A Éric Le Lann,
parce que je lui avais promis…
Tous les hommes raisonnables et magnanimes sont du parti de la République ; tous les êtres perfides et corrompus sont de la faction de vos tyrans.
Robespierre
Mais comment pourrais-je, au fond, en vouloir à Maximilien Robespierre ? Tous les arguments sont là. J’ai, naguère, animé une émission de radio et, aussi, écrit un livre sur la question. Et, surtout, j’en ai lu plusieurs. Je les conseillerai, à la fin. Robespierre n’a, peut-être, rien su réellement transmettre. Ses défauts l’ont emporté, au fil des ans, sur la pertinence de ses propos et la qualité de ses actes.
Comme l’a écrit Julien Gracq, Robespierre fut, pourtant, l’un de ces précieux guillotinés de naissance qui nourrissent l’imaginaire de nos vies et agrémentent nos destins.
Après ça, on a tout dit. Restent les rêves, les interdits…
Les dictateurs meurent rarement comme lui.
Et il y a, également, le jeune Saint-Just dont je recommande plus que vivement la lecture des œuvres complètes. Saint-Just fut le meilleur soutien de Robespierre. Certes, son incroyable jeunesse, fragile devant l’impact et les retombées des actions propres à toute vraie révolution, lui a sans aucun doute été fatale.
Mais ses visions, elles, sont intactes. Elles résistent à l’usure du temps.
Alors qu’on célèbre, avec tellement de facilité, Napoléon Bonaparte, Monsieur Thiers et quelques autres aventuriers, autoritaires et meurtriers, on traîne régulièrement dans la boue nos grands empêchés.
Mais j’ai bon espoir, l’Histoire finit toujours par dire la vérité.
Et la République, aujourd’hui menacée, a plus que jamais besoin de ses meilleurs fils.
Je ne souhaite pas, ici, prendre une fois de plus la défense de Maximilien (qu’on me pardonne cette familiarité avec l’Incorruptible), son œuvre complexe demeure inachevée.
Le sang versé me dégoûte, et je n’ai jamais été stalinien ou, même, fasciné par les élans aveugles et purs de certains révolutionnaires.
Ce que je veux, c’est seulement rendre justice et redonner à voir, à lire plutôt et, tout particulièrement, les discours et rapports de Robespierre au Club des Jacobins et à la Convention, ainsi que le fameux texte, auquel il a ardemment contribué, de la Constitution du 24 juin 1793, texte fondateur de notre République, parmi les plus audacieux, n’ayant jamais hélas pu être appliqué.
Mais Robespierre, Saint-Just et leurs alliés ne sont pas morts pour rien. Leur héritage, tout comme celui de Jean-Jacques Rousseau et de quelques autres cœurs inspirés, reste porteur de nobles promesses d’avenir et d’une singulière vérité.
Parmi les ouvrages à dévorer sur place, donc, en dehors du mien que je n’ai pas oublié, et qui propose en annexe le projet de Constitution pour la France de 1793 (Citoyen Robespierre, éditions Bérénice, Paris, 2004), il y en a certains qui méritent une mention spéciale et que j’aimerais citer :
Robespierre, Jean Massin, Club français du livre, Paris, 1956, 1975 ;
Textes choisis de Robespierre, par Jean Poperen, éditions sociales, trois volumes, Paris, 1956, 1974 ;
Études sur Robespierre, Albert Mathiez, éditions sociales, Paris, 1958 ;
Robespierre. Discours et rapports à la Convention, présentés par Marc Bouloiseau, collection 10-18, Paris, 1965, 1988 ;
Robespierre, derniers temps, Jean-Phlippe Domecq, éditions du Seuil, Paris, 1984 ;
Robespierre. Une politique de la philosophie, Georges Labica, Presses universitaires de France, Paris, 1990 ;
L’esprit de la Révolution, Saint-Just, préface de Robert Mandrou, collection 10-18, Paris, 1963, 1988 ;
Œuvres choisies, Saint-Just, introduction de Jean Gratien, avant-propos de Dionys Mascolo, éditions Gallimard, Paris, 1968 ;
Saint-Just. Discours et rapports, présentés par Albert Soboul, Messidor, Paris, 1988 ;
Œuvres complètes, Antoine-Louis de Saint-Just, édition établie et présentée par Anne Kupiec et Miguel Abensour, éditions Gallimard, Paris, 2004.
Cela fait plusieurs milliers de pages sur le sujet, certes, mais cela en dit beaucoup plus long, sur l’une des irremplaçables séquences historiques des siècles récents, que la plupart des mauvais articles parus dans la presse soumise ou les propos fallacieux tenus, ici ou là, par quelques historiens aux ordres ou politiciens réactionnaires.
Je compte bien n’avoir plus rien à ajouter.
Le négationnisme ne passera pas par moi.
Saint-Julien-Molin-Molette, le 17 septembre 2011