« Bandung 60 ans après : quel bilan ? » Journée d’étude organisée par le Centre d’Histoire de l’Asie Contemporaine (Université de Paris I Panthéon-Sorbonne) et le Groupe de Recherches Identités et Cultures (Université du Havre) le 27/06/2014 à Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon.
La Conférence de Bandung (Indonésie) du 18 avril 1955 a posé l’empreinte réfléchie du mouvement de libération nationale en Asie et en Afrique et une grande initiative dans l’histoire des relations internationales marquant le XXème siècle. Les représentants de 29 pays d’Asie et d’Afrique et quelques 30 mouvements de libération, soit plus de 2000 délégués se sont réunis, pour la première fois, décidés à prendre leur destin en main dans le climat de guerre froide [1]. En effet, la réunion a permis l’entrée des pays pauvres asiatiques et africains sur la scène internationale comme une force progressive et indépendante des Etats-Unis d’Amérique et de l’URSS. Les 10 principes de la conférence affirmant le traitement des relations entre les Etats ont inscrit une base pour l’instauration d’un ordre politique et économique international juste et équitable. L’esprit de Bandung en solidarité, amitié et coopération, a inspiré plus d’un demi-siècle les nombreux pays devenus, aujourd’hui, « pays émergents » dans leur lutte persévérante pour le redressement national et promouvoir le progrès de l’humanité.
En 2015, pour fêter la commémoration de l’anniversaire de Bandung, il nous semble intéressant de proposer une conception pour la renaissance d’un monde multipolaire international, la chance d’un Nouvel Esprit de Bandung en intégrant l’Amérique latine.
Grâce à la nouvelle composition de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine, la conception du Nouvel Esprit de Bandung va ouvrir des perspectives dynamiques sur la mondialisation (pensées, idées, patrimoines asiatique, africain et latino américain, compétences en réseau d’experts, capital intellectuel, opinions, valeurs, questions de genre, droits de l’enfant, principes de justice, de modes de gouvernance démocratique) pouvant être déplacées au-delà de l’État-nation.
Notre conscience collective et la compréhension croissante de la nécessité de célébrer l’interdépendance sur la scène internationale (en particulier les relations entre tradition et modernité ; l’interaction pacifique entre les sociétés, la protection de l’environnement) démontrent que les sociétés civiles sont plus exigeantes de pouvoirs.
Or, nous pensons que le dialogue et la reconnaissance de la sagesse locale sont les outils de travail importants du Nouvel Esprit de Bandung avec des tâches structurées :
Politique : créer une agence à trois volets Afrique/Asie/Amérique latine dans les affaires internationales ; instaurer la démocratie et les droits des femmes et de l’enfant contestant l’oppression patriarcale ; parité ; autonomisation des femmes dans le politique et l’économique ;
Culture : étudier les migrations ; la diaspora ; l’intégration sociale dans la société d’accueil ; impacter la paix et la solidarité internationale [2].
Economie : développer l’économie politique ; l’intégration régionale ; le fédéralisme ; la responsabilité sociale des entreprises ; le « principe pollueur-payeur » ; la démocratie écologique ;
Religion : établir la diversité religieuse ; le dialogue interreligieux ; préserver des spiritualités anciennes.
L’urgence est au combat du droit-citoyen pour l’autonomie de ceux qui savent que la liberté est au dialogue. Le temps est venu de retrouver la voix de la liberté politique, de bannir les armes chimiques par le dialogue pour l’honneur de tous ceux dont la première richesse est leur identité [3].
Nguyen Dac Nhu-Mai est historienne des Relations Internationales et de l’Economie Rurale
[1] Intervention de Monsieur Mourad MEDELCI, Ministre des Affaires Etrangères au séminaire de la célébration du 55ème anniversaire de la conférence de Bandoeng /Alger, le 24 mai 2010.
[2] Une journée mondiale de la culture africaine (JMCA) sera organisée le 24/01/2015 à Togo, Lomé, pour le rôle fédérateur de la culture dans le monde sans oublier que le brassage des cultures est synonyme d’une culture de paix et de fraternité. Voir dossier par John Ayité Dossavi : rapec@hotmail.fr ; et www.jmca.in et ; www.rapec.org
[3] Hervé Juvin : Le renversement du Monde - politique de la crise », Gallimard, Paris 2010.