La Faute à Diderot met en ligne un document historique peu connu : des extraits d’une brochure de Gustave Hervé qui en appelait dès 1936 au recours à Pétain. Philippe Pivion, qui nous a transmis ce texte, le présente.
Pétain, produit d’une débâcle idéologique.
En juin 1940, surgit l’homme au dessus de la mêlée, celui qui « fait don de sa personne à la France », le Maréchal Philippe Pétain. Le vainqueur de Verdun est présenté comme providentiel et, en quelque sorte, non-partisan. Pour ma part, je pense qu’il est le produit d’une maturation, d’une préparation, fabriqué par les tenants d’un fascisme à la française et par le grand patronat de l’époque.
Le petit ouvrage d’un certain Gustave Hervé paraît bien instructif à cet égard. Publié en 1936, « C’est Pétain qu’il nous faut » est sinistrement prémonitoire. Gustave Hervé, passé du socialisme au fascisme, du pacifisme au militarisme a créé en 1919 le Parti social national. Il admire Mussolini dès 1922. C’est donc un précurseur du fascisme français et de Doriot. Une ligne de fracture le sépare néanmoins des nationaux socialiste-allemands : il récuse l’antisémitisme. Ils ne lui pardonneront pas, en 1940 son journal sera interdit, et lui-même sera inquiété par la Gestapo.
Revenons à « C’est Pétain qu’il nous faut ». Ce qui frappe, c’est que la politique maréchaliste soit décrite dans le détail avec minutie. Les provinces, les métiers, l’organisation sociale, le dépassement des égoïsmes. C’est le programme du gouvernement de Pétain écrit avec quatre années d’avance. On ne peut imaginer que celui-ci ne soit que le produit de la plume du ci-devant Gustave Hervé. Il est le résultat d’une pensée de l’époque, d’un processus historico-politique, d’une réflexion collective. Pire, il anticipe ce qui sera sans qu’on y fasse référence par la suite. Gustave Hervé n’a donc que compilé ce qui fermentait à l’esprit de ses amis.
Que nombre de Français aient cru à la destinée de Pétain à l’heure où les repères avaient disparus, où les inquiétudes les plus lourdes écrasaient le peuple, où l’on cherchait le bras protecteur d’un Père, c’est une certitude. Mais après avoir lu ce livret, après avoir constaté que le maréchal représentait la France auprès de Franco dès mars 1939, on ne peut plus dire qu’il est issu du hasard de l’Histoire, mais qu’au contraire, il est le produit d’un mouvement politique fasciste français. Son avènement est rendu possible par les renoncements stratégiques initiés dès 1933, et par la débâcle idéologique de la 3ème République, avant la débâcle militaire. Philippe Pivion [1]
C’est Pétain qu’il nous faut (Extraits)
Un an avant les élections de mai 1936, nous avons, dans notre quotidien socialiste-national la Victoire, crié casse-cou à tous les patriotes. Nous les avertissions que nous allions vers une situation révolutionnaire et à la guerre civile.
Et nous leur déclarions que le seul moyen pratique et rapide d’écarter de nous ce malheur, c’était le ralliement national derrière le grand nom et le panache de Pétain et sur un programme de Révision constitutionnelle, pour remplacer la République parlementaire basée sur les factions politiques, par une République autoritaire à base professionnelle.
A peine quelques hommes politiques ont retourné la tête : même dans les milieux qui se vantent d’être nationaux et nationalistes, notre voix est restée dans écho.
Les élections de mai 1936 ont créé la situation révolutionnaire que nous prédisions.
Après quelques semaines de stupeur, provoquée par l’occupation des usines, voici que nos conservateurs et modérés, qui nous ont conduits là avec leur manque de sens politique et leurs pauvres programmes soporifiques à faire bailler le corps électoral, reviennent à leur misérable politique de replâtrage et de rafistolage. Ils rêvent encore de détacher du Front populaire les radicaux-socialistes et de reconstituer avec eux une fois de plus un ministère de Concentration Républicaine ou d’Union Nationale, mi-radical, mi-modéré.
S’il s’agissait d’un expédient passager, d’une hâtive manœuvre de sauvetage pour liquider au plus vite le Front Populaire avant qu’il n’ait fait des malheurs irréparables, il n’y aurait rien à redire. Il n’y aurait rien à redire surtout qu’il était bien entendu à l’avance qu’il ne s’agit pas là d’un expédient d’un jour et, qu’après, on recourra tous ensemble à la grande opération de salut public, la Révision Constitutionnelle, qui seule peut sauver la France en perdition.
