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Un nouveau défi
Par Thierry Renard

Les nations modernes ont créé la démocratie, le suffrage universel, le gouvernement parlementaire, la pensée libre. Ne réussiront-elles pas à créer l’ordre de justice et de coopération dans le travail ? Voilà le grand problème, celui qui domine et contient tous les autres. Où est le penseur vraiment libre qui peut croire que la démocratie a achevé son évolution ?
Jean Jaurès, L’Humanité, le 30 décembre 1906

Il y a des tremblements de terre qui forcent la raison. Maintenant que nous avons fait reculé les ténèbres et remis un peu d’espérance au présent, maintenant que la crainte du pire est écartée, il est sans doute temps de nous unir.
N’oublions pas, cependant, que de vieilles ombres peuvent à tout moment ressurgir – et nous regarder droit dans les yeux, en nous fixant sans trembler.

Mais ouf, donc ! La menace Marine Le Pen, telle une flamme, est (provisoirement) éteinte, et la France a un nouveau Président, Emmanuel Macron, que l’on peut féliciter pour son ascension rapide, plutôt inattendue, et à qui l’on peut souhaiter de faire le (bon) choix de la coopération, de la négociation, plutôt que celui de la confrontation, voire de la compétition.
Pour les uns, il est le jeune Président de l’audace et de l’émancipation. Pour les autres, il reste un fervent défenseur du libéralisme le plus effréné.
À nous, citoyens zélés, de mettre à l’épreuve son pragmatisme et de faire pencher son intelligence et son imagination du côté de la justice sociale et de toujours plus d’égalité.

De grands défis nous attendent, nous le savons bien. Et, contrairement aux apparences les plus trompeuses, nous avons un grand besoin d’Europe. Souvenez-vous, mes amis, de ce que Saint-Just disait déjà, en son temps : « Le bonheur est une idée neuve en Europe ». Une idée neuve, oui, bien sûr. Et il y a encore tout un monde à bâtir, à conquérir.

Alors ne laissons pas les passions tristes nous envelopper, et essayons de faire triompher, dans la perspective des futures élections législatives, une radicalité généreuse, humaine.
Rassemblons. Unissons les forces progressistes de ce beau pays. Ne cédons pas à la peur, elle empêche le soleil de briller. Et, j’en suis convaincu, la haine assombrit le cœur et bouche l’horizon. C’est un fait, et c’est un fait têtu.

Une chose m’inquiète, pourtant. Car, cette fois, c’est bien le bouquet, la France Insoumise porte plainte, me semble-t-il, contre le Parti communiste français – juste avant les échéances qui s’annoncent – pour usage de faux. On aurait pu rêver mieux. Quel gâchis !
Comme en 2012, Jean-Luc Mélenchon, plutôt que d’augmenter encore davantage son score du 1er tour des élections présidentielles et de réellement rassembler, pratique aujourd’hui la politique de la terre brûlée. Décidément, il n’entend vraiment pas un jour gouverner, il souhaite plutôt demeurer, à jamais, le leader d’une opposition sans but. Il se trompe de cible et de chemin. Il se trompe tout court.
Et je n’ose pas ici remettre en cause sa sincérité – le bonhomme est lui aussi très intelligent.

Mais nous devons, coûte que coûte, si nous ne voulons pas voir demain périr l’idéal de la gauche sous nos yeux, inventer tous ensemble un futur prometteur.
Et, quand je dis tous ensemble, je veux dire écologistes, socialistes, communistes, insoumis et révoltés de toutes sortes et de tous bords.

Et si nous ne portons pas ailleurs la bataille, si nous ne la menons pas sur le terrain des idées, si nous ne la menons pas réunis, en alliés plutôt qu’en concurrents, sur le terrain de la république sociale, de la république solidaire, nous ne remporterons plus aucune victoire avant longtemps, nous serons balayés devant notre propre porte.

J’en appelle donc à un rassemblement de toutes les forces de gauche afin qu’elles triomphent en juin prochain et qu’elles puissent, à l’avenir, obtenir une majorité à l’Assemblée nationale et influencer véritablement le cours des choses. C’est une réalité possible, surtout si on ajoute les voix qui se sont portées, le 23 avril dernier, sur la candidature de Benoît Hamon et sur celle de Jean-Luc Mélenchon.
Celui qui prendrait le risque de la division, qui ne favoriserait pas cette union devenue vitale, entraînerait tout naturellement avec lui dans sa chute l’ensemble des forces de progrès déjà citées.

Je l’avoue, à l’heure tardive où j’écris ces quelques lignes, la partie est mal engagée et la lutte des places a déjà commencé. Je le regrette en profondeur. Je le regrette avec humilité. Il y a des perspectives qui ne trompent pas.
Mes amis, ne sombrons pas, une nouvelle fois, dans la tourmente, relevons la tête et le défi.

La France en commun ? Mais pourquoi pas.

Vénissieux, mardi 9 mai 2017, avant minuit


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