C’est un poète du déchirement. Il sort de l’ombre. Craint pourtant la lumière. Présence oblige. Dépouillement et renaissance.
lesté
celui-là
de son moi-je
qu’il jette
aux orties qui piquent
la neige rugit
dans ses pensées
dans son moi-je
idiopathique
Cet Episode premier, qui ne veut pas finir et se poursuit après les pages de papier sur des pages de peau, de rires, de désirs, de murmures, de cris, d’esprits vivants, terriblement vivants, est comme une seule inspiration, longue et vitale, comme après un coup violemment encaissé, pour reprendre air.
malgré ce mécrire
ces tessons
moi-je
à l’inverse d’une schizophrénie
se rassemble
dans ce noyau dense
inclut
celle qui sa voix son rire
est déjà
hésitante pourtant
celle qui parle
dispose deux sièges
face à la nuit
Redonner vie à l’altérité. L’une des grandes fonctions du poète, une fonction philosophique méconnue et même déniée dans une France où la pensée est tuée dans les normes, universitaires, politiques, convenues…
Nietzche
ni Phèdre
au rendez-vous annoncé
ne viendront
Le poète ne dit pas, il éveille.
s’agissant
du miracle banal
que bien d’autres
avant moi-je
bien pire et mieux
et autrement
l’émotion transfinie
ont calligraphiée
c’est à fer émoulu
que moi-je
veut en éperonner
la fâcheuse littérature
l’hameçon rouillé
nous a percés
son tétanos nous mord
Jusqu’à l’extraordinaire banalité quotidienne comme seule rébellion métaphysique.
et encore approcher
qui prolonge le mystère
nos jambes mêlées
c’est l’éternité peut-être
qui nous accueille
Le texte est magnifique, mêlé à un autre poème de photographies de l’auteur.
Il paraît toujours dérisoire de commenter la poésie. Il convient simplement de saluer l’un des grands poètes contemporains actuels.
Episode premier de Jean-Christophe Belleveaux, collection Pour un Ciel désert, Editions Rafael de Surtis (7 rue Saint Michel, 81170 Cordes sur Ciel).