Mais nos conservateurs et nos modérés n’ont malheureusement pas de projets si vastes ni d’idées aussi audacieuses. Attachés au Régime parlementaire, c’est-à-dire au gouvernement des factions politiques, la formation de ministères dits d’union nationale mi-radicaux, mi-modérés n’est pas pour eux un pis aller, un moyen de fortune, quelque chose comme l’épave que saisit un homme qui se noie, en attendant un secours moins précaire. Non, pour eux c’est une fin. Pour eux, c’est le Salut définitif. Ils croient sauver la France en recommençant le petit jeu des ministères d’union nationale comme celui de Poincaré en 1926 après la chute verticale du franc, ou comme les ministères Doumergue-Herriot, Flandin-Herriot, Laval-Herriot après l’affaire Stavisky. Ils prétendent d’ailleurs que des programmes révisionnistes plus ambitieux, à l’emporte-pièce, provoqueraient infailliblement de violentes réactions de l’extrême-gauche qu’ils veulent éviter à tout prix, comme si l’on pouvait désormais sauver la France sans livrer bataille, du moins sur le terrain électoral, aux forces de démolition et de subversion !
Leur épouvantable erreur, qui peut tuer la France, c’est de ne pas comprendre que la barque une fois réparée suivant leur méthode, et la tempête actuelle passée, une vague révolutionnaire plus haute que celle de 1936 s’abattrait de nouveau sur la France : car cette vague ne cesse de grossir, par l’entrée en ligne des jeunes générations qui, par le travail sournois et continu de l’école irréligieuse et anarchisante – cette grande pensée du parti radical ! – abandonnent de plus en plus les radicaux pour aller aux partis révolutionnaires extrémistes.
Si l’on continue les mêmes errements, plus de doute : par la misérable politique sans courage et sans audace qui a été jusqu’ici celle de nos modérés, la France descendra la côte si bas qu’elle ne pourra plus la remonter, et elle finira comme l’Espagne, si elle ne finit pas comme la Russie.
Aujourd’hui on peut encore remonter la côte.
En profitant de la dure leçon que sont pour toutes nos classes moyennes et pour notre paysannerie l’occupation des usines et le tragique avertissement qui nous vient d’Espagne, on peut, à la faveur de l’inquiétude et de l’indignation générales, balayer le régime parlementaire qui est devenu pour la France l’obstacle à tout redressement durable : on le peut à la condition d’avoir un nom à panache – et pas réactionnaire – pour couvrir cette grande opération de salut public.
Sans nous décourager, nous recommençons aujourd’hui notre campagne révisionniste, assurés cette fois que, devant l’évidence de la menace et l’imminence de la catastrophe, nous ne parlerons plus dans le désert.
Plus que jamais, nous crions à toute la nation : « C’est Pétain qu’il nous faut ! »
Le cyclone de la guerre mondiale, en détraquant les nerfs des hommes et l’organisme économique et financier de tous les Etats a rapproché de nous, Français, et de tous les peuples d’Europe un danger qui grossissait avec une rapidité effrayante déjà avant la guerre de 1914.
Une vue superficielle des choses fait croire à beaucoup de bons esprits que c’est la Révolution bolcheviste de Moscou qui est la cause de tous nos maux actuels. Hélas ! le mal est beaucoup plus ancien et plus profond. Il remonte au formidable évènement qu’a été notre Révolution française de 1789-93, dont la Révolution russe de 1917 n’est qu’une lamentable conséquence.
La grande Révolution française a eu en effet un succès redoutable dans toute l’Europe, par les idées subversives qu’elle a lancées dans le monde avec tant de fracas.
La première de ces idées, c’est que, dans chaque nation, la souveraineté doit appartenir au peuple, c’est –à-dire aux masses populaires, c’est-à-dire au nombre. Ce que veut la majorité légale d’un pays doit être la loi suprême. Au bon plaisir du monarque absolu a succédé le bon plaisir de la multitude. Et il s’est formé, naturellement, dès le XIXème siècle, dans tous les pays de civilisation occidentale, des partis politiques, conduits par des idéologues et des mystiques bien intentionnés, par des aigris ou des envieux, par des politiciens de carrière et des ambitieux, qui se sont fait une spécialité de flatter les passions généreuses ou malsaines du corps électoral, en lui parlant fort peu de ses devoirs.
La doctrine de la Révolution française comportait une autre idée non moins subversive : c’est que la religion est un tissu de fables et d’absurdités inventées par des demi-fous ou des charlatans pour tromper les peuples et faciliter leur asservissement par les classes dirigeantes.
Cette idée eut dans une grande partie de la bourgeoisie et dans les masses populaires, surtout dans les pays latins que la parenté des langues rendait plus pénétrables à la littérature française, un succès aussi fou que l’idée de la dictature des masses : la religion avec ses disciplines morales était une contrainte dont on était si heureux de se débarrasser !
A peine la Révolution française avait-elle commencé ce grand ébranlement des esprits qui coïncida avec de grandes découvertes scientifiques et les premières applications de la vapeur et de l’électricité au machinisme, que d’autres idéologues français, Saint-Simon, Fourrier, Louis Blanc expliquèrent que l’égalité démocratique chez les peuples modernes ne devait pas se borner à une illusoire égalité politique, que l’intérêt social et la justice exigeaient que la propriété fut considérée comme une sorte de fonction publique. La nouvelle catégorie d’idéologues précisait que le socialisme – c’est ainsi qu’on appelait la doctrine nouvelle qui se greffait sur la doctrine démocratique et égalitaire de la Révolution française – mettrait bon ordre aux injustices et aux désordres des régimes basés sur la propriété individuelle en donnant à la collectivité, à la communauté la propriété des usines, des banques, des magasins, des moyens de transport et en général de tous les moyens de production et d’échange.
