdomadaire. Ces mots ne sont pas tirés d’un roman ni d’un poème mais d’un discours politique. Des mots pour les anciens comme pour les nouveaux, des mots non pour le passé mais bien pour ce qui vient, pour vous :

« Je n’ai pas toujours été l’homme que je suis. J’ai toute ma vie appris pour devenir l’homme que je suis, mais je n’ai pour autant pas oublié l’homme que j’ai été, ou à plus exactement parler les hommes que j’ai été. Et si entre ces hommes-là et moi, il y a contradiction, si je crois avoir appris, progressé, changeant, ces hommes-là, quand, me retournant, je les regarde, je n’ai point honte d’eux, ils sont les étapes de ce que je suis, ils menaient à moi, je ne peux dire ‘moi’ sans eux. Je connais des gens qui sont nés avec la vérité dans leur berceau, qui ne se sont jamais trompés, qui n’ont pas avancé d’un pas de toute leur vie, puisqu’ils étaient arrivés quand ils avaient encore la morve au nez. Ils savent ce qui est bien, ils l’ont toujours su. Ils ont pour les autres la sévérité et le mépris que leur confère l’assurance triomphale d’avoir raison. Je ne leur ressemble pas. La vérité ne m’a pas été révélée à mon baptême, je ne la tiens ni de mon père ni de la classe de ma famille. Ce que j’ai appris m’a coûté cher, ce que je sais je l’ai acquis à mes dépens. Je n’ai pas une seule certitude qui ne me soit venue autrement que par le doute, l’angoisse, la sueur, la douleur de l’expérience. Aussi ai-je le respect de ceux qui ne savent pas, de ceux qui cherchent, qui tâtonnent, qui se heurtent. Ceux à qui la vérité est facile, spontanée, bien entendu j’ai pour eux une certaine admiration, mais, je l’avoue, peu d’intérêt. Quand ils mourront, qu’on écrive donc sur leur tombe : ‘il a toujours eu raison…’ C’est ce qu’ils méritent et rien de plus. » Aragon. Conférence à la jeunesse, 21 avril 1959.

Un siècle de Vie ouvrière, par Denis Cohen et Valère Staraselski. Cherche midi éditeur, 175 p., 30€.


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