
J’avoue que j’en ai plus que marre des attaques portées contre Fabien Roussel, y compris dans les rangs du PCF et chez d’anciens communistes qui je n’oublie pas ont été pour certains d’entre eux, aux avant postes pour promouvoir la candidature Mélenchon en 2012, 2017 et 2022 et pour contester la ligne majoritaire du dernier congrès du PCF. Il est vrai que les plus anciens parmi eux contestaient déjà,Georges Marchais.
Ce qui m’amène à penser que les attaques contre Fabien Roussel, sont de même nature que celles qui visaient Georges Marchais en 1980, concernant l’immigration et l’affaire de Vitry [1]. Denis Maillard, philosophe, écrit dans un petit livre, "Indispensable mais invisible ?" aux éditions de l’Aube, p41 à 43 : "Adieu à la classe ouvrière : Vitry 1980". Denis Maillard écrit, "Georges Marchais rappelle que ces immigrés"musulmans" sont avant tout des ouvriers que le PC s’attache à défendre.....La société est devenue imperméable à une telle justification. Elle est désormais en proie à ce que Laurent Bouvet appelle "l’âge identitaire" : une manière de lire et d’interpréter les phénomènes sociaux à partir de critères comme l’origine géographique ou ethno-raciale, la culture et la religion.Ces enjeux identitaires et culturels sont devenus aussi déterminants, voire plus, que les enjeux économiques et sociaux"dans les comportements politiques et dans les stratégie des acteurs de la vie publique. Ce qui empêche alors d’enchâsser la question migratoire dans la question sociale. Désormais les ouvriers immigrés ne sont plus vus que sous les traits d’étrangers en proie à des discrimminations plutôt que comme des travailleurs aux prises avec la crise économique. A cette aune, la défense de Georges Marchais dans "l’affaire de Vitry" restera comme la dernière tentative de penser le monde du travail par-delà ses différences culturelles". Vous avez bien lu : "l’affaire de Vitry" restera comme la dernière tentative de penser le monde du travail par-delà ses différences culturelles".
Aquilino Morelle, conseiller politique de Jospin 1er Ministre et de François Hollande, Président de la République dans un ouvrage "La parabole des aveugles. Marine le Pen aux portes de l’Elysée", éditions Grasset, fait le même constat en montrant la statégie de Mitterrand et du PS qui avec la création de SOS racisme, qui était d’instrumentaliser la question migratoire au sens moral et culturel, favorisant la montée du FN et divisant ainsi la droite. il écrit p141 : "Ce 1er âge de "l’antiracisme", caractérisé par une valorisation de l’origine ethnique et de la différence culturelle, aboutirait, en effet, de façon fort logique, quelques décennies plustard à "l’antiracisme" actuel, radicalisé ayant fait le choix de reprendre l’idée de race à "l’adversaire" pour la "retourner" en établissant une séparation entre les dominants-les "blancs", bénéficiant du "privilège blanc"-et les dominés-"les non blancs" qu’on désignerait comme "racisés". A noter que Mélenchon en parfait disciple de son maître Mitterrand qu’il admire, poursuit la même démarche. Avec comme conséquences de cette dérive idéologique et d’abandon de la lutte de classe entre capital et travail, le lâchage par la gauche, de la classe ouvrière et la montée en puissance du FN, puis du RN. Le résultat des législatives de juin 2024 en témoigne, la gauche avec 28,30% fait le plus mauvais score de la gauche en 50 ans et l’extrême droite devient le 1er parti politique français.
Il est clair que si la gauche ne rompt pas avec cette idéologie, véhiculée par la petite bourgeoisie intellectuelle de gauche, y compris au sein du PCF, elle n’a aucune chance de revenir au pouvoir et l’extrême droite va poursuivre son ascension. Certes c’est le cacul de Mélenchon, avec la bordélisation de la vie politique, qui pense qu’il sera, si l’extrême droite arrive au pouvoir, celui en capacité de combattre et de rassembler autour de lui, les forces anti fascistes.
Un Parti communiste digne de ce nom, peut-il envisager un tel sinistre scénario ? Certainement pas. C’est le combat que mène Fabien roussel et la majorité de la direction du PCF afin d’éviter le pire et de reconquérir le vote de la classe ouvrière et tenter de détacher celle-ci du vote d’extrême droite. d’où les prises de positions sur la sécurité, sur le travail et le salaire préférable aux allocations, aux minimas sociaux et revenus de substitution et aujourd’hui sur le racisme anti blanc. Fabien Roussel et le PCF essaie de retrouver une identité et une parole communiste qui avait fait la force du PCF jusqu’aux années 80/90.
Face aux attaques dont il fait l’objet, Fabien Roussel, doit avoir le soutien et l’appui des communistes.
Jean-Claude Mairal
Post-scriptum : ci-dessous un article de Marianne qui met les choses au point sur le "racisme anti blanc" et qui donne raison à Fabien Roussel
Article de David Chauvet docteur en droit privé et sciences criminelles, dans Marianne du 27/03/2025
La publication du livre Une nuit en France (Grasset), de Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna et Marc Leplongeon, sur la mort de Thomas, rugbyman de 16 ans, tué à la fin d’un bal de village à Crépol (Drôme), dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023, a relancé le débat sur l’existence d’un racisme contre les Blancs et, pire, sur sa possibilité même. Éric Fassin, universitaire, qui, en théorie, se réclame de la vérité scientifique et de la raison, est souvent cité en référence sur le sujet.