UN juif déraciné, né en Allemagne, mais détaché de toute nationalité, Karl Marx, qui avait mis au point à Paris, en 1848, ces idées collectivistes et communistes qui flottaient déjà à ce moment dans l’air de France, y ajouta de son cru cette idée non moins révolutionnaire qu’après tout les ouvriers et les pauvres étaient des parias dans les patries « bourgeoises » et « capitalistes », qu’ils devaient tous s’unir par-dessus les frontières, dans une vaste Internationale des travailleurs, pour faire une Révolution sociale dans le monde entier : cette Révolution sociale jetterait bas les patries « bourgeoises » et les remplacerait par des patries « collectivistes ou communistes », où la communauté serait propriétaire de tout le sol, de tout le sous-sol, de toutes les entreprises privées d’aujourd’hui et distribuerait à chacun sa juste part de travail, et de denrées ou d’objets de consommations.
Toutes ces idées subversives gagnaient un terrain énorme dans tous les pays d’Europe lorsqu’éclata la guerre mondiale de 1914.
(…)
Les circonstances favorables pour faire un redressement national complet sont réunies : après l’occupation des usines, des bureaux, des magasins, après la menace d’occuper les fermes, après la grande leçon qu’est pour nous le spectacle de la guerre civile en Espagne, toute la France sérieuse, patriote, pratique, économe, ennemie du désordre, de la banqueroute et de la guerre civile est prête à serrer les rangs pour barrer la route à la catastrophe que cette fois tout le monde voit venir.
L’idée est ancrée en outre dans tous les esprits que seule une révision profonde de notre Constitution politique, une refonte totale de notre régime républicain, empêcheront le pire et que l’heure des réformettes est passée : l’idée de la République autoritaire et plébiscitaire à base professionnelle, qui flotte dans l’air, prendra corps dès qu’une propagande intensive et méthodique, poursuivie avec de gros moyens financiers, aura mis quelques idées nettes à ce sujet dans la cervelle du peuple français.
Mais il faut un Chef pour opérer le ralliement national autour d’un tel programme de Salut public. Quand on expliquera au corps électoral, qui en France ne manque pas de sens critique, qu’on veut confier le gouvernement du pays à un chef suprême, tout en maintenant la République, son esprit de liberté intellectuelle, de justice sociale et de paix internationale, les électeurs nous diront : « A qui allez-vous passer le commandement ? »
Il faut avoir un nom à lui sortir, un nom qui parle à son esprit et à son cœur, un nom populaire, prestigieux, un nom illustre qui dispense d’une longue présentation et de longs discours.
Nous l’avons, le nom illustre et prestigieux et populaire ; nous l’avons, l’homme providentiel que la France trouve toujours en ses heures d’extrême péril.
Qui ?
Pétain, le grand soldat de Verdun, le plus illustre des survivants de la Grande guerre, puisque Clémenceau, Joffre et Foch nous ont quitté.
Il est trop vieux ?
Sans doute, il eût été préférable qu’il fût plus jeune. Mais, quand à l’une des heures les plus sinistres de la Grande guerre Clemenceau prit le gouvernail, il avait à peu près l’âge qu’a Pétain aujourd’hui, et l’histoire raconte qu’il n’a pas trop manqué d’énergie. Pétain a une carcasse de la même trempe, la même volonté de fer, le même esprit de décision, le même goût de l’action, et dans le service la même dureté que le Tigre, avec, osons le dire sans médire de Clemenceau, plus de pondération et un bon sens plus robuste.
Le Maréchal Hindenburg était aussi un vieil homme, quand en 1925 – il avait alors 78 ans – l’Allemagne se trouva à un tournant de son histoire. Le Président socialiste de la République allemande, Ebert venait de mourir. Il fallait le remplacer. Et les social-démocrates allemand, marxistes de lutte de classe, faisait bloc sur le chancelier Marx, qui était le candidat des catholiques. Si le chancelier Marx était élu, il serait l’homme de la social-démocratie. Les nationalistes allemands qui avaient en horreur non seulement le marxisme, mais la République parlementaire et démagogique installée à Berlin par les Alliés victorieux, dressèrent en face de l’homme de confiance des social-démocrates et de la République parlementaire le seul homme qui eût des chances à cette date de contenir la vague rouge : ils présentèrent la candidature du vieux Maréchal Hindenburg qui fut élu président du Reich. Sans cette élection, la vague hitlérienne qui grandissait se heurtait à un Président de la République prisonnier de la social-démocratie : c’était la guerre civile en Allemagne. L’élection du vieux Maréchal épargna à ce grand pays cette nouvelle épreuve et quand la vague hitlérienne devint irrésistible, Hindenburg évita la guerre civile en prenant Hitler comme chancelier, Hitler dont nous pouvons, nous Français, critiquer l’antisémitisme et tel ou tel acte politique, mais dont personne ne conteste qu’il a remis l’Allemagne debout et qu’il l’a délivré de ce qu’elle appelait d’une voix unanime « les chaînes de Versailles ». C’est un grand vieillard, Hindenburg, mort Président du Reich à 84 ans, qui fut le premier grand ouvrier de la merveilleuse résurrection allemande.
