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Mais alors à quoi sert la politique ?
Par Pierre Chaillan

La gauche de notre siècle a un problème. Elle n’est pas crédible. Il n’est pas ici le propos d’en approfondir les raisons. Disons rapidement qu’elle n’est pas crédible car elle ne peut pas (elle ne veut pas !?) proposer une alternative cohérente.

Atteinte du syndrome dit de « l’échec des pays de l’est », elle refuse pour sa composante communiste et/ou révolutionnaire d’avancer un « projet tout ficelé » ou pour sa composante sociale-démocrate et/ou réformiste de remettre en question « l’économie de marché ».

Résultat : alors qu’une majorité de français est très critique vis-à-vis du capitalisme, il n’y a plus aucune formation politique qui met en débat un projet de société alternatif au capitalisme.

Mais alors à quoi sert la politique ?

Il est temps aujourd’hui de regarder le monde tel qu’il est afin de le changer, de remettre le monde du travail, les salariés, les jeunes, les femmes, les retraités au cœur du projet de transformation sociale, de continuer la lutte des classes.

Il est temps de revisiter les propositions marxistes car elles répondent aux enjeux de société et planétaires, à tel point qu’elles sont récupérées pour être dévoyées par le capital.

Il est temps de faire des propositions concrètes et de les inscrire dans un projet de société :

-  Un projet de société qui tient compte des conditions matérielles pour s’adresser de manière suffisamment concrète et audible à celles et ceux qui ont intérêt à ce que les choses changent.

-  Un projet de société qui en appelle à la Nation, aux hommes et aux femmes qui la composent pour qu’ils retrouvent le chemin de la politique, se réapproprient leur existence. Un projet de société pour la France et l’Europe qui remet au centre la souveraineté de chaque citoyen libre et associé.

-  Un projet de société qui s’inscrit dans un projet global, celui de la libération humaine, un altermondialisme comme « nouvel internationalisme ».

Prenons notre pays, la France. Il s’agit de démontrer que le financement de ces propositions est possible mais aussi qu’elles peuvent rendre plus efficace, plus fort le pays, qu’elles permettent l’épanouissement humain et qu’elles sont dans l’intérêt général.

Devant l’insécurité sociale, il ne faut pas lésiner ! Inventons du neuf !

Il est temps de mettre en débat la création d’une nouvelle sécurité sociale professionnelle et familiale où l’emploi, la formation et l’aide à la personne et aux familles sont des droits constitutionnels. Une telle avancée sociale pourrait former un système de protection global que notre pays moderne est en capacité de développer avec l’acquisition de ces nouveaux droits pour les salariés et les familles.

Cette nouvelle Sécurité Sociale formerait un réseau public de missions multiformes afin de répondre aux nouveaux besoins exprimées par les évolutions de la société et les défis humains, environnementaux et économiques actuels.

Le développement des services et des nouvelles technologies de l’information et de la communication, le travail généralisé des femmes, la réduction du temps de travail, le vieillissement de la société, les mouvements migratoires, les risques écologiques n’appellent-t-ils pas à la création de ces nouveaux droits/nouveaux services publics ?

Ces évolutions de la modernité capitaliste exigent des évolutions anthropologiques de progrès que le mouvement qui abolit l’ordre naturel des choses peut mettre à l’ordre du jour.

Comment accepter par exemple que l’accompagnement des personnes âgées soit à l’origine de profits juteux ? Il est inacceptable que la dépendance fasse l’objet dans notre pays d’une marchandisation à outrance où les institutions très onéreuses appartiennent à des groupes privés.

Dans la vie quotidienne, une société moderne doit assurer un soutien aux familles alors que seuls les foyers les plus aisés peuvent aujourd’hui faire face.

Concernant la prise en charge du soutien éducatif, de l’accès à la culture, la santé, l’éducation, des loisirs, du sport, des difficultés d’ordre psychique, du handicap, de la mobilité réduite, de la petite enfance, des tâches ménagères, de l’emploi et de la formation, une politique de progrès doit être élaborée, débattue et devenir le coeur d’un projet de société de changement. Ces exigences sont encore renforcées par une massification des familles monoparentales et par la précarisation du travail.

Ou encore devant les risques écologiques, n’est-il pas temps d’envisager une réponse globale allant d’une réponse énergétique sécurisée à une grande politique d’investissement en faveur des transports collectifs en passant par une gestion des eaux usées et une valorisation des déchets par tri sélectif ?

Dans l’ensemble de ces domaines, la maîtrise publique est la meilleure garantie pour se doter de services accessibles à tous - équitables - et cohérents sur l’ensemble du territoire. C’est une question d’efficacité mais également de souveraineté populaire.

Et quoi de plus beau pour ces centaines de milliers de jeunes sans emploi, de chômeurs de longue durée ou « fins de droits » que leur offrir de servir l’intérêt général ? Combien d’emplois pourraient être ainsi créés ? Des emplois stables dont les richesses dégagées alimenteraient les caisses de l’Etat et relanceraient une croissance durable.

Cette proposition n’est qu’un petit exemple de ce que les salariés de notre pays attendent de la politique : répondre à leurs besoins de façon concrète et globale à la fois. Oui, décidément il est temps qu’une grande politique au service de l’intérêt général et de la vie soit mise en débat.

Le sort de notre planète et l’avenir de notre civilisation en dépendent. Les moyens financiers et techniques existent.

A chacun d’agir bien sûr. Toute la gauche est ainsi interpellée. Aux formations politiques de se remettre en question. Elles ont une grande responsabilité : sauront-elles proposer le débat qui redonnera un sens à la lutte de libération humaine ? Sauront-elles mettre en débat un projet de société alternatif au capitalisme ?

Pierre Chaillan


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