Tous les poèmes de ce recueil sont bâtis sur le même modèle : une première partie descriptive ou de récit quand ce n’est pas seulement tirée du réel que Julien Bosc observe et une seconde qui consiste en une moralité extraite du réel qu’il regarde… Mais ces deux moitiés sont inégales ! Comme les chats dans la fable car Julien Bosc écrit des fables modernes en vers très librement écrits. Les oiseaux tiennent une large place dans la première partie mais aussi le poème, le marché, le pluie qui tombe, les mots (du poème ?), les taupes qui retournent le jardin… On a l’impression que Julien Bosc fait son feu de tout bois dans ces poèmes. Mais la mélancolie n’est jamais bien loin comme le rappelle Jacques Lèbre dans sa postface, justement et joliment intitulée Quelques bribes - gagnées sur la mélancolie. Les poèmes de ce recueil - c’est Jacques Lèbre qui l’affirme - ne sont que des poètes de peu, mais qui en disent tant : il faut la lire pour la clé qu’elle offre pour déverrouiller des poèmes de peu. Julien Bosc écrit des poèmes de peu pour faire jaillir la poésie bien réelle. Il est un poète attachant qui sait être patient pour publier. J’allais oublier : Julien Bosc s’est essayé à l’édition dans la maison spécialisée dans ce domaine qu’il avait créée (et qui publia Louis Dubost, à l’enseigne du Phare du cousseix, en 2017)
Julien Bosc : La demeure et le lieu. Faï fioc éditions, 80 pages, 9 euros. En librairie ou sur catalogue en commandant chez l’éditeur (15 rue Haute,54200 BOUCQ). Prévoir frais de port.
Poésie descriptive ou de récit entièrement de psychologie, mais parfois constellée de langue étrangère (a murder of crows, p 29) ; mais ce n’est pas un vers : Robert Walser (un poète suisse de langue allemande) donne son titre à un poème (p 27), « où je l’ai trouvé mort / allongé dans la neige // pas loin de son chapeau » (p 28). Je suis sensible à la précision de ces descriptions et de ces récits ne sont que la preuve que Véronique Gentil s’est longuement documentée ! Mais un air remarquable est présent comme ce « lieu d’obscurité et de crime ou de disparition » (p 37). Mais le poète maîtrise parfaitement l’art de la chute : « rien ne monte du fond de l’eau » (p 38 in Chantouillé). Cependant Véronique Gentil s’insurge contre les massacres d’animaux dans les abattoirs qui donne son titre à un texte (p 40). Mais cela ne va pas sans une certaine obscurité (p 42). La poésie peut-elle être toujours évidente : qu’est cet « argent broyé » ? Pourquoi est-il broyé ? Mais elle se confie : « je n’ai guère de mémoire » (p 43). Cependant, elle se souvient avoir un corps avec lequel elle pense, tout comme elle pratique l’énumération des fleurs qui poussent data nature. Mais encore, elle sait partager ses lectures (p 49) ou traités de botanique ou aussi des herbiers ou des flores (pp 51-53).
Véronique Gentil : Le coeur élémentaire. Faï fioc éditions, 64 pages, 8 euros. En librairie ou sur catalogue en commandant chez l’éditeur : 15 rue Haute. 54200 BOUCQ. Prévoir frais de port.