Après de tels exemples, pourquoi opposer son âge à Pétain, si vert de corps et d’esprit ?
Connaissons-nous d’ailleurs un homme vieux ou jeune autour de qui on pourrait, aussi bien que derrière Pétain, opérer le ralliement national et refaire l’unité française brisée par les factions ?
N’importe quel homme politique connu qu’on choisirait, déformé de longue date par la vie parlementaire, usé par les luttes récentes ou anciennes des partis et des factions, apparaîtrait, à côté de lui, sans autorité morale et sans prestige.
Son nom serait un brandon de discorde au lieu d’être comme celui de Pétain un trait d’union et un point de rassemblement, que cet homme s’appelât Millerand, Doumergue ou Tardieu.
Qu’on pèse d’autre part les hommes qui en dehors des milieux parlementaires s’efforcent de grouper des patriotes en vue des luttes politiques prochaines. Ils ont tous une clientèle plus ou moins grande. Mais parce qu’ils recrutent du monde pour la bataille, ils sont de suite discutés, contestés, et au lieu d’unir, ils divisent, même quand ils parlent d’union. Il suffit surtout qu’ils aient une particule ou un titre nobiliaire, comme l’homme admirable qu’est le colonel de la Rocque, pour être immédiatement considérés comme des suppôts ou des agents de la réaction…dans un pays qui depuis 60 ans sans discontinuer a voté pour les partis de gauche.
Avec Pétain, rien de tel : il est hors de la politique ; il ne lui doit pas sa réputation et sa gloire ; il est au-dessus de la politique et des factions : c’est comme tel que le Président Doumergue lui a demandé de prêter son noms comme ministre de la Guerre d’un gouvernement qui, dans la pensée de Doumergue, devait être un gouvernement d’union nationale, d’apaisement national, de réconciliation nationale.
Nous avons même la bonne fortune que, distingué par Painlevé et Doumergue, hommes de gauche, Pétain, issu de notre paysannerie, ne passe pas pour un réactionnaire et, quoique Maréchal de France, pour un chercheur d’aventures guerrières ni un « traîneur de sabre ».
Et compte-t-on pour rien le fait que pour parler à l’Allemagne militariste, et essayer de faire avec elle une réconciliation complète devenue nécessaire au salut de l’Europe, le grand soldat de Verdun n’a pas son pareil en France ?
De quoi s’agit-il au surplus ?
Pour le moment, Pétain n’a rien à faire, ni à dire. Les Maréchaux de France sont en activité de service jusqu’à leur dernier souffle. Ils ne sont jamais mis à la retraite. Ils sont tenus à la discipline militaire et au silence comme des soldats de deuxième classe. Nous n’avons heureusement pas besoin de lui demander son consentement pour faire de l’agitation autour de son nom, et pour opérer le ralliement autour de son panache. Il peut rester silencieux et en dehors de la dernière bataille politique à livrer. Nous n’avons pas besoin de son autorisation pour faire la prochaine campagne révisionniste en son nom. Nous avons seulement besoin de pouvoir répondre au corps électoral : « nous élirons Pétain ! ». Car ce nom-là a toutes les chances de victoire.
Vous dites : « Et si Pétain refuse de se laisser élire, après une victoire électorale sur son nom ? »
Pétain ne refusera pas. Il ne peut pas refuser. Il est habitué à servir. Quand le pays l’appellera, comment peut-on imaginer une seconde que le grand soldat de Verdun se dérobera ? Quand la nation lui dira qu’elle a besoin de lui pour la sauver, voyez-vous Pétain refusant de marcher ? de se dévouer ? Est-ce que ses hommes refusèrent de marcher à Verdun ?
Elu président de la République autoritaire – après sa désignation par le congrès de Versailles et la ratification de ce choix par le plébiscite, - nous ne lui demanderons rien, à Pétain, qui ne soit au dessus de ses forces.
Il ne s’agira pas pour lui d’aller s’épuiser en débats interminables, énervants, devant une chambre souvent houleuse : il n’y aura plus de Parlement. Et ce sont ses ministres qui iront expliquer et soutenir ses projets de décrets-loi devant les sections compétentes du Conseil d’Etat. En outre, il sera doublé de l’homme de confiance qu’il aura choisi comme Vice-Président de la République.
