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Le pire n’est jamais certain. Une enquête du commissaire Pietrotti, de Stéphanie Loncle
La critiique de Philippe Pivion

Voici un polar comme je les aime ! Bien écrit, ah l’imparfait du subjonctif dans un polar, comme c’est beau, cela donne du volume à la phrase, une beauté qui transcende le reste. Car Stéphanie Loncle est un écrivain, pardon je ne m’y fais pas à l’écriture qui voudrait que je l’affirme écrivaine. Mais je n’aime ni la forme, ni, s’agissant de ce mot, la fin. Non elle n’est pas vaine Stéphanie Loncle. C’est un bel auteur.

Donc, dans ce volume de passé 300 pages, elle nous conduit dans une enquête tout en musardant dans les lieux du drame. Elle nous fait languir, nous promène, nous fait découvrir un Paris qu’elle aime, cette habitante qui note scrupuleusement les lieux, les tics, les incongruités d’un espace et d’une époque. Loncle est une parisienne jusqu’au bout de la plume !

Lecteur, ne sois pas pressé dans ce monde où la seconde est devenue déterminante. Prends le temps de la flânerie romanesque, de la préparation des arcanes du roman qui s’affirme noir. Oui, il faut mériter cette histoire. On s’attarde à la description des milieux universitaires, des petites rues de Paris, des personnages improbables, des boutiques qui survivent et surtout à l’étalage de la noirceur d’une période très actuelle.

Stéphanie Loncle n’est pas une adepte des bassines d’hémoglobine qui se déversent dans des roman dont la noirceur tient à l’irréalisme d’assassins en mal de crimes, dans des pages où ça mitraille à tout va. Non, elle ne vous conduit pas dans les méandres d’un thrilleur qui n’a rien de crédible, mais dans un roman noir où les personnes résonnent dans l’actualité.

On ne pourra que s’attacher au commissaire Pietrotti qui traîne sa désinvolture au gré des pages. Il y a de l’audace à approfondir dans ce second roman un contre héros. Un commissaire dont elle dit : « Le simple fait d’avoir un but, aussi insignifiant soit-il, gênait le commandant dans sa progression, c’est-à-dire dans le labyrinthe que dessinait pour lui le mélange de conscience et d’inconscience dans lequel il nageait depuis l’enfance ». C’est du lourd comme on dit ! Ainsi ce commandant sous les ordres duquel travaille le capitaine Benjamin Taulard navigue entre l’autisme et la schizophrénie, laissant ses subordonnés pantois. Un meurtre a lieu, mais quel meurtre. La victime succombe à une infection foudroyante. Alors, meurtre, intoxication ? L’enquête piétine, et c’est donc Pietrotti, nouvellement chargé d’une espèce de services des affaires classées qui hérite de cette enquête improbable. Le lecteur se laisse prendre au jeu de celle-ci et succombe au charme.

Un roman noir où l’on se régale en prenant son temps !

Le pire n’est jamais certain. Une enquête du commissaire Pietrotti, de Stéphanie Loncle
Editions du temps des cerises.


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