Nous retrouvons Jacques Basse, l’un des plus précieux de nos poètes à la fois par la langue et par la profondeur qu’il traduit dans l’assemblage secret des mots. Voici deux recueils, le premier intitulé avec lucidité Le chemin obscur n’est qu’un leurre, le second rassemblant Reprises et Inédits.
Alors que la souffrance nous plaque généralement au sol, nous fait manger la poussière, Jacques Basse témoigne d’une souffrance verticale, qui élève et se transforme en libération par le sel alchimique de la passion.
La passion est un sentiment
qui élève, monte, grandit.
On escalade des sommets,
on les survole, on s’envole,
on est au-dessus du commun.
Inaccessible, inventif, intouchable.
Tout y est surprenant,
des odeurs aux couleurs.
Le reste est sans relief,
on ne pense plus aux griefs.
Un certain temps !
Il y a cette nécessité de l’être, ce souvenir de l’être que la poésie ne cesse de sortir de l’oubli né de la fragmentation et de la réplication qui voilent le réel :
Comme devaient être
troublantes et fascinantes
autrefois,
la terre vierge
et la lune toute nue
lascivement exposées.
Avant que l’homme
de jour en jour,
recule les limites
du merveilleux,
dépouille l’imaginaire
surprenant l’invisible.
Au rêve l’inexpliqué
devient explicable.
Est-ce osé de dire
l’aveuglement
de l’être ?
L’amour vivifie la poésie de Jacques Basse que cela soit dans la déchirure, implacable, dans la communion, instauratrice ou restauratrice ou dans le doute, effrayant acide qui ronge :
Espérer
Mais es-tu honnête lorsque tu me dis
Vouloir toujours près de moi là rester
Contre moi en me couvrant de baisers
Moi si présent jadis muet aujourd’hui
Es-tu honnête quand tu ne me dis rien
Que tu lances tes yeux dans les miens
Jusqu’à tomber au profond de ma vie
Là où mon âme gît sans aucune envie
Quand es-tu honnête belle amoureuse
Qui désarme d’un sourire merveilleux
Et qui enflamme d’une invite capiteuse
Le mystère caché des jeux langoureux
La mort, à la fois omniprésente et impossible, qui n’existe pas mais fait croire qu’elle existe, conduisant ainsi le destin des uns et des autres, est toujours présente dans la poésie, au premier plan, ou replié au plus profond des mots :
Néant
Dans le néant
Qui nous enveloppe,
Un concept
N’y résiste pas.
Une abstraction effraie
Toutes sortes de gens.
Pourtant, est une évidence
Qui ne peut être niée.
La mort ne vit pas,
Elle ne peut donc pas mourir
Puisque sans vie.
Mais où se situe-t-elle ?
Dans son infinie grandeur
Unique,
Elle défie le temps.
A commander chez l’auteur :
Jacques Basse, 21 rue de la République, 30000 Nîmes.