Le plus gros de sa tâche, en somme, consistera à choisir les 7 à 8 ministres à l’aide de qui il gouvernera et administrera le pays. Or autant il est difficile de trouver l’homme providentiel capable de permettre sur son nom le ralliement national, autant il est facile de trouver dans chaque branche de l’activité nationale, parmi les hommes de valeur, parmi les chefs de valeur qui sont légion en France, les septe à huit ministre qu’il faudra placer à la tête des sept à huit ministère : d’autant plus qu’on pourra les choisir désormais non pas seulement parmi les anciens parlementaires qui ont donné des preuves d’autorité et de caractère, même s’ils n’ont pas pu donner toute leur mesure dans le misérable régime parlementaire, mais parmi les hommes de haute valeur qui se sont révélés à la tête des grandes affaires privées ou dans les hautes fonctions des administrations publiques.
Il y a dans les anciennes équipes ministérielles, dans les grands services publics, dans les grandes affaires bancaires, agricoles, industrielles, commerciales, tout un personnel de premier ordre. Pétain n’aura que l’embarras du choix pour trouver un ministre de l’Economie nationale, un ministre des Finances, un ministre de la Défense nationale, un ministre de la Justice, un ministre de l’Education nationale et des Cultes, un ministre des Colonies, un ministre de l’Intérieur, un ministre des Affaires étrangères, et plus de secrétaire d’Etat qu’il n’en voudra.
Le rôle d’un grand chef militaire comme Pétain à la tête de l’Etat, lui qui est habitué à choisir des chefs et à prendre de lourdes responsabilités consistera à suivre de haut la gestion de ses ministres, à faire acte d’autorité et de décision dans les cas très graves, et à couvrit le gouvernement tout entier et la France de sa grande autorité morale et de son immense prestige à l’intérieur et à l’extérieur.
Personne n’exigera du Maréchal-Président une compétence universelle : Hitler qui n’a rien d’un financier a trouvé Schacht pour exercer une véritable dictature financière et économique en Allemagne, dans les circonstances les plus dramatiques qu’une grande nation puisse connaître. Ce qu’a fait Hitler, en Allemagne, un homme de la vaste culture de Pétain, un manieur d’hommes qui a son expérience, ne le ferait pas en France ?
Mais si Pétain tombe malade ou meurt avant la bataille électorale prochaine et avant le triomphe de la grande cause nationale ?
Si nous avions cette grande malchance, eh bien ! nous ferions le rassemblement national derrière le nom de Weygand, qui a dix ans de moins que Pétain, dont le nom, sans être aussi populaire, est presque aussi illustre, qui est un grand soldat comme Pétain, un grand Français comme lui, en dehors et au-dessus des factions politiques comme lui, et à qui ses adversaires n’ont jamais eu à reprocher d’autre crime que d’être un catholique croyant et pratiquant comme Foch. Et malgré sa répugnance pour la politique, Weygand ne se déroberait pas plus que Pétain, quand il aura compris qu’il ne s’agit pas ici de politique, mais de sauver la France.
Heureusement, Pétain est solide, et n’a pas envie de mourir.
Quand un an avant les folles élections de mai 1936, la Victoire lança l’idée du ralliement national autour du grand nom de l’illustre soldat, elle reçut, entre plusieurs centaines de lettres d’anciens combattants, cette lettre d’une prose savoureuse qui émane d’un homme du peuple, petit artisan de province, avec prière de la transmettre au maréchal :
Ex-zouave A… B…, 45e Division, 1914-1919, à Monsieur le Maréchal de France, Pétain.
Monsieur le Maréchal,
Tous ceux qui firent la guerre ont pour vous un grand respect fait d’affection, de confiance, de dévouement total si besoin est,
Alors, Monsieur le Maréchal, sans oublier la petite chose que je suis, je voudrais aujourd’hui non pas vous donner des conseils, je suis trop ignorant, trop petit, trop incapable pour cela, mais je voudrais vous causer un peu de la France !...
Le pays est malade moralement, matériellement, et seul un grand effort sur lui-même peut le sauver. Il y a beaucoup de charlatans ais peu de docteurs qui inspirent confiance, et sachant se faire écouter, car ils sont entachés les uns et les autres par de mesquines querelles dont ils ne parviennent pas à s’évader.
Cependant, le temps presse.
Alors, poilu d’autrefois, je me tourne vers vous pour vous dire, Monsieur le Maréchal : ne laissez pas ce pays en doute avec lui-même. Sonnez le réveil des poilus autour de vous. Ils se retrouveront tous frères des tranchées, parce que vous seul avez su conquérir leur cœur ; alors parlez, ne restez pas muet, et dans la lutte entrez de plain-pied !
Alors dites, Monsieur le Maréchal, est-ce que vous laisserez les poilus dans la patauge, alors qu’ils n’attendent, dans la proportion de 80% et plus, qu’un signe de leur ancien chef pour se grouper unis derrière lui ?
Monsieur le Maréchal, ne nous abandonnez pas ! Aidez-nous à refaire cette pauvre France que les salopards ont laissée s’étioler. Vous serez le chef et nous vous obéirons.
Je vous salue respectueusement de tout mon cœur.
A.B…
Croix de Feu n°16.657, marié en 1920, père de 7 enfants, tous vivants.
