Je passais par hasard, nouvel album d’Yves Jamait nous replonge dans l’univers si particulier de cet artiste qui possède la force de la culture ouvrière et l’émotion de vivre intensément.
Avec Yves Jamait, la chanson française, populaire, à texte, celle qui vient du ventre, de la terre, des usines, des quartiers, du comptoir et de la rue retrouve voix. Eraillée durablement par les heures passées au zinc, profondément façonnée par l’amour perdu (cherché ?), brisée définitivement après le licenciement économique, la voix ne s’est pas tue. La désindustrialisation, le show-business, la star ac’, la logique commerciale, internet, etc. Rien n’y fait. Elle est là et bien là. Cette voix. Elle boxe, rime et jongle avec les notes de musique. Elle chante l’amour, nous vrille le cœur mais toujours nous réconforte, avec ses airs de java et son rock de toutes les couleurs.
A 38 ans, Jamait quitte l’usine et avec sa prime de licenciement – et celles des autres membres du groupe - finance la réalisation du premier album autoproduit, De verre en vers. Vient ensuite le temps du deuxième album Le Coquelicot. C’est maintenant Je passais par hasard, l’album de la maturité où « Des mains de femme » jusqu’à « Je suis vivant » en passant par « Célibataire », Jamait n’oublie rien, ne regrette rien.
C’est en homme libre que Jamait poursuit sa route artistique, à l’image du coquelicot dont il se réclame, fleur rebelle et indomptable qui peuple les terrains vagues. Enfant de prolo de la région de Dijon élevé par sa mère, s’étant frotté au monde ouvrier durant toute sa jeunesse, il ne s’invente pas.
Jamait, un univers particulier ? Après avoir écouté Yves Jamait, il reste un ton, celui de la rue et des usines. Il y a du Lavilliers chez Jamait, celui du Saint-Etienne populaire, des manufactures, la culture ouvrière, la fierté mais aussi l’âpreté du quotidien et le goût de la vie, des bars, de la nuit et de l’amour.
Sur scène, l’univers du dijonnais devient grandiose et nous rapproche des grands de la chanson : Piaf, Barbara, Brel…
L’artiste ne s’invente pas pour faire guinguette du bord de Marne ou chanteur jazz manouche, à la mode chez les bobos du centre-ville. Non, Jamait créé ce qu’il aime à partir de qui il est, avec ses doutes et son regard actuel. Tout simplement. Et il a raison de refuser d’être classé parmi les chanteurs engagés en ces temps où l’engagement ne serait qu’un supplément d’âme pour artistes qui n’ont plus rien à dire d’eux-mêmes car ils ne possèdent pas la profondeur de cette voix, cette voix qui vient du peuple. Populaire, le terme est galvaudé aujourd’hui. Pourtant, avec jamait, il reprend sa vivacité et sa profondeur. Merci l’artiste !
Nouvel album. Je passais par hasard. Yves Jamait. Wagram label.
Prochaines dates : le 26 octobre aux Docks du Havre, le 27 novembre à l’Espace Julien de Marseille ; le 5 décembre au zénith de Dijon, le 11 décembre au Théâtre sébastopol de Lille.
Site : www.jamait.fr