À une époque décisive pour la France, le Président Maurice Thorez a, à mon appel, et comme membre de mon gouvernement, contribué à maintenir l’unité nationale. Charles de Gaulle
...de toute conversation avec Thorez, un universitaire sortait abasourdi par la richesse de sa culture et sa fringale de connaissance. Jean Bruhat
Dans Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Marc Bloch écrit : « L’ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent : elle compromet, dans le présent, l’action même ».
Ainsi en est-il, semble t-il, du communisme du vingtième siècle, classé une bonne fois pour toutes au rayon totalitarisme. Lorsqu’il s’agit de mouvement pour la justice et l’émancipation, la guerre idéologique ne faiblit pas, jamais. Quoi de plus normal. A ce propos, il me revient ce que me disait un jour Roland Leroy au sujet d’un chroniqueur de l’Humanité : « Celui-ci, vois-tu, a honte d’être communiste ». Force est de constater qu’il n’a pas été et n’est pas encore le seul.
Souvenons-nous de la sortie d’Yves Montand dans les années quatre vingt, disant que pour demeurer communiste, il fallait être ou un con ou un salaud ! De toute évidence, après les sous-sols de la loubianka et le Goulag, les millions de victimes de la soi-disant révolution culturelle chinoise, les massacres de masse des Khmers rouges, on peut aisément comprendre cette honte. On peut, oui, assurément, mais sans pourtant la partager.
François d’Assise et Torquemada appartenaient à la même Eglise, soit, mais pas de la même façon.
Et serait-il raisonnable et juste historiquement d’assurer que le camp dit libéral est tout entier dans les guerres déclenchées et aux millions de vies fauchées, à l’extermination des indiens d’Amérique, aux premiers camps de concentration dans les colonies, aux massacres de masse au Congo, en Indonésie, aux villages irlandais rasés, aux soutiens à des dictatures sanglantes, à des coups d’Etat militaires ? … Evidemment non.
Paradoxe, il paraît plus difficile aujourd’hui de dire tout haut sa désapprobation de la présence du candidat du Front de gauche à la présidentielle lors de la remise de la légion d’honneur par Sarkozy à l’émule de l’extrême droite, Patrick Buisson (cela s’apparenterait plutôt à l’ignorance du présent), que d’inciter à méditer le jugement du très libéral américain Hayek affirmant qu’il n’y aurait pas eu de Déclaration Universelle des Droits de l’Homme possible en 1948 sans l’existence, donc le contrepoids, de l’Union Soviétique !
L’ignorance du passé, écrivait Marc Bloch, co-fondateur des Annales d’histoire économique et sociale, torturé puis fusillé par les troupes d’occupation allemandes en juin 1944…
Ainsi, il est malheureusement facile de constater que la place et le rôle du parti communiste français dans l’histoire de notre pays sont soit minorés soit passent à la trappe.
Maurice Thorez, des rues, des avenues portent encore son nom. Mais qui était-il, quelle fut sa place ? Il ya cinquante ans, le 11 juillet 1964, il disparaissait après dix années de contre-coup d’un accident vasculaire cérébral. Né dans le Pas-de-Calais le 28 avril 1900, mineur, valet de ferme, il a été secrétaire général du PCF de 1930 à 1964, député, ministre de la fonction publique de 1945 à 1947 et vice président du Conseil en 1947.
Pour des milliers de nos concitoyens, il aura été l’incarnation d’une conscience politique fidèle à l’Union Soviétique en même temps que l’initiateur et le constructeur d’une voie nationale au socialisme, ainsi que le défenseur intransigeant de l’intérêt de la France.
Sans taire son fourvoiement théorique de la fin dans la fameuse loi de paupérisation des classes populaires occidentales et l’occasion manquée d’un eurocommunisme précurseur avec l’italien Togliatti, reconnaissons à Maurice Thorez le rôle de premier plan qu’il joua dans le mouvement communiste international et dans le destin de la France.
En 1922, selon l’article de Wikipédia, « Souvarine avait remarqué le jeune militant du Pas-de-Calais, solide, limpide, sachant analyser simplement une situation concrète ».
Entre autre chose, l’Histoire retiendra qu’il aura été le seul dirigeant du bureau politique du PCF à voter pour la participation au Gouvernement du Front populaire en 1936. L’ignorance du passé…
Avec ce retour à Maurice Thorez, La faute à Diderot entend, très humblement, se rendre utile dans le but avoué et même revendiqué de ne pas compromettre dans « le présent, l’action même ».
Aussi, de la contribution d’Hervé Poly, secrétaire départemental du PCF du Pas-de-Calais, Comprendre Maurice Thorez, c’est comprendre qu’on peut faire l’histoire, à l’article de l’historien Stéphane Sirot, Maurice Thorez, héros communiste sur la fabrication du mythe, en passant par le discours d’octobre 1934 lançant la politique de Front populaire, de l’interview au Times de 1947, aux extraits du témoignage de Giulio Cerreti A l’ombre des deux T, en passant par l’article de Robert Hue, Maurice Thorez, homme d’état et l’article de Lucien Wasselin Déplonger sur les liens entre Aragon et Thorez, La faute à Diderot essaie avec ces quelques pages de contribuer utilement à la célébration des cinquante ans de la disparition de Maurice Thorez.