La lecture de l’article de l’Humanité de ce matin « …Donald Trump suspend les aides militaires à l’Ukraine » m’a rendu très perplexe. L’auteur semble, en creux, soutenir la politique de livraison d’armes. Mais il n’y a rien de pire que de poursuivre la guerre par procuration contre la Russie : l’occident livre des armes et les Ukrainiens meurent sur le champ de bataille. De deux choses l’une, ou bien on considère que la Russie de Poutine est une menace existentielle pour l’Europe et la France et alors il faut se mobiliser et combattre en risquant sa vie. C’est la leçon que nous avons tirée en son temps du non-interventionnisme en Espagne lorsque Franco a instauré sa dictature. Ou bien on considère de façon un peu plus sensée que la Russie n’a aucun moyen d’envahir l’Europe, ni militaire, ni économique, ni politique. Poutine n’est pas parvenu à conquérir l’Ukraine parce qu’il ne peut pas décréter une mobilisation générale que les Russes n’accepteraient pas ; il ne peut compter que sur une armée professionnelle, donc limitée. Les Français et les européens ne sont pas plus prêts à risquer leur vie pour combattre la Russie de Poutine. Demander aux Ukrainiens de le faire à leur place prétendument pour « sauver la démocratie » et simplement en leur livrant des armes relève d’une hypocrisie criminelle.

Faudrait-il donc aujourd’hui laisser le discours pacifiste à l’extrême-droite ? Comment ne pas ressentir un profond malaise à l’écoute des grands dirigeants occidentaux ? Trump apparaît le seul à vouloir en finir avec la « boucherie » en Ukraine. En Europe, c’est de l’extrême droite que se font entendre les plus fortes voix pour que la négociation se substitue à la guerre. C’est le monde à l’envers. Gauche, réveille-toi !

Défenseurs d’un capitalisme débridé incapable d’offrir les moindres perspectives de progrès, les gouvernants européens ne font qu’agiter les peurs. Peur de la dette publique que nous léguerions aux générations futures ; peur de l’immigré qui menacerait la sécurité, l’identité nationale et la culture européenne ; peur de la Russie qui menacerait la démocratie et notre liberté... N’est-ce pas pour nous faire oublier, par exemple, combien la démocratie française a été piétinée pour imposer la réforme des retraites à coup de 49.3 contre la volonté de 2 français sur 3 et près de 9 salariés sur 10 ? N’est-ce pas encore pour nous faire oublier que nous sommes en France gouvernés par une minorité politique rejetée par une majorité de citoyens ? Et voici aujourd’hui l’auteur de ces forfaitures, le Président Macron, qui se présente au rassemblement de Londres comme le défenseur de la démocratie européenne contre le danger de la dictature de Poutine et en appele à l’unité nationale. Gauche, réveille-toi !

Michel Doneddu
Nanterre, le 4 mars 2025