Publié par l’Agence française de développement, le petit livre « L’économie africaine en 2023 » donne des informations utiles sur de multiples aspects de la situation du continent africain, dans des domaines divers qui vont au-delà de ce que donne à penser le titre du livre : situation économique, mais aussi climat, insécurité alimentaire, santé, fiscalité, numérique…
Je n’évoquerai ici pur montrer l’intérêt de l’ouvrage que le chapitre « L’Afrique face au changement climatique », qui mets à disposition de nombreuses données, basés sur de multiples études récentes.
Tout d’abord, les auteurs nous rappellent la part des différentes régions du monde dans les émissions cumulées de CO2 : « si l’on considère le cumul des émissions de CO2 depuis le milieu du XIXème siècle, 45% provenaient des pays développés. La part de l’Asie-Pacifique s’élève à 24% contre 11% pour l’Amérique latine et les Caraïbes, 9% pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, et seulement 7% pour l’Afrique ». En émissions annuelles de GES, la contribution de l’Afrique est de l’ordre de 9% des émissions mondiales. Tous gaz à effets de serre confondus, le 1er émetteur du continent est la République démocratique du Congo (sans doute du fait de la déforestation), suivie par l’Afrique du Sud, le Nigeria, et l’Égypte.
Les auteurs passent een revue les conséquences du changement climatique.
Pour les précipitations, d’ores et déjà, « les observations indiquent cependant une tendance significative à la baisse pour le Maroc, les régions cotières de l’Algérie et de Tunisie, le Sahel occidental, le Cameroun » alors que « pour ces pays majoritairement arides, la croissance démographique et l’agriculture entraient de fortes pressions sur les ressources en eau ».
Quant aux scénarios pour les températures, « la hausse sera plus marquée durant la période estivale, avec par exemple en Afrique du Nord, une hausse de la température médiane de 4°C en été et de 2,5°C en hiver d’ici la fin du siècle selon le scénario moyen d’émissions de GES ».
En conséquence, « les rendements du mais en Afrique de l’Ouest pourraient diminuer de 9% à 41% (projections médianes) en cas de réchauffement global de 1,5°C ou 4°C respectivement. Sachant que le mais représente 40% de la production céréalière en Afrique subsaharienne et 30% des apports caloriques ». Pour les quantités de fourrage à disposition, la baisse serait de -42% à -46% en 2050 dans la partie ouest de l’Afrique subsaharienne, -37% dans le sud du continent, -32% en Afrique du nord, -5% en Afrique de l’Est et centrale en cas de fortes émissions globales de GES.
Pour le poisson, à 1,6°C de réchauffement global la diminution des captures potentielles en mer dans les zones économiques exclusives africaines est évaluée entre 3 et 41%, et entre 12 et 69% en cas de réchauffement à 4,3°C (GIEC 2022).
Les efforts d’adaptation face au changement climatique sont également évoqués. Ainsi le Plan national eau Maroc dont le cout est estimé à près de 40 milliards d’ici 2050, qui vise à la construction de barrages supplémentaires pour accroitre la capacité de stockage, et à l’augmentation du recours à l’irrigation tout en réduisant la demande en eau grace à des techniques plus économes ou encore des conversions vers l’arboriculture.
L’économie africaine en 2023. Agence française de développement. Éditions La découverte. 11 euros