Or, dans son propos, aucune trace de rationalité. Il n’est pas inutile de le citer in extenso au micro de France Culture, il y a quelques années : « Le racisme anti-Blancs n’existe pas pour les sciences sociales. Ça n’a pas de sens. Mais en revanche, c’est très présent dans le discours public. On en parle beaucoup. Il y a donc un écart entre ce que racontent les disciplines scientifiques et ce dont on parle dans le débat public. Mais bien sûr, il peut y avoir des insultes, il peut y avoir des agressions. Est-ce qu’on a besoin d’appeler ça du racisme, quand bien même on me dirait "sale Blanc" ? Les sciences sociales, de ce point de vue, sont très attentives à dire : si on commence à reprendre à son compte le discours de l’extrême droite qui nous dit que, au fond, tous les racismes, ça se vaut, eh bien, on est en train de nier la réalité de l’expérience d’une partie importante de nos concitoyens et de nos concitoyennes. Et dire que, au fond, traiter de "sale Blanc" et traiter de "sale Noir", c’est la même chose, c’est faire comme si, quand on dit "sale Blanc", ça résonnait avec toute une histoire, avec toute une expérience sociale ordinaire, et avec tous les discours politiques ».
Une définition problématique
Que la sociologie rejette en bloc le racisme anti-Blancs ne prouve ni son inexistence, ni son absence de fondement, pas plus que le géocentrisme n’avait été démontré par le consensus de l’époque. Tout ce que nous démontre Éric Fassin, pour peu que son propos reflète la réalité académique, c’est que la sociologie est gangrenée par un biais monstrueux. D’abord, une science digne de ce nom ne saurait être aussi monolithique, sous peine de verser dans le dogme. C’est déjà, en soi, un problème majeur, et un scientifique honnête devrait s’en inquiéter, plutôt que de s’en féliciter aussi benoîtement.
Ensuite et surtout, Éric Fassin commet une erreur grossière en niant la pertinence de la notion de racisme anti-Blancs. Il confond manifestement le concept de racisme avec celui de racisme systémique. Or, il est évident que ces deux notions sont distinctes, ne serait-ce que par la présence de l’adjectif « systémique ». Si le racisme était systématique par essence, il serait inutile de le préciser, et encore moins de le justifier comme le font ad nauseam Éric Fassin et autres militants décoloniaux.
Le concept de racisme qu’ils défendent n’a aucune correspondance avec la définition communément admise. Un scientifique, s’il se veut descriptif, devrait s’adapter aux concepts existants, et non les remodeler à sa guise. Sinon, il verse dans le normatif, c’est-à-dire l’idéologie, et son analyse devient partisane, perdant toute prétention à l’objectivité.
Exclure l’antisémitisme ?
Il est facile de démontrer qu’Éric Fassin et ses partisans ont une conception du racisme non seulement biaisée, mais absurdement restrictive. Ils le réduisent à un phénomène systémique, se manifestant principalement par des discriminations, par exemple à l’embauche ou au logement. Mais les juifs, par exemple, ne sont-ils pas victimes de racisme lorsque des minorités les traitent de « sales juifs » ? L’antisémitisme doit-il être exclu du concept de racisme sous prétexte qu’il n’est pas systémique ? Si telle est la position d’Éric Fassin, qu’il le dise. Mais il y gagnerait sans doute moins en objectivité, hélas, qu’en obscénité.
Éric Fassin nous parle aussi d’une longue histoire de domination, avec les Blancs comme dominants et les Noirs comme dominés. Très bien, mais qu’en est-il d’un Noir traitant un Arabe de « sale Arabe » en référence à la traite arabo-musulmane ? Cette insulte n’est-elle pas raciste ?
On pourrait multiplier ces exemples, dont la seule existence prouve que la cohérence du concept de racisme défendu par Éric Fassin est loin d’être évidente. Cela mériterait, pour le moins, un débat approfondi, débat qu’il refuse a priori au nom d’un consensus entre convaincus. Sur quoi est-il basé, la science ou le politiquement correct ? Combien osent braver un tel consensus, quand on voit qu’une maison d’édition doit reculer sous les oukases d’un mandarin ? L’intimidation est un très bon moyen de générer le consensus, en effet.
Une réalité juridique
Lorsqu’Éric Fassin, ne pouvant nier l’existence factuelle du racisme anti-Blancs, en modifie le concept, c’est très grave, car cela revient à instaurer une discrimination à l’encontre des Blancs. En effet, selon sa logique, ils ne pourraient plus bénéficier de la protection du Code pénal contre le racisme. Le fait est que, n’en déplaise à Éric Fassin, le racisme anti-Blancs est une réalité juridique.
Exemple, l’article R625-7 du Code pénal, situé dans une Section 3 intitulée « Des provocations, diffamations et injures non publiques présentant un caractère raciste ou discriminatoire » : « La provocation non publique à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée est punie de l’amende prévue pour les contraventions de la 5e classe. »
Monsieur Fassin croit-il lire que les Blancs ne peuvent pas porter plainte pour racisme ? En réduisant le racisme à sa dimension systémique, il crée de facto une discrimination légale contre les Blancs. Sans doute, à l’image de monsieur Jourdain avec la prose, Éric Fassin s’adonne-t-il au racisme systémique sans le savoir.
[1] Sur "l’affaire de Vitry", lire sur le site un entretien avec Fabienne Pourre : https://lafauteadiderot.net/Bulldozer-de-Vitry-en-1980-que-s-est-il-vraiment-passe-au-foyer-ADEF-de-Vitry