Il y a des millions d’anciens combattants qui sentent et pensent comme ce « poilu » héroïque.
Nous répétons à tous les patriotes, qu’ils soient de gauche ou de droite, qu’il n’y a qu’un seul moyen de soulever et de purifier toutes les mares stagnantes de la France à la fois, par un grand vent de patriotisme et d’enthousiasme, et d’arracher notre peuple, qui est un peuple de braves gens, à son indiscipline et à l’emprise des politiciens de tous les partis : c’est de lancer dans la prochaine grande mêlée électorale, au dessus et en dehors des partis, le grand nom de Pétain.
Alors, dans toutes les circonscriptions électorales, tous les anciens soldats vont revivre par la pensée les années de souffrance, de sacrifices, d’héroïsme qu’ils ont vécues pendant l’horrible et glorieuse guerre pour la défense de la patrie envahie. Voter pour le « candidat Pétain » ce sera voter pour le grand chef, si aimé dans la troupe, dont la seule nomination comme généralissime, à l’heure terrifiante des mutineries du front qui faillirent nous faire perdre la guerre en juin 1917, calma la tempête, ramena tout le monde au sentiment du devoir, et rétablit la situation comme il l’avait rétablie dans les affreuses journées de février 1916, lorsque le Kaiser put annoncer qu’il s’était emparé de Douaumont, « le principal fort, de la principale forteresse, de notre ennemi principal ». Et chacun de ceux de Verdun racontera à ses enfants les jours atroces et héroïques de cette bataille de géants, et ces temps d’union sacrée où Français de toutes les professions et de toutes les croyances se battaient et mourraient côte à côte pour la patrie commune. Partout, d’un bout à l’autre de la France, les anciens combattants comprendront d’un seul coup que l’heure est tragique puisque c’est Pétain qui revient, malgré son grand âge, pour tirer, comme dit l’autre, ses « poilus » et la France de la « patauge ».
Le corps électoral français se compose actuellement en chiffre ronds de dix millions d’électeurs. Sur ces dix millions, deux millions votent toujours à droite ou à l’extrême-droite, quoi qu’on leur dise ; deux autres millions votent toujours à gauche et à l’extrême-gauche, malgré tout ce qu’on peut leur raconter. Entre ces deux catégories de Français qui ont leur opinion bien arrêtée et leur siège fait, il y a six millions de bons Français qui ne se passionnent pas en temps normal pour la politique et n’y entendent pas grand’chose, tout en étant pas plus sots pour cela. Ils sont la partie flottante du corps électoral. Le jour des élections, ils votent suivant l’état de leurs nerfs ou sous l’influence de leur milieu. SI un gouvernement modéré ou de droite leur a asséné trop d’impôts, le plus grand nombre d’entre eux vote à gauche. Si un gouvernement de gauche les inquiète par des nouveautés qui ne leur disent rien qui vaille ou par des exagérations maladroites, ils refluent à droite. Un déplacement d’un million de voix de ces braves gens suffit à faire pencher la balance électorale lourdement du côté où ils se portent. Par exemple, aux élections de mai 1936, les candidats du Front Populaire avaient en tout cinq millions et demi de voix, dont beaucoup de mécontents, mécontents de la vie chère, de la crise économique, du chômage, de la mévente, des décrets-lois, ou qui étaient alléchés par les mirobolantes promesses du Front Populaire : les candidats du Front National, bien que partis en ordre dispersé, sans organisation sérieuse, en réunirent quatre millions et demi.
A la prochaine consultation électorale, quand on aura vu ce qu’auront donné les promesses merveilleuses de Blum et de ses alliés politiques, l’occupation révolutionnaire des usines, et la menace d’occuper les exploitations agricoles, l’augmentation de la cherté de la vie amenée par les augmentations de salaires et l’inflation monétaire avant-coureur de la banqueroute du franc, on peut être sûr que la partie flottante du corps électoral refluera en masse vers le Front National. Et même si ces candidats modérés, dits nationaux allaient, cette fois-ci encore, à la bataille avec les pauvres programmes sans couleur et sans attrait dont ils ont la spécialité, il y aura pour le Front National cinq à cinq millions et demi de suffrages.
Mais ce n’est pas ce piètre résultat qui sauverait la France, qui la sortirait du bourbier parlementaire et de l’affreuse lutte des factions politiques : la France continuerait à s’y enfoncer, à s’y envaser en attendant une nouvelle vague du Front Populaire, quatre ou huit ans après, vienne nous submerger tous.
Pour sortir du bourbier, il faut un programme qui flatte le goût qu’ont toutes les foules pour les nouveautés et le changement et qui leur offre la garantie qu’elles seront pour toujours débarrassées de la menace de la guerre civile : car toutes les foules françaises ont encore plus peur de la guerre civile que de la guerre étrangère. Elles en auront plus peur encore après le spectacle que vient de leur donner, à nos portes, la malheureuse Espagne. Cette garantie, cette assurance contre la guerre civile, le programme révisionniste avec son plan de République autoritaire à base professionnelle, les leur apporte.
