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"Les jours heureux sont devant nous"
Philippe Pivion a lu ce livre de Fabien Roussel

Lorsque le comité de rédaction de la Faute à Diderot m’a confié la responsabilité d’écrire quelques mots sur le dernier livre de Fabien Roussel, « Les jours heureux sont devant nous », j’ai été proche de refuser. Comment écrire quelque chose sur un livre politique qui n’est donc ni littéraire, ni historique ? Une gageure. Et puis je me suis emparé de l’ouvrage et m’y suis immergé.

Fabien Roussel a de l’ambition, pas tant pour lui que pour le Parti communiste français et c’est heureux. La France a besoin de renouveau, de réponses aux crises qui la mettent à genoux, et les Français ont besoin d’une perspective, de reprendre confiance, de conjurer ce qui parait inéluctable.

Fabien Roussel manie la plume comme il joue du langage, avec une facilité apparente (en fait qui demande beaucoup de travail) ce qui donne un texte proche de l’oralité qui se lit avec aisance. Ce texte couvre la période des douze mois de campagne électorale pour les présidentielles et les deux mois qui suivirent. Que d’espoir et que de batailles. Certes une déception, importante, mais une voie est tracée, il la poursuit.

Au cours des chapitres, il démontre avec des mots simples les méfaits de la société capitaliste. Une catastrophe planétaire, des conséquences en cascades, des points de non-retours sont proches d’être dépassés. Je regrette personnellement que Fabien Roussel ne reprenne pas l’idée que « le capitalisme n’a rien à fiche de la vie humaine », qu’on trouve dans un article d’Éric le Lann sur ce site (Communisme : l’humanité en marche). L’aborder sous cet angle est un raccourci saisissant qui permet rapidement de mieux comprendre les dégâts écologiques, la crise hospitalière, celle des Ehpad, les guerres, etc…, cela va plus facilement que d’affirmer à juste titre que la finalité du capitalisme est le profit. Cela étant, il n’y a rien à dire sur la démonstration.

"Ce livre est presque un vade-mecum de l’élu et du militant"

Nous apprenons beaucoup également sur les rapports entre les différentes parties de la gauche et de la Nupes. Couleuvres avalées, volonté hégémonique, tout est dit simplement avec des regrets mais en projetant ces avatars dans le champ politique. Oui, dire les choses simplement clarifie le débat et aide à comprendre.
D’ailleurs la question de la compréhension est parfaitement maitrisée. Fabien Roussel nous parle de ses permanences dans sa bonne ville de Saint Amand les Eaux où il rencontre des citoyennes et citoyens qui lui parlent avec le langage de la rue et du peuple. Foin de fioritures, il dénonce un problème de taille : partir de ce que les gens ont en tête plutôt que de matraquer des axiomes et vérités qui ne franchirons pas le seuil de l’écoute puisqu’il n’y a pas de réponse à la question qui taraude la femme ou l’homme en face de soi. C’est une analyse simple mais tellement vraie. C’est d’ailleurs la marque de fabrique de Fabien Roussel, le parler vrai. Cela me faisait penser à cette anecdote ancienne où je prenais la parole dans un bureau devant les personnels et vantais les mérites du Programme commun. Une petite dame m’avait alors envoyé à la figure : « Oui c’est bien beau tout ça, mais le carreau cassé qui nous met dans les courants d’air tu t’en occupes quand, Philippe ? ». Ce sont des vérités toujours bonnes à être entendues. Parlons du concret et de la vie pour apporter nos réponses.

De même les questions relatives à la montée du Rassemblement national ne sont pas traitées sans être déconnectées des millions d’abstentionnistes qui ne croient plus en la politique et qui arrangent bien les affaires de la droite et de son extrême. C’est même une question jugée fondamentale pour Fabien Roussel et il apporte des réponses liées à l’aptitude des communistes à retisser les liens avec la population. Ce livre est presque un vade-mecum de l’élu et du militant. Comment ne pas se couper des gens ? Les permanences, les points de rencontres, toutes ces règles avec lesquelles parfois pour de multiples raisons (toujours bonnes) certains ont pris du champ. C’est dire si Les jours heureux sont devant nous est un ouvrage foisonnant, sorte de suivi journalistique, d’analyse et de réponse à une foule d’interrogation. Il y a du tonus, de l’énergie à revendre (la question de la revente de l’électricité par EDF est d’une clarté confondante) dans ce livre militant. Ecrit avant la pantalonnade du Conseil constitutionnel sur la loi portant la retraite à 64 ans, il donne déjà à comprendre pourquoi Macron se cramponne à ses certitudes en jouant tous les registres d’une république à bout de souffle qu’il y a urgence à revitaliser par les luttes, par la démocratie, par l’invention d’une nouvelle constitution.
Les jours heureux sont devant nous, un livre militant, utile et salutaire.

Les Jours heureux sont devant nous de Fabien Roussel au Cherche midi 14,90 euro


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