La guerre rend fou ! Non seulement elle détruit les fondements humains, en exacerbant les haines, mais elle pervertit au plus profond les « penseurs », les « philosophes », les gens à priori les plus censés. Tout le monde se souvient des prestations délirantes de Bernard Henry Lévy à Tripoli. Dès qu’un feu s’allume quelque part, ce dernier enfourche ses dadas pour convoquer les cavaliers de l’apocalypse.

Les mêmes travers qu’en 1914 qui conduisit la Seconde internationale socialiste à quitter le champ de bataille de la paix pour soutenir les impérialismes guerriers et s’abîmer dans la honte, frappent les dirigeants sociaux-démocrates d’aujourd’hui. Les Verts allemands, en passe de devenir des vert de gris, en fourbissant les discours bellicistes et les crédits militaires délirants doivent nous inquiéter.
Mais quand on entend le ministre des Affaires étrangères Lavrov évoquer les prétendues origines juives d’Hitler, l’effroi nous assaille. A quoi cela sert de lancer de telles inepties ? Il y a belle-lurette que les historiens les plus sérieux ont mis au rencard cette théorie fumeuse. Mais quand bien même cela serait vrai, et après ? Cela tordrait le cou au fait que les politiques ne sont pas liées à de prétendues racines, mais bien à des conceptions de l’Homme, de sa place et de son rôle. On ne fait pas une politique en rapport avec de supposés gènes, mais parce que l’on a une conception du monde. « Racialiser » la politique est une erreur fondamentale visant à dédouaner ce qui façonne le monde depuis des millénaires, l’exploitation des hommes par d’autres hommes. L’essentiel des grandes entreprises allemandes durant la persécution des juifs sous Hitler ne se posait pas de problèmes de conscience avec les esclaves qu’elles accueillaient pour mourir sur les chaines et à la production.

Et puis, à propos de cette notion de sang, donc de gènes, il y a des lustres que l’on sait qu’une religion n’est pas génétique, que les êtres humains sont brassés depuis l’origine, que les européens blancs avaient des ancêtres noirs il y a 10 000 ans. Bref que ces affirmations sont des mensonges comme le démontre Shlomo Sand dans son livre « Comment le peuple Juif fut inventé ».

Alors quelle mouche a-t-elle piqué Lavrov ?
S’agissait-il de stigmatiser le président ukrainien qui s’affirme juif ? Mais le serait-il changerait-il quelque chose ? Non, il est à la tête d’un pays que l’Europe considérait comme corrompu et antidémocratique voici moins de 10 ans quand son prédécesseur déposait une demande d’adhésion à l’Europe.

S’agissait-il d’exacerber un nationalisme russe ? Si c’est le cas, c’est pire folie, les nationalismes sont les antichambres des fascismes et aiguisent la haine des peuples entre eux.

Ceux qui emboitent le pas à ces théories fumeuses, font le lit des haines. Le conflit russo-ukrainien ne peut trouver de solutions que dans les négociations. C’est le rôle des diplomates. C’est leur métier. Ce ne sont pas les milliards engloutis dans cette guerre par contumace qui satisfont au besoin des peuples, au contraire, ils manquent à ceux-ci.

Les docteurs Folamour sont au pouvoir partout, c’est aux peuples de s’en débarrasser.

4 mai 2022