(…)
Le Front Pétain a triomphé aux élections. Il a hâté ces élections en réclamant la dissolution d’une Chambre ingouvernable et en faisant déferler, grâce à la discipline de ses chefs et de ses militants la grande vague révisionniste. Quatre cent cinquante candidats du Front Pétain ont été élus. Avec la centaine de révisionnistes qu’il y avait, à l’état latent, au Sénat, c’est donc cinq cent cinquante voix révisionnistes qui sont assurées sur neuf cents voix au Congrès National de Versailles, lequel comprend, on le sait, les six cents députés et les trois cents sénateurs.
Un ministère de la Révision est constitué par le Président Lebrun, le dernier Président de la République parlementaire : l’unique programme de ce ministère, c’est la Révision de la Constitution.
Après lecture de la déclaration ministérielle, la nouvelle Chambre et le Sénat sont convoqués en Congrès, à Versailles, conformément à la vieille constitution de 1875, Congrès seul qualifié pour donner une nouvelle constitution à la France.
Le Front Pétain a son programme révisionniste tout prêt : il a une écrasante majorité au Congrès : sans admettre aucune obstruction, il mène la discussion rondement.
En quelques jours, la nouvelle Constitution républicaine est votée. La République autoritaire est née.
Le congrès de Versailles, après avoir remercié de ses bons services M. le Président Lebrun, désigne le Maréchal Pétain comme candidat unique à la Présidence de la République nouvelles et Pétain est élu par le Peuple Souverain dans un plébiscite triomphal.
Il choisit un Vice-Président de la République, puis ses Ministres.
Il faut nommer les sections professionnelles du nouveau Conseil d’Etat qui l’assistera dans le gouvernement de la France et il dissout la Chambre révisionniste qui a rempli sa mission.
Il préside, de même, à la formation des nouveaux Conseils généraux que les organisations ouvrières et patronales de l’agriculture dans chaque département nomment pour assister les Préfets dans l’administration départementale.
Il en fait autant pour les nouveaux Conseils municipaux désignés par les organisations professionnelles de la commune dont il nommera lui-même les Maires, en les choisissant de préférence parmi les hommes de valeur de la Chambre révisionniste qu’il vient de dissoudre, pour être sûr d’avoir des Maires dévoués au nouveau régime républicain.
Le Maréchal Pétain est le chef national de la France, avec tous les droits et tous les devoirs que lui confère ou lui impose la nouvelle constitution.
Un nouveau régime républicain commence où les factions politiques n’ont aucune place : ou plutôt une France nouvelle est née.
Par une succession rapide de décrets-lois, le Maréchal-Président vous apporte, sans guerre civile, sans désordre, sans grabuge, la République nouvelle que vous cherchiez les uns et les autres, sans la trouver, ô Français de toutes les croyances religieuses ou philosophiques, de toutes les opinions politiques, salariés et patrons de toutes les professions. Il vous apporte aux uns et aux autres la satisfaction de toutes vos aspirations légitimes.
Vous vous plaigniez, croyants de France, attachés à la religion de nos pères, que la destruction systématique des croyances religieuses en France ait eu des conséquences effrayantes sur la moralité individuelle, familiale, sociale et que la déchristianisation soit à l’origine de notre épouvantable dénatalité ? Voici avec Pétain, un nouveau régime républicain qui, sans verser dans le « cléricalisme » va réviser toutes les lois dites laïques et qui emploiera tous les moyens spirituels et matériels qu’il faudra pour enrayer la grève des berceaux !
Vous trouverez, ô pères et mères de famille, que la liberté de la presse aboutit à une licence effrénée de tout dire, de tout écrire, de tout démolir, à des propagandes antisociales qui sabotent le moral de la nation, à des étalages cyniques tous les matins dans les chroniques scandaleuses des faits divers ou des tribunaux de tout le linge sale, Sali en France et dans le monde entier dans les vingt-heure précédentes ? Voici Pétain qui, sans porter atteinte à la liberté de penser et d’écrire, dans ce qu’elle a de plus respectable, va mettre bon ordre à ces pratiques abusives et dissolvantes !
La façon dont trop d’instituteurs publics comprennent leurs devoirs à l’école et hors de l’école vous inquiète et vous révolte, ô patriotes de France ? En quelques semaines, Pétain qui aime les instituteurs publics pour les avoir vus se battre et mourir au front, mais qui n’aime pas l’indiscipline chez les serviteurs de l’Etat, va mettre tout le monde au pas, les instituteurs et tous les fonctionnaires qui continueraient à dérailler !
Vous vous lamentez aussi que la France, divisée en factions politiques, n’ait eu depuis vingt ans, qu’une politique extérieure de « chien crevé » ? Voici un régime fort qui va être en état de pratiquer au dehors une politique française, pacifique, mais méthodique et audacieuse ! Voici Pétain qui, avec toute la France unie derrière lui et disciplinée, va aborder de front la délicate et grave question de la réconciliation franco-allemande, réconciliation si souhaitable et si facile à réaliser si l’Allemagne nouvelle ne nourrit aucun rêve d’hégémonie ni d’asservissement du monde slave !
