Beaucoup de richesses et de puissances poétiques dans ce numéro excellent de la revue de poésie contemporaine Contre-Allées avec, notamment, des textes de Jacques Ancet, Olivier Bourdelier, Marie Huot, Philippe Longchamp, Emmanuel Merle, Philippe Païni, Mira Wladir et cet édidorial :
« Il voulait faire le choix de l’autorité sur les poèmes.
Il voulait que les poèmes bénéficiaires du RSA effectuent des travaux d’intérêt général et que leurs efforts d’insertion soient régulièrement évalués.
Il voulait diviser l’immigration des poèmes par deux, parce que les poèmes étrangers ne peuvent pas s’intégrer s’ils sont trop nombreux.
Il voulait mettre fin à l’immigration des poèmes encouragée par les prestations sociales. Aucun poème ne pourrait s’installer en France sans avoir passé et réussi un examen de connaissance de la langue française.
Il voulait renforcer les peines plancher des poèmes.
Il disait que les poèmes ne devaient pas faire le choix de l’assistanat.
Il disait que les poèmes ne devaient pas faire le choix du laxisme.
Les poèmes l’ont dégagé. »
Cécile Glasman pose cette question à quatre poètes : Le poème au bois dormant : qu’advient-il entre l’écriture et la réécriture ? Tandis que Matthieu Gosztola interroge quatre éditeurs : Que cherchez-vous en premier lorsque vous ouvrez un manuscrit : toucher le grain d’une voix singulière qui vous touche ? Être emporté dans un voyage ? En somme, le connu ou l’arrachement à soi ? Cherchez-vous tout autre chose ?
Parmi les réponses à la première question, celle-ci, de Cédric Le Penven :
« Ainsi, agencer les mots sur une page, les réécrire, n’est pas tant un problème de texte que de visage et d’identité : le poème est invention d’un nouveau visage qui me ressemble bien qu’il soit autre, dans la mesure où ce visage s’élabore grâce à ce matériau extérieur qu’est le langage. Si réécrire consiste souvent pour moi à retrancher, à appauvrir ce que j’avais écrit dans un premier temps, c’est parce que cela correspond à la fois à ma « poétique personnelle » mais aussi et indissociablement à ce que je voudrais devenir grâce à la parole : un homme qui sait sourire aux autres dans le partage d’une vérité à la fois miraculeuse et inquiétante, voire inquiétante puisque miraculeuse : nous sommes… »
Contre-Allées, 16 rue Mizault, 03100 Montluçon.