Sous ce beau titre se découvre une « Lettre ouverte de lanceurs d’alerte au Président de la République », placée sous le signe orwellien. Elle rassemble les talents d’Hervé Vigier, Edith Blanquet, Christine Castel, Antoine Lancestre et Didier Picot qui s’adressent à Emmanuel Macron pour l’attirer « vers des choix vertueux, libérés du mythe du progrès, et tournés vers ceux de l’esprit, dans la voie de la sagesse et de la liberté… pour tous. » Le « pour tous » dit beaucoup tant ce pays est à la recherche d’hommes d’Etat soit d’individus réellement au service du plus grand nombre et non de quelques castes momentanément privilégiées.
Le point de départ du propos est, sans surprise, le premier confinement, une opportunité ratée d’un changement profond en raison d’une « erreur absolue : le mensonge », de « mesures liberticides sans cohérence », l’incapacité à prendre en compte les besoins réels du peuple, particulièrement les plus démunis.
Face à l’émergence d’une « police de la pensée » et à une dérive lente mais affirmée vers « un terrorisme d’Etat », les auteurs en appelle à « une révolte humainement nécessaire », une « résistance non-violente » afin de « restaurer la dimension humaine ».
Après la prise en compte du traitement hasardeux de la pandémie, les auteurs traitent plus largement des enjeux actuels : urgence climatique, écologie, éthique d’une technologie qui nous conduit vers « l’humain génétiquement modifié », droits de l’enfant, droits de la femme…
Si le constat est implacable, le propos est bienveillant et oriente vers les solutions, des dynamiques de partage des savoirs et des décisions ouvrant sur des co-constructions solidaires. Les auteurs proposent la création d’un Ministère du Futur dont ils définissent les orientations, le défi étant d’anticiper les évolutions des prochaines décennies, défi gigantesque pour une classe politique qui ne traite que l’immédiat, généralement avec retard, le plus souvent à des fins personnelles ou partisanes. Pour cela, les auteurs parient avec raison sur la jeunesse, une jeunesse beaucoup plus alertée et consciente que ses aînés l’envisagent.
« Votre mission, lancent-ils aux membres de ce futur ministère, est donc désormais d’unir chacun dans une volonté affirmée de remettre chaque chose à sa place, en débarrassant ce qui paraît urgent, au profit de ce qui est essentiel, en allégeant le poids de l’immédiateté par le souffle d’une volonté en marche vers des jours heureux, grâce à la simplicité et au partage. Chacun doit comprendre la raison d’être de ce qu’il fait ; ainsi en admettra-t-il les contours, les limites, et en ressentira-t-il l’importance.
Votre propre raison d’être sera à formuler et à compléter régulièrement par vous-mêmes, mais aussi avec l’aide active d’une représentation de tous ceux qui auront participé à la mise en œuvre de vos premières actions. Enfin avec la présence constante, et pour moi essentielle, d’une commission constituée exclusivement de jeunes de 8 à 20 ans, le parfait conseil de notre avenir et surtout du leur. »
Utopie, certes, mais non comme illusion, plutôt comme ce qui demande à advenir. L’ouvrage reste volontairement optimiste. Il est étayé de multiples témoignages qui démontrent combien les êtres humains sont conscients des enjeux actuels, bien davantage que ceux censés « diriger » le pays. Le refus de l’injustice est le moteur de toute transformation bénéfique au plus grand nombre.
« Quand les Français, conclut l’ouvrage, auront bien compris à quel point leurs dirigeants les ont trompés, il n’est pas certain qu’ils resteront les bras croisés très longtemps. Avant d’en arriver là, peut-être que nos dirigeants seraient bien avisés de mettre en œuvre le Ministère du Futur proposé dans cet ouvrage et sa démarche au service des Français ? »
Le Ministère du Futur. Ouvrage collectif présenté par Hervé Vigier.
Editions Télètes, 51 rue de la Condamine, 75017 Paris.