Aujourd'hui, nous sommes le :
Page d'accueil » Arts et littérature » Littérature » "Les assassins de la paix" de Philippe Pivion et "Le (...)
Version imprimable de cet article Version imprimable
"Les assassins de la paix" de Philippe Pivion et "Le grand sommeil" de Raymond Chandler
Les conseils de lecture de Roger Martin

LES ASSASSINS de la PAIX

Voilà un livre capital, dont le récit se déroule chronologiquement avant La Nuit se déchire à Tours qui narrait la genèse de la création du Parti communiste français. Ici, l’auteur, toujours aussi solidement documenté, expose tenants et aboutissants du Traité de Versailles, les tensions et les coups bas entre les vainqueurs de la Guerre de 14-18, entre volonté de mettre l’Allemagne à genoux et de se partager ses anciennes possessions au détriment des peuples africains ou asiatiques, tout en liquidant la révolution russe. C’est à croire que Pivion a réussi à remonter le temps et se glisser au cœur des séances officielles comme dans les coulisses où se prennent les véritables décisions, en endossant la personnalité de Daniel Renoult, futur maire de Montreuil après 1945, et en rendant vivants les lieux et l’époque et les personnages réels, dont Clemenceau et Wilson. Si le sujet est grave, la narration, fluide et pleine d’ironie et d’humour, revêt la grande Histoire d’habits chatoyants.

LES ASSASSINS de la PAIX Philippe Pivion Le Temps des cerises 285 p 20 €

LE GRAND SOMMEIL

On ne louera jamais assez la Série noire d’avoir entrepris de retraduire plusieurs ouvrages de Raymond Chandler, un des pères fondateurs du Roman noir. Le grand Sommeil, dont Benoit Tadié signe non seulement la nouvelle traduction mais aussi une préface suggestive, marque la première apparition de Philip Marlowe, un privé dur à cuire, certes, mais qui détonne par un sens moral, une intégrité et un pessimisme plein d’humanité qui feront défaut à la plupart de ses confrères. Engagé par un général richissime persuadé que sa fille cadette est victime d’un chantage, Marlowe ira jusqu’au bout d’une enquête pleine de rebondissements, prétexte à jeter une lumière crue sur un Los Angeles mythifié qui, déjà en 1939, doit son expansion formidable à une exploitation pétrolière incontrôlée. Moins « social » qu’Hammett, certes, moins partisan, Chandler montre cependant en creux les ravages d’un capitalisme destructeur et la décadence de ses serviteurs. Un classique, mille fois imité, jamais égalé.

LE GRAND SOMMEIL Raymond Chandler Série Noire/Gallimard 305 p 14 €

Article paru également dans Vie nouvelle.


Rechercher

Fil RSS

Pour suivre la vie de ce site, syndiquez ce flux RSS 2.0 (lisible dans n'importe quel lecteur de news au format XML/RSS).

S'inscrire à ce fil S'inscrire à ce fil