Vous avez hâte, industriels, commerçants et agriculteurs de France et vous tous, rentiers et épargnants, que notre franc-papier ne soit plus balloté, que nous ne soyons pas sans cesse menacés d’une dévaluation de notre monnaie, c’est-à-dire d’une faillite, d’une banqueroute déguisée de l’Etat français et d’une catastrophe pour tous les petits rentiers, les petits épargnants, les petits pensionnés ? Voici Pétain qui arrive, dont la seule apparition va permettre toutes les conversions de la rente tellement le crédit va renaître comme par enchantement et qui, au surplus, confiera à un de ses hommes de confiance, à un Caillaux ou à tout autre homme, connu pour son esprit d’autorité ou sa compétence, les pleins pouvoirs en matière financière, comme Hitler l’a fait pour Schacht !
Vous vous inquiétez, vous, ouvriers et intellectuels d’idées avancées, du développement du machinisme et vous avez peur que les chômeurs ne deviennent chroniques et que vous en soyez les tristes victimes, vous et vos enfants ? Ou bien vous vous scandalisez, alors qu’il y a actuellement, grâce aux progrès des sciences et de leur application au machinisme et à tous les genres de production de quoi nourrir, habiller, loger, instruire, amuser tous les Français, vous vous indignez de constater que faute de moyens d’achat, une trop grande partie des travailleurs manuels et intellectuels soient médiocrement nourris, médiocrement vêtus, mal logés, peu instruits et souvent jusqu’à ces derniers jours sans vacances payées, même quand ils ne sont pas des paresseux, des ivrognes, des imbéciles ? Patience ! Ce n’est pas par la guerre civile que vous y remédierez ! Mais voici une République nouvelles qui est organisée pour pouvoir examiner les réformes sociales même les plus audacieuses proposées par vos syndicats ouvriers, pour pouvoir les examiner du seul point de vue de l’intérêt national, et qui est capable d’imposer les solutions qui lui sembleront équitables, pourvu qu’elles soient pratiques, à la Confédération générale patronale, après avoir pesé sans parti pris, en toutes indépendance, ses observations ou ses objections ! Voici une République juste et maternelle pour tous les membres du corps social et particulièrement pour les plus faibles, les plus déshérités, pour les enfants et pour les vieillards qui va chercher et trouver les solutions les plus audacieuses aux problèmes redoutables posés par les possibilités illimitées du développement du machinisme dans tous les domaines, par les possibilités illimitées de la production grâce aux progrès des sciences, et qui, dans la paix sociale, dans l’entente du Capital et du Travail, dans la fraternité française, va assurer à tous les membres du corps social, à tous les hommes de bonne volonté, à tous les enfants de la Patrie - comme dit notre sublime Marseillaise – le droit au travail, au bien-être, à l’instruction et au repos ! Puisque la Patrie appelle tous ses enfants à son secours quand elle est envahie, puisqu’elle leur demande à tous, à certaines heures tragiques de consentir à mourir pour elle, c’est bien le moins que, le danger passé, elle ne traite aucun de ses fils en paria ! Rien n’était possible, aucun progrès ne pouvait se faire sans répercussion douloureuse pour les ouvriers dans la France divisée en deux camps : tout est possible maintenant qu’il n’y aura plus qu’une seule France, et que le socialisme de lutte des classes et de guerre civile aura été remplacé par un socialisme de collaboration entre employeurs et employés, par un socialisme corporatif de fraternité française impliquant l’entente cordiale du Capital et du Travail.
Cette République socialiste nationale vers laquelle vous tendiez, au milieu de vos imprécations contre les injustices sociales, Pétain vous l’apporte, non dans la lutte de classe et la guerre civile, mais dans l’ordre, par les moyens légaux du suffrage universel, et sans détruire les libertés nécessaires et tous les biens spirituels précieux que nous devons à la République, mais surtout à vingt siècles de civilisation chrétienne.
Vous rêviez, ô communistes, d’une France « libre, forte et heureuse » ? Consolez-vous, Pétain vous l’apporte !
Seulement, tous les bienfaits que vous demandiez vainement à la lutte de classe et à la guerre civile, à la Révolution Sociale, Pétain qui vous aime puisqu’il vous a tous vus à l’œuvre, vous ou vos pères à Verdun et dans cent batailles de géants, vous les apporte sans guerre civile, sans couvrir le pays de ruines et sans l’inonder de sang, de sang français !
Il vous les apporte avec la sécurité du dehors, cette sécurité extérieure que seules peuvent donner l’unité française restaurée et les disciplines nationales rétablies !
Il vous les apporte, il veut vous les apporter, dans la joie et l’allégresse d’une féconde Réconciliation nationale !
[1] Auteur de plusieurs romans sur cette période dont le dernier paru est Dès lors ce fut le feu