Il y a 5 ans, le 28 juin 2018, disparaissait le philosophe italien Domenico Losurdo. Il laissait derrière lui une œuvre considérable, traduite dans de nombreux pays. En France, la connaissance de son travail est limitée par l’absence de traduction de ses derniers ouvrages (La gauche absente, Le marxisme occidental, et La question communiste, ouvrage publié après sa mort) qui s’ajoute à l’absence de réédition de livres plus anciens épuisés (Hegel et les libéraux, Heidegger et l’idéologie de la guerre, Gramsci, du libéralisme au communisme critique). Plusieurs de ses livres majeurs restent cependant disponibles (notamment Contre-Histoire du libéralisme, Fuir l’histoire, Lutte de classe une histoire politique et philosophique, Nietzsche, le rebelle aristocratique…).
Peu après sa disparition Guillaume Fondu signalait dans Le Monde diplomatique l’apport de Domenico Losurdo dans le domaine de la « généalogie intellectuelle des forces politiques », avec Contre-histoire du libéralisme, où le philosophe mettait en évidence les clauses d’exclusion historiquement constitutives de la pensée libérale. Losurdo apporte également une contribution majeure pour restituer l’histoire et le sens du 20ème siècle, par delà les clichés dominants. Ce sont les aspects les plus connus de son travail.
Au-delà, Losurdo avait à coeur de contribuer à une « reconstruction du matérialisme historique ». C’est ce qu’il soulignait en conclusion d’un entretien publié dans le livre L’humanité commune de Stefano Azzara (accessible également sur La faute à Diderot) : « En lisant Marx et Engels, on a parfois l’impression qu’avec le dépassement définitif du capitalisme, sont destinés à disparaître, en plus des classes antagonistes, également l’État, la division du travail, les nations, les religions, le marché, toute source possible de conflit. L’histoire du « socialisme réel » est également l’histoire de la prise de conscience (partielle, contradictoire et douloureuse) du caractère illusoire d’une telle perspective. Il faut développer une idée d’émancipation radicale et cependant réaliste ; il ne faut pas perdre de vue l’épaisseur de l’être social de l’État, de la nation, de la langue, de la religion, du marché, l’épaisseur de tout ce qui avait été appelé à disparaître. Plus encore que l’idéalisme de la première nature, il faut combattre l’idéalisme de la seconde nature : c’est dans cette perspective qu’apparaît essentielle l’élaboration d’une ontologie de l’être social. À mes yeux théorie générale du conflit d’un côté et ontologie de l’être social de l’autre sont les deux fondements sur lesquels on peut reconstruire le matérialisme historique et donner un nouvel élan au projet d’émancipation révolutionnaire issu de Marx et Engels. » [1]
Entretien avec Domenico Losurdo et Valère Staraselski (fête de l’Humanité 2010)
Le sens du vingtième siècle, Entretien entre Domenico Losurdo et Stefano G. Azzara
De Gramsci à Losurdo : grandeur de la philosophie politique révolutionnaire, Par Eric Le Lann
Eau de vie et Christianisme. A propos du livre de Domenico Losurdo : Nietzsche, le rebelle aristocrate , Un article d’Hans-Martin Lohmann, paru dans l’hebdomadaire Die Zeit
Lutte des classes : Losurdo contre la pensée binaire, Eric Le Lann a lu « La lutte des classes, une histoire politique et philosophique », de Domenico Losurdo
Gramsci, la Russie soviétique et la critique du populisme, Intervention de Domenico Losurdo au colloque de la Fondation Gabriel Péri sur Gramsci
Togliatti, Gramsci : un entretien avec Domenico Losurdo
A propos du livre « Stalin, storia di una leggenda nera », Une lettre d’André Tosel au quotidien italien Libérazione
"Penser un puissant projet d’émancipation qui ne prétende pas être la fin de l’histoire" , Un entretien avec Domenico Losurdo réalisé par Baptiste Eychart
Dialectique, histoire et conflit, Un entretien avec Domenico Losurdo pour Chinese Social Sciences Today
Staline et le stalinisme dans l’histoire (2), Intervention de Domenico Losurdo à la Fondation Gabriel Péri
Le retour de la lutte de classe , Entretien avec Domenico Losurdo paru dans la revue italienne Critica Liberale
La non-violence. Une histoire hors du mythe, Entretien avec Domenico Losurdo et Marie-Ange Patrizio
Avec Gramsci, par-delà Marx et par-delà Gramsci, Un texte essentiel de Domenico Losurdo
[1] Extrait de l’entretien avec Stefano G. Azzara « Le sens du 20ème siècle », publié dans L’humanité commune, Mémoire de Hegel, critique du libéralisme et reconstruction du matérialisme historique chez Domenico Losurdo. Stefano G. Azzara. Editions Delga. L’entretien est en ligne sur La faute à Diderot : htps ://lafauteadiderot.net/Le-sens-du-20eme-siecle